oiseaux libres (kitty)

C'était juste les combats de rue, il l'avait dit au début. C'était même pas le sinner, juste des phalanges écrasés sur le visage d'inconnus dans une ruelle, pour le jeu, pour le sport, pour la thunes. c'était juste une façon de gagner sa vie, à force d'écorchures et d'hématomes. Au début. C'était le sinner après, ça s'arrêtait là il l'avait dit, il avait dit aussi qu'il foutrait pas les pieds au casino, et plus tard, qu'il ferait rien de plus illégal que tout ça. C'était que du vent, les mots, balancés là puis envolés, oubliés. Suffisait de secouer les billets sous son nez, l'appât du gain, l'amour du danger. C'était toujours plus et s'il avait fallu buter quelqu'un, peut-être qu'il l'aurait fait pourvu qu'on y mette le prix. Il avait dit non aussi, pour les voitures. Ça a pas duré, quelques jours à peine avant qu'il attrape le tisonnier pour ouvrir une portière. Pur vengeance, d'abord, l'argent, encore. Dans la rue quasi déserte, a demi-masqué par la nuit, il tente pas réellement d'être discret. Il espère presque qu'on le remarque, qu'il le remarque, ce type qu'il a vu plusieurs fois dans le coin, ce type que nora à approché d'un peu trop près. Il aurait pu simplement frapper inlassablement la vieille bagnole jusqu'à ce qu'elle ressemble plus à rien, attendre qu'il le repère pour foutre son poing dans la gueule mais y a le sinner. Y a les gars. Il peut pas la jouer solo quand y a sa famille si proche de lui, ce qu'il fait – souvent – il le fait aussi pour eux et ce soir, cette bagnole c'est autant pour lui que pour ses frères. Ça apaise la conscience, en supposant qu'il en ai une, de se trouver des excuses pour tout les mauvais actes dont il est l'auteur. Ça permet de pouvoir encore regarder son reflet, l'oeil dans l'oeil, sans jamais le détourner, sans flancher. De savourer aussi, le cliquetis significatif de la porte qui se déverrouille sans qu'il ait eu a briser une vitre. l'avantage des vieilles voitures et y a une ombre dans le coin de son champ de vision, les poings déjà serrés, trop content de se défouler. Phalanges prête à frapper avant que le visage n'apparaisse vraiment. Y a les doigts qui se desserrent aussi vite et la mâchoire qui se crispe. Un peu. « Kitty. » c'est un bonjour, c'est un dégage. un peu des deux, puis un sourire. Bien trop rare, de ceux qu'il n'offre pas à tout le monde, de ceux que kitty a la chance de voir souvent, jamais longtemps mais fréquemment. Bulle de douceur dans le tumulte des lieux. « J'te ramène? sourire innocent alors qu'il tient encore le tisonnier d'une main, ouvre la portière de l'autre. Faux gentleman. Il devrait pas, il sait. Embarquer kitty dans un truc aussi stupide, la faire monter dans une bagnole qu'il vient de forcer. Elle est trop bien pour ça, trop douce pour ça. ça toute ces conneries, pour le sinner aussi. Pourtant elle y est, sans y avoir sa place alors ce soir il peut bien oublier un instant – égoïstement – qu'il faudrait plutôt la protéger de tout ça. Peut-être qu'il a pas envie d'être seul, ou juste envie de la voir un peu. Il hésite toujours quand il s'agit de kitty, il oscille entre le besoin de la savoir à l'abris et la facilité avec laquelle il voudrait parfois qu'elle s'échoue bas. Si bas qu'elle partirait plus, qu'elle restera ici avec eux avec lui pour toujours.

les talons qui frappent le pavé et sonnent en écho dans la ruelle sombre, l'ombre de la douceur frappe le crépis dans un silence mordant. kitty sort, kitty avance dans l'instinct féminin, déterminée, dans le quartier de night falls. mais elle n'a pas peur, la tête haute, fière ingénue qui devrait pourtant se méfier. malgré la délinquance connu des lieux, ça fait bien longtemps qu'elle ne s'était pas sentie aussi libre, le cœur battant pour les êtres qui stagnent autour d'elle. elle se dirige pourtant vers le quartier voisin, pressée de rejoindra sa horde pour déclarer un peu plus la guerre au monde entier. la foule qui envahit son esprit, kitty plonge ses mains gelées à l'intérieur de ses poches, y récupère son téléphone de la main droite pour regarder l'heure. en retard, mais kitty ne prend jamais le métro, jamais le bus, elle marche tout le temps, qu'il pleuve ou que la foudre s'abat sur la ville, elle piétine l'enfant. elle préfère sentir l'air humide, le vent qui se dépose plus ou moins lentement contre ses joues, son front, ses paupières qu'elle ferment sous la houle. ces sensations retrouvées dont elle ne se souciait guère avant, son devenues vitales. impossible de faire sans dorénavant. ce soir, ses projets ne seront pas ceux prévues, elle le sait, à peine les yeux posés sur cette voiture et la silhouette qui la contourne. kitty hésite un instant, mais approche prit pas une curiosité naissante. le souffle court pourtant, elle respire à nouveau normalement lorsqu'elle reconnait le visage d'ike. collègue, protecteur et parfois voix de sanction, elle arque un sourcil en l'écoutant lui adresser quelques mots. devinant très vite qu'il ne s'agit pas d'un véhicule de courtoisie loué ni même lui appartenant, kitty penche la tête sur le côté avant de répondre aussi naïvement qu'à son habitude : - t'as oublié tes clefs ? bien sûr kit, ça parait tellement évident. un haussement d'épaule accompagne son regard s'attardant sur la carrosserie. - tu m'apprends à conduire ? la curiosité fait place à l'empressement. il doit le savoir qu'elle n'a pas son permis, ni même jamais touché un volant de sa vie à part pour y coller son dos lors d'un précédent coït imprévu. l'idée est excitante, à voir si ike sera assez aventurier et pas aussi réticent qu'à son habitude.

Kitty comme un peu de douceur, comme un peu de paix. Elle fait refluer la rage, juste avec ses doux airs. Et la nuit, déjà, a l'air plus sereine. Il peu oublier juste un moment  qui appartient la caisse, pourquoi il fait ça, et tout ce qui va pas. Elle posera pas de questions, il s'épanchera pas. C'est juste une faille dans l'espace-temps, moment d'accalmie au milieu des tempête. Bouffée d'air frais. Il jauge, cherche a mesurer la naïveté des propos. Elle sait bien, non, qu'il a jamais eu les clefs ? Que c'est pas sa voiture ? Il en est pas sûr pourtant, dans le regard sombre de kitty,  il lit pas la réponse. Y a un rire au bord des lèvres, moquerie réprimé alors qu'il se contente d'une réponse qui ne dit rien, qui n'avoue pas. « ouais, un truc dans l'genre » ça suffira, après tout quelle importance ? Il a jamais été doué pour la sincérité et les vérités sans fard. Peut-être que dans le fond, il veut avoir l'air meilleur aussi, aux yeux de kitty. Parfois, il se rêve différend, il s'imagine une meilleure vies, il se voit faire de bons choix. Ça dure jamais longtemps, et ce soir il s'en donne l'illusion fugace. Une seconde de contentement purement personnel et peut-être seulement la satisfaction saugrenue de se sentir plus léger, à mentir impunément. Et il jauge kitty, puis la voiture, aller-retour entre l'un et l'autre, le temps d'une fausse réflexion. Il pourrait dire non. Il devrait sûrement, éviter de lui faire conduire une voiture voler, éviter de risquer un accident, éviter de lui attirer des ennuis. « ok. » déjà, les craintes sont envolées, elles passent dans son esprit une infime seconde avant de se faire chasser d'un haussement d'épaule indifférent et un sourire à kitty. Comme un cadeau qu'il fait, à la mesure de ses moyens quasi inexistants. Il s'assoit sur le siège conducteur, le temps de bidouiller les fils, démarrer la voiture avec la facilité qu'on n'a plus qu'avec les vieilles caisses dans le genre. « prend l'volant » sans lui laisser vraiment le choix, il glisse côté passager. Ils ont pas de le temps de s'attarder sur la théorie, il jette déjà des coups d'oeil, statique depuis trop longtemps, il sait pas combien de temps il reste avant que le type sorte de là et les découvre assis tranquillement dans sa bagnole. « t'as les bases? » indifférent à sa réponse, il se soucie pas de l'état final de la voiture, pas plus que de leur sécurité finalement. Il compte sur les rues désertes et la crainte de kitty pour pas les envoyer dans un fossé, ni rouler trop vite, un talent inné pour la conduite peut-être. N'importe quoi pourvu qu'ils dégagent vite et sans accident. Il a pas apprit a conduire avec les leçons d'un moniteur aguerri, il en est pas devenu un non plus. « a gauche t'embraye pour changer les vitesses, a droite t'accélère, au milieu tu freines. ca va le faire » il s'en convainc, pas de ceux qui sont réellement pédagogue, il se persuade que l'explication sommaire suffira à lui filer un permis, ou peut-être que dans le fond il attend juste l'instant ou elle abîmera la carrosserie. « roule. et le ton pressant maintenant, professeur impatient, les doigts qui battent la mesure sur la portière pendant que ses yeux scrutent une possible complication.

Elle aime voir son sourire se creuser sur ses joues, il est presque sincère, trop beau pour être vrai et bien trop fragile pour rester en place très longtemps. Ike est l’éphémère malgré le lien qui les lie depuis qu’elle s’est incrustée au sinners. Une relation indescriptible qu’ils ne reconnaissent pas. kitty vogue auprès de lui, laisse l’adrénaline l’entrainer dans les méandres du quartier. Les yeux un peu trop fermés. Bien trop clos pour en voir les mésaventures à venir. Elle est heureuse de le croiser par hasard, qu’il souhaite rester en sa compagnie, un homme voulant une part de son sourire à elle. Naïve parfois, kit connait la vérité sur l’origine du bolide, mais il s’agit de lui, et instinctivement, rien ne l’empêcherait de la suivre. Elle pianote rapidement sur son téléphone pour faire connaitre aux filles son changement de plan, suivant la conversation de l’autre oreille. Elles ne comprendront pas, mais l’appel de l’inconnu est trop fort. Vivre pour le meilleur, ou le pire. Sentir la liberté l’emporter, rien n’est plus ardent dans le feu de son corps. Il répond brièvement quand elle l’interroge, et kit ne peut s’empêcher de sourire bêtement. Ses mains retrouvent quelques instants la chaleur de ses poches rembourrés, elle piétine d’impatience à l’idée qu’il accepte sa requête. Ce qu’il fait. Elle reste béate un instant, n’ayant même pas eu besoin de négocier cette bien mauvaise idée.
Tu n’as jamais touché de volant kitty, tu ne sais même pas où se trouve le moteur et tu penses pouvoir conduire en un claquement de doigt ?
De toute façon c’est trop tard, il fait le tour de la voiture et intègre le siège passager, elle ouvre la portière presque timidement en jetant un dernier regard dans la rue. Ce n’est pas du courage qui la pousse à s’asseoir, plutôt un sentiment de puissance et de confiance un peu trop exacerbé. Elle regarde l’habitacle l’air paumé, se demandant un dixième de seconde si elle n’a pas exagérée. Pourquoi n’a-t-elle pas demandé aux filles de lui apprendre avant ? Pourquoi n’y avoir jamais pensé ? Ses paumes se posent sur le volant, les doigts encerclant le cuir, elle s’exécute seulement. Ses yeux s’imprègnent trop rapidement des éléments et ike vient alors briser ses pensées en expliquant succinctement le déroulé des opérations. Ses lèvres s’entrouvrent en l’écoutant, le regard scotché sur les différentes manettes et pédales à connaitre. Elle comprend rapidement, et presse la première pédale suite aux explications, sans grand conviction. C’est le ton qu’il emploie qui finit par la décider à passer la première vitesse et accélérer. Trop rapidement sûrement. La voiture cale. « merde » qu’elle jure intérieurement. Kit sent le regard d’Ike et une impatience qui gronde. « Change les vitesses toi, j’y arrive pas ! » énervée, elle recommence alors qu’un grand bruit d’accélération dans le vide résonne dans la ruelle, son pied finit par se retirer de l’embrayage. La carlingue vrombit, et démarre bien trop rapidement. Un sentiment de fierté qui s’empare de ses mains et la fait sourire à pleine dent.