› identité: levi holmgren. (plutôt banal, le son suédois est presque subtil, on le cherche encore parfois)
› âge, date de naissance: 24 ans, né en 1994. (ce qui rappelle cette vingtaine dépassée, fait qu'il exècre excessivement)
› signe astrologique: gémeaux. (la dualité, l'instabilité. non qu'il y accorde trop d'importance)
› lieu de naissance, origines: la suède. (petit village au nom peu prononcé, dans un froid étouffant)
› emploi, études: cogneur. (non, pas vraiment, il n'a pas de force brute démesurée qu'il peut écraser contre des victimes sans nom, il est plutôt organisateur, piégeur, traqueur.) (il ne sait plus quand tout a commencé ... il y deux ans? trois? dix? une éternité.)
› orientation sexuelle: hétérosexuel. (surtout la fille, celle de sa vie, la bien aimée qui ne se laisse aimer)
› statut civil: seul.
› traits de caractère: occupé. (toujours du travail, toujours un truc flou, pas saint) --
violent. (son métier, le regard, les poings qui se ferment, la mâchoire qui se contracte, les mots qui éclatent contre les murs, les coups qu'il retient. faussement violent, dirait-
elle) --
confiant. (beau parleur, force les sourires, "charisme de leader,,) --
perdu. (la vérité) --
paradoxal. (jamais les choix qui concordent, qui fonctionnent à l'unissons) --
impulsif. (toujours sur un coup de tête, toujours sur le vif) --
s o l i t a i r e. (contre son gré? les foules sont d'un ennui. il aime la compagnie, pas tant l'entourage) --
gris. (insipide? "la vie est un film en n&b,,. peu de gens sauraient donner un avis non biaisé sur Levi et sa personnalité qu'
elle dit clichée)
( la tête tournée vers les étoiles )Il semblerait que la fuite se soit engagée après un échange peu cocasse, assez banal, surtout lorsqu’il s’agit une famille attablée pour le dîner.
« Passe-moi le sel. »
« Non. »
« Je parlais à Sasha. »
« Tiens Levi. »
« Merci. »Roulement d’yeux. Silence des parents. Le bruit des fourchettes contre les assiettes en porcelaine. Et le jour d’après, plus rien. Seule l’enfant dernière se promène dans la maison désertée où ne vivent plus qu’une mère et son chien mourant. Le père a pris le large et n’est pas revenu depuis presque 4 ans maintenant mais personne n’en parle – c’est ça qui froisse Levi, ce silence dans la demeure familiale. Quelle famille ? Il n’y avait que Sasha qui comptait et s’obstinait, que lui pour tirer les bras ballants de ces relations silencieuses. Levi a dit à Sasha qu’il partait. Sasha a répondu qu’il venait avec lui. Ce n’était pas pour Stockholm ou quelconque autre ville suédoise à quelques heures de là – c’était pour un ailleurs continental, une fuite de l’Europe, un départ pour les États-Unis.
Sasha avait pris Josie – leur sœur – dans ses bras pendant très longtemps avant de se décider à s’en aller dans la nuit. Josie avait beaucoup pleuré – Sasha et elle étaient si proches, ils s’aimaient aussi fort qu’un frère et sa sœur peuvent s’aimer. Levi n’aimait que peu, il attendait dans la voiture.
« On ne reviendra pas. »
« Ce sont des Adieux. »
« Voilà. »(Et le silence se prolongea une éternité.)
« Regarde »
« Elle dort. »
« Sasha ? »
« Il faut s’en aller. »
« Bientôt. »
« Après. »Le manteau en cuir sur les épaules, il écrase sa cigarette. Levi fume par habitude – il n’aime ni le goût ni les effets secondaires. Il ne voudrait pas mourir des poumons pour une habitude. Il arrêtera. Ce soir, il est anxieux. La proie est malingre et maligne. La proie est jeune – c’est une fille. Elle est dans son lit. Sasha a désactivé les alarmes. Il a fait ce qu’on lui a demandé, ce que l’employeur veut. Se faufiler la nuit, faire peur, repartir. Il y a toujours deux ou trois gars avec Levi – souvent appartenant à l’employeur. Levi déteste ça – surtout pour ce genre de tâche.
Dans la chambre, ils pénètrent. Le plan n’a rien d’extravagant, ils l’exécutent. Vient l’étape où l’on doit tirer par les pieds et frapper au sol le corps menu – mais lorsqu’on tire, c’est un corps inanimé, une poupée grandeur nature qui s’écrase mollement contre le sol tapissé.
« Hi Levi. We’re waiting for you in the car. Over & out. »La communication grésille. Une voix féminine résonne. Chacun se tourne vers Levi.
Il faut courir, il faut s’en aller, sauter dans la voiture, disparaître.
« Sasha ? »
« Levi, il faut s’en aller. »Dans la voiture, la fille dort sur la banquette arrière. Elle y restera à jamais, sur cette banquette. Sa banquette.
(Regarde, elle dort.)
Elle n’était pas si forte qu’elle voulait le faire croire. On l’entendait pleurer, parfois, la nuit, dans les motels, dans les toilettes, entre deux arrêts. Rusée. Dotée de cette intelligence qui maudit l’existence. Elle insufflait sa présence en tout lieu, en toute chose – la voiture, les manteaux de Levi, les pulls longs de Sasha, les cigarettes qu’elle glissait entre ses lèvres sans y mettre la flamme. Le studio d’aujourd’hui aussi, il pue son odeur et il y traîne ses affaires.
On tombait amoureux d’elle comme on tombait de son vélo ; c’était inattendu, à la voix violent et délicieux, on en riait et on en rirait. Puis on pleurait à la vue des écorchures – mais on n’attendait que la cicatrisation pour s’y jeter de nouveau, pour s’acharner, pour se tuer contre le cœur.
« Je veux mourir, Levi. »
« Meurs. »
« Qu’est-ce qu’il m’arrive ? »
« Tu es trop poésie. Pas assez réalité. »
« Où est-elle ? »
« Sur la banquette arrière. »
« Elle dort ? »
« Elle dort. »Et les cœurs mourraient à l’unissons. Levi taisait sa douleur, taisait sa haine, taisait son mensonge. Sasha était-il assez dupe pour ne rien voir ? Quelque chose en Levi lui chuchotait que son frère préférait taire l’évidence. Lui en voulait-il pour cela ? L’en remerciait-il ? Les silences lui déchiraient l’esprit.
« Mon cœur. » disait-elle en enlaçant l’un.
« Mon amour. » Ajoutait-elle en tirant l’autre vers elle.
(Rien n’en finissait plus. Elle se faisait rare.
C’était la faute à Sasha. C’était la faute à Levi.
Sasha parlait peu et Levi ne demandait plus.)