distances

Laisse tomber … t'es l'roi pour ça. dieu vivant pour tout abandonner, grand gagnant quand il s'agit de s'éclipser. mais jamais quand il faut, jamais quand on veut. ça serait trop beau si tout pouvait bien se combiner, si t'es sales côtés pouvaient à ce point bien coller. laisses tomber, qu'il dit comme s'il te connaissait pas. comme s'il le savait pas. sombre caractère mal adapté c'est pas en te disant ça qu'on peut espérer te voir abandonner si tu l'as pas décidé. connerie.

tu craches, tu balances... et dans votre fureur balancé à chacun se dessinent les contours d'un autre terrain. t'aimerais laisser tomber Dmitri, t'aimerais t'en désintéressé, ne pas rester enfermé entre ces murs, ne pas rester contre son corps qu'avant tu réussissais si bien à fuir et détester. t'aimerais mais c'est plus d'actualité. tu voudrais lui dire qu'il devrait être content, qu'il devrait s'féliciter de chaque nouvelles paroles balancées... avant ça n'aurait été que silence et absence imposée. mais tu la fermes, essayant juste de cerner ce qu'il peut encore vouloir t'extirper... silence.
C’est bon ! J’ai tord et t’es parfait ! T’étais pas avec lui donc tout va bien ! envie de frapper. envie d'le frapper. envie de défouler ta colère sur son corps qui a déjà trop encaisser. tu renfermes tout ça, tu contrôles à moitié sur des poings serrés et une mâchoire qui menace de casser. l'ironie qui suinte ses lèvres et qui lui va si mal. l'ironie froide d'un genre qui ne lui convient pas. pourtant des grands avancées, tu fais trois pas en arrière; à trop vouloir tout comprendre tu reprends les sales habitudes.. trois pas en arrière, retour derrière les barrières. haussement d'épaule, comme toujours c'est un mauvais moment que te décides d'abdiquer. laisser tomber pour juste t'en détourner. tu te drapes dans ce qui te dessine si bien depuis tant d'année. haussement d'épaule dédaigneux qu'il ne verra plus jamais. enfin. connard de hauts étages, connard jusqu'à la fin. c'est pas comme si tout pouvait changer. il s'éloigne, tu fais rien. les poings qui se détendent, l'imbécile qui décide de pas voir l'ironie pour grandir un égo diablement démesuré. tu rejoins le lit, son lit. votre lit ? fuir la réalité pour évité d'aller foutre le nez là où t'as pas le droit. elle est lointaine la mâtiné et son corps contre le tien. j'me couche, viens. froideur qui pourtant n'arrive pas à chasser les mots, ordre qui glisse sur une langue trop habitué mais si peu de cette nouvelle réalité. il fut un temps la distance ce serait compté en semaines avant de vous retrouver.

Tu l’détestes son ‘enfin’. Et pourtant, d’une façon ou d’une autre, il vient clore la bataille. Une bataille que personne n’a gagné. Les mots qui comptent sont toujours tues. Ceux pour Lysandre. Pour ce passé qui restera toujours entre vous comme un fantôme fourgue et insidieux. Et même si la rancoeur s’est dissipée au fil des années, elle restera toujours là, prête à immerger. Comme une tornade enfermée dans une boite, protégée par une cadenas fragile. La boule à la gorge, tu refermes la boite un peu abimée par la tempête.

Tu passes ta main sur ton visage. Tu sais même pas comment tout ça a escaladé aussi vite. Peut-être qu’il a raison. Peut-être que c’était juste quatre heures. Peut-être que tu as surréagi. T’avais juste besoin de lui. Peut-être qu’il a surréagi aussi en te disant de revenir. Tu respires profondément pour ravaler la boule d’émotion qui est encore logée dans ta gorge. Se coucher semble pas une si mauvaise idée. Tu l’entends se glisser dans le lit derrière toi. C’est étrange. Qu’il soit encore là malgré tout ça. Malgré les mots taillés comme des couteaux. C’est étrange que l’envie de partir ne soit pas aussi forte que celle de rester. Tu te retournes lentement vers le lit, pinçant un instant tes lèvres avant de retirer ton jean que tu plies en deux avant de chercher la chaise sur laquelle tu poses tes fringues. Grognement. Elle est pas à l’endroit habituelle. Evidemment. Et alors que tu retires ton teeshirt, tu l’entends bouger pour remettre la chaise à sa place. Tu fermes un instant les yeux sans rien dire, revenant finalement faire le même geste que tout à l’heure pour y trouver ce que tu cherchais. Tu poses tes vêtements dessus, bientôt rejoints par tes chaussettes. Et puis, sans rien rajouter, tu te glisses sous les draps frais, frémissant légèrement. Tu glisses ton bras sous l’oreiller en te tournant dos à lui. L’alcool te monte un peu à la tête. T’aurais pas du boire autant. Ta respiration est plus bruyante qu’à ton habitude. Il faut que la pression redescende. Que ton coeur s’apaise. Tu écoutes le silence un peu pesant alors que tu réalises que c’est pas ton oreiller. D’une façon ou d’une autre, ils ont changé de place et c’est le sien que tu as entre les bras. C’est son odeur à lui. Sa putain d’odeur que t’aimes beaucoup trop. Tu fermes les yeux. Ça ira probablement mieux demain … Tes lèvres s’entrouvrent finalement pour souffler un « Bonne nuit… » à peine audible.