( topic commun ) feu de camp.

y’a la petite soeur qui a tout fait pour pouvoir venir ce soir. puis elle l’a supplié, même s’il a mal au pied de sa danse de la veille. et il a accepté azur, entre deux coups de téléphone. sauf qu’il avait un rendez vous avec un reseller, azur, autre chose à faire. puis pas grave, parce que ça la fait sortir avec d’autres gens que ses dissidents, ses "h.d.c. hors du commun, tu capte ?"
calèche enfin arrivée à destination, parce que le feu ça se voit de loin, l’ange fait descendre la princesse qui s’envole presque avant lui, presque plus haut. les ailes fatiguent ce soir, et en un vol d’épuisement la voix de sa sœur murmurant un c’est qui le brun, là bas ?
les yeux vitreux cherchent, fouillent, dérangent les lieux du regard, cherchant le prétendant de la fille, de crystal.
juste là, putain, le mec tatoué. nox, qu’il pense directement, nox qui lui vient à la tête et nox sur qui il vient poser finalement ses deux iris à moitié brisés, fatigue intemporelle se transformant en noirceur symbolique, comme une sensation d’appui sur ses tempes lui provoquant instantanément une migraine.
petite soeur presque jamais à la maison, azur il a toujours tout fait pour l’écarter du groupe de copain. parce que petite fleur a dix-sept ans, petite soeur n’a pas besoin de rencontrer les copains de l’ange, parce que l’ange vole seul aux yeux du monde, coeur offert en présent à une Heure au cœur déjà dévoré, déchiqueté par nox, par lui, par tout son être. cannibalisme amoureux dont azur était simple témoin, la vue de l’infâme personnage lui trouble la vision.
la petite soeur s’en va piquer dans le punch, et l’ange bleu accélère en direction du cerbère, en voyant la scène d’attaque féroce envers la fille de l’autre soir, envers remie. puis y’a des cris, azur se prend le pied dans une branche et tombe, puis se relève aussitôt pour courir vers elle, dépassant un bonhomme nu, peinture pré-raphaëlite ou âme éméchée, qu’il se demande dans sa course effrénée.
puis il l’attrape, la plaque presque et s’assoit, essoufflé. ça va, toi? qu’il lui demande, les mains se familiarisant avec la terre sèche, similaire à une poussière couleur écorce qui se faufilerait sous ses ongles vitesse lumière.
et il tourne la tête, les yeux rencontrent ceux de l’autre, à qui il adresse un simple hochement de tête, fausse amitié qu’il se tient d’entretenir, accès à une demoiselle qui nécessite d’être délivrée. mais les ailes de l’ange sont fatiguées, et le bouclier inexistant.
azur reste là, à jouer avec des brindilles.

Citation :

-tomber devant tout le monde

@remie banks @nox lacroix @semyon kozlov

T’as chigné un brin quand l’padre d’Rory t’a quémandé d’garder un œil sur sa princesse bien-aimée lors d’la soirée près du lac qui s’donne à crescent. Requête qu’a ridiculement rien à voir avec les affaires, l’genre qu’t’aurais r'fusé, majeur dressé, si tu t’étais pas auto implanté c’te vendetta qu’t’arrives pas à t’sortir du crâne. T’as fini par accepter. Pas d’bon cœur, mais tu t’es dit que c’tait p’t’être la seule chance qu’t’aurais d’te rapprocher d’son bébé pour, ensuite, la bousiller. Elle et tous les Raynes de c’monde.

C’est les mains dans les poches et les traits d’jà tendus qu’tu déboules près du feu d’camp, gamine qui t’talonne alors qu’tu t’stoppes net, tes pupilles qui s’dilatent en observant la scène. Et, là, t’piges rien. Y a des gens. Trop d’gens. Partout. Ça gueule, ça court, ça tombe. Ça joue avec les marshmallows, ça s’promène à poil, ça s’dispute. Et y a toi, debout, face à c’cirque, c’te cours d’récréation d'jardin d’enfants. Ça t’étourdis, tu tangues, presque. Tu pivotes l’menton vers Rory, le r’gard sévère, c’lui qui veut tout dire. T’resteras pas bien longtemps ici. Des terrains d’jeux, y en a dans tous les parcs si les mioches veulent s’amuser à s’tirer les ch’veux et s’lancer d’la bouffe. T’as pas assez d’poudre dans l’nez pour t’en foutre, ni assez d’litre d’alcool d’ingurgité pour trouver ça amusant. Y a quand même c’débile d’délateur qu’tu r’connais, au loin. Fils de pute.

Tu grognes en croisant les bras contre ton torse, pas tell’ment enchanté à l’idée d’jouer les chap’rons, mais t’as pas l’choix d’lui obéir, au padre Raynes si, un jour, t’veux rendre justice à ta défunte mère. Surtout qu’c’est pas l’genre d’mission qu’il confierait à n’importe lequel d’ses hommes, tu l’sais, t’as d’la chance d’l’avoir d’jà dans la poche, l’vieux. C’plus qu’une question d’temps, Miller, qu’tu t’répètes, histoire d’t’encourager et d’pas merder sous l’coup d’l’impulsivité.

— J’ai b’soin d’boire.
Japp’ment qu’tu tentes même pas d’dissimuler à la blonde. Tu t’trouveras un coin tranquille pour t’poudrer l’nez t’à l’heure, pour t’refaire une p’tite beauté. C’est soit ça où t’les découpes tous en p’tits morceaux, les uns après les autres, pour foutre leurs membres dans des bocaux d’formol. Ça f’ra une belle décoration dans la chambre d’Rory.
— T’veux que’que chose, princesse? Genre, un jus d’fruits?
Qu’elle s’magne avant qu’tes phalanges fassent la rencontre d’une mâchoire. Ou deux. Ou trois. Ou…

@rory raynes

La connasse blonde s’envole avant même qu’il ait pu atteindre ses mèches de lune, les serrer entre ses doigts pour lui en arracher quelques unes, un présent éphémère qui n’aurait fait qu’amplifier sa colère, poison sillonnant toujours à l’orée de sa peau, une étincelle de feu suffirait à le faire imploser. Sa main passe dans des cheveux où la poussière d’une guimauve cramée s’est échoué. Il se dégage de la saleté qu’elle a laissé derrière elle, tout en cherchant la fille perdue de la bibliothèque, vite oubliée et fondue dans les ombres, elle s’est sûrement fait avaler entre d’autres bras qui veulent bien de corps banales. Sa tête se détourne alors qu’il intercepte des têtes connues et méconnues, semble être un corps trop sombre dans un lieu où l’orange d’un feu lèche les peaux d’êtres affamés d’amusements. Il en a oublié la saveur, juvénile insouciance brisée sous les cadavres de ses erreurs et de ses souffrances. Son esprit est rempli de millions de choses alors qu’il laisse toujours son regard glisser çà et là, se demandant bien ce qu’il fout encore là, ayant perdu sa compagne insipide, aux mots emmêlés et sans intérêts. Un prince traversant la foule, il y cherche un coeur à attraper et à exploser ou bien la sortie si rien ne passe sous ses doigts, s’arrête, se fige, quand ses yeux tombent sur un corps fracassé, une blondeur qui pourrait se confondre avec une autre, des yeux d’un bleu d’océan à qui il sourit effrontément, jouant toujours avec les nerfs mis à découvert d’Azur. Azur et son nom d’ailleurs, Azur et ses sentiments de gamin qu’il aime mépriser et écraser en espérant qu’il n’ait plus rien à la fin. Possessivité malsaine qu’il le prend aux tripes. Brutalement, elle manque à son espace. Ca l’enrage. Le reste passe si vite que le rire cruel qu’il aurait pu lâcher se bloque au fond de sa gorge. Azur s’étale au sol, relève, court, vol jusqu’à la chieuse dont il ignore le nom. Nox qui lève les yeux au ciel, entame un jeu de regards avec un ange qu’il voit pourtant comme un démon aussi noir que lui, répond, toute habillé d’arrogance, à son salut avant de se détourner, laissant les cendres de leur amitié passé se jeter dans les flammes qui les séparent.

L’air extèrieur l’étouffe soudainement, une erreur d’être venu s’foutre ici, comme si il était capable de respirer le même air que les autres et d’y évoluer en se calquant sur leurs pas. Ce n’est pas à lui de suivre le sens de l’univers mais le contraire. Le crâne dans un étau, il passe et repasse une main nerveuse dans ses mèches sombres, l’excuse d’y trouver les restes de la connerie d’une gamine vite avalée par la foule. A la place il attrape un spectre parmi les centaines de visages déjà présents, pense que ce ne sont ses chimères qui se mêlent à sa laide réalité, intercepte bien trop rapidement la silhouette commune qui l’accompagne. Sève de haine qui se propulse à travers son armure de peau esquintée. Nox qui hésite à se décrocher  d’une Rory qui cherche sûrement encore les regards et l’attention pour s’en nourrir. Dans un soupir lourd de toutes les insultes qu’il a envie de cracher, de tous les poings qu’il ne lâchera pas dans la gueule du clebs sur laquelle elle glisse ses doigts, araignées pâles remontant la peau dévoilée. Il lui coupera les doigts la prochaine fois, à défauts de lui laisser lui faire pleurer les veines. Sa main coupable qui aurait pu trembler de la rage qu’il sent s’éveiller en lui s’enroule en serpent vicieux autour de son bras trop fin, se fiche bien des pilules de paradis qu’elle a au creux de sa main. Son regard noir de sa frénésie profonde glisse sur le type qui l’accompagne, un chien parmi d’autres à qui il n’adresse que son silence. Sa poigne est trop forte sur elle, donne l’ordre muet qu’elle arrête ses conneries, tout comme ses lèvres qu’il dépose tout près de son oreille, aucun besoin de coller sa langue à la sienne pour cracher son venin sur elle. C’est lentement qu’il desserre ses doigts de son bras où sera tatouée sa rage pour quelques temps, pincement futile au myocarde de l’avoir abîmé avant de délaisser les maigres remords qui lui circulent parfois dans la tête. “J’interromps quelque chose ?” son regard revient vers celui dont l’obsidienne des prunelles l’attire un instant, le bloque, le fige et s’installe en intrus.

Spoiler:

- Sors un peu, Taylor, un an que t'es là et personne ne connait ton prénom.
- Va chier.
- Ceci explique cela.
- Toi aussi, va chier.

Reed Taylor dans toute sa splendeur.
Malgré tout, te voilà présent à cette fête dans ton jean et ton t-shirt, l'arme planquée sous ta veste en cuir et la gueule toujours aussi avenante. Tu ne bois pas. Tu n'aimes pas l'eau. Tu n'aimes pas tellement les gens non plus. On se demande bien ce que tu fais là. Peut-être que tu t'attends à tomber sur des collègues que tu pourrais tourmenter, niquant leur soirée comme ils ont niqué la tienne en te harcelant pour que tu viennes jusqu'ici. Peut-être aussi que, si tu n'étais pas venu, ils auraient recommencé encore et encore, avec toutes les autres soirées à venir, prétendant vouloir te sortir de ton asociabilité. En définitive, accepter de faire une apparition était le seul moyen de ne plus avoir à subir ce genre de cacophonie déplaisante. Une soirée pour marquer le coup et tu ne viendras plus jamais ; quitte à plomber l'ambiance une fois de plus. Si cela peut t'assurer que l'envie leur passe de t'inviter ...

- Personne ne m'avait dit qu'il s'agissait d'une boom pour adolescents. Tu te penches à l'oreille de ton voisin, légèrement en retrait de la fête, observant les conneries qui s'y passent et les quelques visages que tu connais, certains tout droit sortis des dossiers de suspects sur tes affaires en cours. Un coca à la main, l'air nonchalant, parfaitement détaché. Tu n'es pas en service, ce soir. Or, quand tu n'es pas en service, tu n'es plus qu'un con qui s'en branle royalement. Tu n'aurais aucun prétexte à les arrêter ce soir, de toute façon, alors à quoi bon ? On parle de toi comme d'une tête brûlée mais tu n'es pas con à ce point.

Tu t’fais chier, y a pas à dire. Soirée d’gamins, tous plus écervelés les uns qu’les autres et la blonde qu’t’accompagnes fait pas exception à la règle. T’aurais préféré une vraie mission, faut croire qu’a l’padre qui teste ta confiance en t’laissant seul avec sa fille chérie. Tu l’aurais d’jà planté là si tu d’vais pas la ram’ner chez elle après la soirée. Putain d’merde!
— Généralement, il vous choisit plus perspicaces.
T’bronches pas lorsqu’elle t’détaille, p’tite connasse qu’a un mot à dire pour t’faire perdre ta place auprès du paternel et, ainsi, foutre en l’air ta p’tite vendetta. Faudra qu’tu t’montres plus coopératif pour avoir Rory dans la poche, elle aussi et c’est surement pas en lui offrant un jus d’fruits qu’t’apaisera sa soif insatiable.

T’suis ses prunelles qui s’braquent sur une silhouette en particulier, celle qu’t’arrives pas à r’pérer, expression presque imperceptible, mais, toi, on t’dupe pas aussi aisément. Elle avait l’même regard qu’la p’tite Rory quand elle osait t’observer d’loin, toi qu’a su l’aimer uniqu’ment lorsqu’son cœur a cessé d’battre, cadavre emporté par la faucheuse.
— Tiens, c'est bon pour ce que tu as.
Comprimés pigmentés qu’elle t’tend, paume ouverte, sourcil arqué, peu impressionnant quand on sait c’que tu caches dans l’fond d’ta poche. C’pas pour autant qu’t’hésites à effleurer son épiderme pour t’emparer d’un des cachets offert sur un plateau d’argent. Langue qui s’enroule autour d’l’échappatoire avant d’l’avaler.
— Et ça mérite davantage qu'un jus de fruits.
Léger sourire qui t’pend aux lèvres à sa réflexion alors qu’a ses doigts qui glissent contre ta peau. On pourrait t’couper la tête rien qu’pour ça, pour flirter avec la princesse du padre Raynes. Mais y a autant d’chance qu’tu t’prennes une balle entre les deux yeux quand t’auras, enfin, fait disparaître c’te boule d’rage dans l’bide qu’t’arrives pas à calmer.

Corps qui s’courbe légèrement vers l’avant, lippes qui frôlent sa chair avant d’murmurer, dans l’creux d’son oreille.
— C’est l’quel qui t’fait sourciller, princesse, qu’je l’bute?
Ou lesquels. Tu te r’cules, œillade qu’tu lances vers la blonde avant d’pencher ta tête vers son p’tit ami qui s’joint à la partie. R’gard qu’tu soutiens, réprimant un rire carnassier qu’lui déchirerait les tympans. Pauvre jeunesse, à quoi bon s’faire chier pour une mioche débilement r’tardé alors qu’a des femmes qui savent comment charger un flingue. T’aurais d’jà abandonné l’staring contest s’il s’agissait pas d’ta clef pour venger ta famille.
— J’interromps quelque chose ?
— C’est lui? Rory… t’as rien trouvé d’mieux?
T’pinces les lèvres, yeux qui s’lèvent au ciel. Pas b’soin d’le tuer, elle-même s’rait capable d’le faire. T’fais un pas vers l’avant, t’éloignant légèrement du duo d’adolescents.
— J’vais nous chercher à boire.

@rory raynes, @nox lacroix

Il ne rétorque rien à sa provocation minime, coup de griffe anodin contre l'épiderme. Comme les autres avant lui. Tous les mêmes, chiens de garde bien dressés désireux de gravir les échelons, mignons du grand Raynes corvéables à merci, vite usagés, vite remplacés, vite oubliés. Peut-être qu'elle se fourvoie, Rory qui essaye de forcer le destin, de profiter de la présence de Mads pour en électriser un autre. Peut-être que la sensation entêtante du danger qui le nimbe n'est qu'un mirage créé par elle et pour elle, pour combler un peu la fadeur de son existence monochrome. Peut-être, et ce n'est pas grave, elle a la soirée pour le découvrir, la môme désaxée attirée seulement par la noirceur pétrole, le pourpre et le soufre. Malgré les fantaisies de sa mère, convaincue qu'un thérapeute saurait transformer une enfant fataliste en friandise rose bonbon, Rory n'est jamais devenue de ces filles exemplaires, qui déploient leurs charmes solaires et s'épuisent en sourires. Elle sait le prétendre, oui, reine des masques étroits et des jeux d'ego, mais il n'y a que le pire qui l'attire, que les pires, pour coudre de ténèbres son âme effilochée. Ro s'ennuie déjà de cette fête édulcorée, de cette facilité étalée, elle qui aime quand ça fait mal, quand ça donne l'impression à son trou noir qu'il n'est pas aussi vivant, présent, palpitant sous sa peau. Alors elle décide d'ouvrir Mads de haut en bas pour la laisser cueillir ses fêlures. Le cachet comme offrande pour exploser ses digues glisse sereinement entre ses lèvres à lui, et elle esquisse un demi-sourire de Joconde. Imperceptible, indéchiffrable, sans pour autant cesser de le dévisager de son regard pesant, jamais privé de jugements et d'une pointe de dédain aussi brûlante que l'acide. Mads et son mystère éphémère n'empêchent pourtant pas Nox de se graver contre ses iris polaires. Contre son gré. Rory tique, la question du chien de garde sonnant comme un soufflet. Un rappel de tout ce à quoi elle a échoué : feindre l'indifférence placide comme attacher Nox à elle par les liens des grands éclats hystériques et du sexe débridé. Elle se ressaisit immédiatement, détourne le regard pour sonder Mads, prunelles réprobatrices soucieuses de lui faire ravaler sa question. A la place, elle consent à y répondre, impératrice lapidaire. Aucune importance, il est déjà mort. La môme sibylline laisse planer un silence à la gravité solennelle, Cassandre de pacotille aux syllabes prophéties. Rien ne cille sur son visage de poupée, marbre diaphane aux veines aussi bleues que ses opales profondes. Lac aux abysses insondables. Difficile de savoir si elle profère une menace doucereuse, un présage limpide venu d'outre-tombe ou énonce un fait anecdotique avec son calme de façade, la glace érigée en société qui ne résiste jamais au brasier de l'intimité, au feu qu'il est le seul à savoir attiser en elle, aussi aisément. Digne et fière, parfaite petite conne ravie de te traiter comme un étron sous ses pompes à trois mille balles, Rory n'a jamais versé une larme, avant lui. Jamais haussé la voix autrement qu'en un fouet dédaigneux au timbre mesuré, avant lui. Lui qui fout en l'air sa mécanique interne de ses phalanges indélicates.
Lui qui les rejoint comme si c'était sa foutue place, comme s'il n'avait pas décliné son invitation pour flirter avec une énième fille insipide sans réaliser que c'était vain, que ça repoussait seulement l'évidence. Nox aux rétines cramées de rage s'immisce là où il n'est pas invité, roi de pacotille, et Rory frémit, s'abandonne à un plaisir malsain lorsque sa poigne vient imprimer sa peau. Elle ne pense qu'à ça, ses lèvres poison contre sa nuque, les tenailles autour de son épiderme et oublie le plus important, le paradoxe à l'intérieur, la grande inconnue. Elle ignore si elle est satisfaite qu'il soit là, Hadès à genoux alors que mûrit l'été pour sa reine ... ou si elle est agacée de cette intrusion qui coupe court à une prédation à peine entamée. A ses opales scalpel qu'elle entendait bien faire courir le long de la jugulaire de Mads, jusqu'à lui faire cracher tripes et palpitant entre ses phalanges câlines.  Pas du tout chaton, nous avons toute la nuit pour poursuivre. N'est-ce pas, Mads ? glisse Rory de son timbre de miel pour qui surprend quelques syllabes, mais capable de se muer en fiel pour le destinataire de ses mots comme autant de flèches. Nox abandonne son bras et distraitement, la pulpe de ses doigts vient caresser l'empreinte endolorie qu'il laisse derrière lui, tatouage éphémère qu'elle rêverait d'arborer jusqu'à la fin. Finalement, tu es venu te doper à la médiocrité ambiante ? qu'elle raille l'air de rien, feignant l'indifférence sous ses allures d'allumeuse pour dissimuler le reproche sous-jacent. Elle est trop sobre pour exploser, trop peu encline à lui offrir une nouvelle preuve de son emprise, surtout. Ce soir, c'est au creux d'une autre aura corbeau qu'elle entend se lover. Sauf que celle-ci s'élève, suffisamment pour délier la langue de la blonde, beaucoup trop rapidement, tranchante comme une lame. Rory devrait être satisfaite de voir Mads entrer aussi facilement dans ses danses, elle devrait réduire la distance entre eux, en savourer la tension insidieuse, calquer ses hanches graciles contre les siennes et le frôler l'air de rien, juste pour imaginer Nox sombrer dans le Styx et s'y noyer. Juste pour mieux respirer, lorsque lui s'étouffera. Sauf que non. Elle est ambivalente Ro, trahie par elle-même, réduite à écorner l'ego de Mads à qui personne n'a demandé son avis. Elle est la seule, à jouir du droit de déchiqueter l'ego de Nox à coups de canines. Point. Au moins, lui respire encore. Tu ne peux pas en dire autant. Elle esquisse l'ombre d'un sourire supérieur, malgré la douceur cotonneuse de ses mots. Elle a entendu papa l'évoquer au détour d'une conversation, comme si c'était un fait d'arme, un truc à valoriser. Il a enterré sa nana. Rory, elle ne voit pas le problème, convaincue que tout serait plus facile si Nox était six pieds sous terre, lui aussi. Elle n'aurait qu'à déambuler entre la beauté des pierres tombales, éternelle veuve hallucinée à l'amour firmament et non pas lesté de tout ce qui les ensuque.
Mads bat en retraite, part chercher à boire et Rory ne le quitte pas des yeux, imprimant contre sa rétine sa silhouette d'éphèbe, l'intimant de revenir en silence, par le seul pouvoir de ses opales contre ses clavicules. Elle pose ses prunelles orageuses partout, sauf sur Nox. C'est encore sa faute, si rien ne se passe comme elle le désirait. Si Mads ne la laissera plus approcher, encore moins étancher sa soif de lui, de sa violence et de ce qui fait mal. C'est bon, il est parti, tu peux retourner à ta soirée minable. Les mots doux crachés comme un ordre, ou l'ordre susurré comme des mots doux, elle ne sait plus. Ce qu'elle sait en revanche, c'est qu'elle est frustrée. Pourtant son plan initial a marché, le bellâtre a servi d'appât à son amour. Mais ça ne suffit pas. A la fin, le constat est toujours aussi amer. C'est Nox qui gagne, Nox qui prend quand ça l'arrange, jette le reste du temps pour s'éprendre d'autres corps plus faciles, plus futiles. Et surtout, Nox qui la laisse sur sa faim, elle sur le point d'explorer de nouvelles contrées sauvages aux prunelles acier, Pygmalion désireuse de transformer d'autres brouillons en oeuvre d'art. En lui. Mais un lui tout acquis, rien qu'à elle.