despicable (clydie)

Les poches pleines de tes merdes, les dents serrées, la capuche enfoncée sur la tête. Tu serres tellement ta mâchoire que ça goûte un peu le sang. Ton corps raide, celui que les flics materons d'un air louche, les chiens, et tes envies de leur cracher à la gueule massacrer leurs belles bagnoles blanches comme ton cul. Faut vendre, faut vivre, des addictions des autres, des petites magouilles, parce que t'es pas assez reluisant, toi, pour en faire autrement. T'es pas un oiseau de proie, t'es la proie, la petite souris qui c'était prise pour un beau gros rat de ruelle, de ceux à qui il manque des bouts d'oreille et dont les morsures, pleines de maladies, foutent la trouille ultime.

Les clients, les accrocs, les putes, les ados, la crasse qui se défonce pour oublier la noirceur de la vie. Tu leurs vends des cachets d'espoirs et de la poudre de rêve. De quoi voler un peu avant de retomber en pleine gueule quand la gravité reviens. T'es un magicien dans le noir, change les sachets en billets qui viennent remplir tes poches. Change la rage et le manque en merci et sourire niais. Tu les fais tombés amoureux de tes diables, dans la nuit un peu froide d'été. Être illusionniste, ça épuise. Mal aux tempes d'avoir trop serré tes crocs. Il en reste un, un que tu gardes souvent pour la fin, tu sais pas trop pourquoi.

Enfin, tu veux pas savoir. Mais tu sais.

C'est quelque chose, quelque part, loin, enfoui, entre rêve et réalité. Entre ''est-ce réellement arrivé''. Coincé sous la montagne de fierté de demander ce qui s'est vraiment passé. Jimmy. C’est son nom, même si parfois il répond pas quand tu l’interpelle. Avant c'était cool. Maintenant c'est un peu weird. Depuis cette soirée, c'est étrange. Vous étiez fucking défoncés, comme deux bons associés dans vos merdiers. Ta soirée avait été un fromage suisse, avec beaucoup, plein, trop de trous. Comme un mot mystère d’événements flous. Blackouts. Il manque des infos du point A au point W. Il manque des conneries. De verre à coke, aux rires dans les toilettes, au bar qui ferme, à tes poings en sang, à plus de rires, plus de conneries, des jolies filles, un after, quelque chose qui embrouille encore plus la vue, des clopes, un trou noir et le lendemain. Toi, seul, dans ton lit. Des relents de quelqu'un d'autre, pas certain si c'était pas que des rêves et puis son attitude qui avait changé, son petit sourire en coin. T'as jamais demandé et tu ne demanderais. Tu demanderais ça comment. Dis-moi l'autre fois, on a été pédale ensemble ou c'était qu'un rêve de ma cervelle défoncée, mais j'rêve pas de ta bite, non, non lilol, sinon t'as quoi comme saveur de slush ? Non. Tu fermais ta putain de gueule et tu ne saurais jamais c'était quoi ce truc étrange qui c'était installé et qui était là. Tu l'ignorais. Si tu l'ignorais, ça finirait par partir, non ? Comme une maladie qui fini par passer. Ça passerait.

Te faufilant entre les arcades et les gens jusqu'au stand de Jimmy. Tu lui adresses un hochement de tête, regarde autour, un autre hochement vers l'extérieur.

« Yo. Tu prend une pause qu'on s'grille une clope ? » Et qu'on parle business. Mais t'as pas besoin de le dire, il le sait, il connait le deal. Quelques signes de tête plus tard, tu te diriges vers la sortie, il te suis, pas besoin de lui tenir la main pour ça quand même, lui tiens simplement la porte qui se referme dans un claquement vous laissant seuls dans la nuits. Deux mouvements plus tard, t'as une clope allumée entre les dents. « Alors, t'as besoin de quoi ? » Que tu lui lances, prêt à satisfaire ses désirs. Ou plutôt, ceux de ses clients, dans votre petit deal de revente de vente. D'ailleurs il t'a pas donné ta cote sur la dernière fois. Il doit plus rien avoir là, de toute, non ?