« The game you play isn't fun anymore. »

Tu traînes des pieds, sac sur le dos et écouteurs dans les oreilles.
Ta musique est tellement forte que les gens autour de toi peuvent l'entendre.
Ça te défonce pas trop les tympans?
Tu sors ton téléphone de ta poche.
C'est quelle heure? C'est l'heure où tout le monde bouffe là, non?
Tu n'as pas faim. Ce n'est pas la première fois que tu loupes un repas.
Tu poses ton sac et tu t'allonges par terre.
Les couloirs sont plutôt calmes à cette heure si. Ça te permet de respirer un peu.
Tu ferme les yeux et te perd dans tes pensées.
Non.
Tu te noies.
Une grande question revient souvent. LA grande question que tu te poses tous les jours.
Pourquoi?
T'es juste une gamine qui essaie de trouver un sens à toute cette merde qu'est la vie.
Et si elle n'en a pas? Tu vas faire quoi? Et si c'était ça la mort?
Si on était tout bonnement déjà morts? Tous sans exception.
Tes pensées s'embrouillent. Tu soupires.
Un coup et ton sac fait du bruit. Tu ouvres les yeux et regardes autour de toi.
Tu es seule dans ce couloir.
Avec juste un autre mec s'éloignant de plus en plus de toi à chaque pas.

« Hey! Tu pourrais t'excuser hein! »

Mais aucune réponse.
Tu plisses légèrement les yeux, tu reconnais cette silhouette.
Faut dire que tu la vois tous les jours.
Tu peux pas te tromper, c'est lui. Il n'y a que lui pour avoir ce comportement.
T'ignorer. La pire chose qu'on puisse t'infliger. Tu subis ça depuis plusieurs mois.
Et là, tu commences vraiment à en avoir marre.

« Eh sale con! »

Tu te lèves et le rejoint en oubliant ton sac sur place.
Ce mec mériterait des tartes. Et t'a souvent envie de lui en donner mais :
1) T'as pas de force.
2) T'arrive pas vraiment à lui en vouloir.
Putain d'humaniste.
Tu lui attrapes le bras et le sers pour qu'il ne parte pas

« Bordel, tu joues à quoi? Arrête de m'ignorer à la fin! Je commence vraiment à en avoir ras le cul, j'ai rien fait pour mériter ça. T'es un connard avec moi et je continue d'être gentille parce que je suis trop conne. C'est moi qui devrais t'ignorer pas l'inverse! »

Ton emprise se ressert de plus en plus sur son bras.
Il n'a plus le droit de t'ignorer et de fuir face à la conversation.

Tu le fixes aussi dans les yeux. Son regard te trouble énormément.
Son regard.
C'est comme s'il n'avait foi en rien. Comme s'il ne ressentait rien.
Pourquoi tout ça t'affecte tant? C'est vrai, tu le connais pas vraiment.
Tu pourrais t'en foutre au plus haut point mais t'y arrive pas.
Ça te fait du mal de le voir comme ça.
Ça te fait du mal d'être ignorée à ce point par ce mec.
T'es égoïste. Tu pourrais le laisser vivre sa vie tranquillement mais t'y arrive pas.
Pourtant ce n'est pas ton pote. Vous n'avez rien vécu ensemble.
S'il disparaît ça changera pas grand-chose à ta vie.
Elle continuera très logiquement comme si de rien n'était.
Pourtant voilà. Tu bouillonnes. Cette situation te met hors de toi.
T'as la haine.
Les larmes te montent aux yeux comme à chaque fois que tu te mets dans cet état.
Et c'est un cercle vicieux parce que ça te met encore plus en colère.
Ta vie est un cercle vicieux.
On te la fait pas à toi. Tout le monde ressent quelque chose et c'est pas lui qui sait bien le cacher qui va te faire croire le contraire.
T'as envie de le secouer. De lui dire de se bouger. Mais.

« Je joue à rien justement. Tu penses que je joue à quoi? J'ai pas que ça à faire.
Va falloir que tu travailles un peu ta gentillesse. ça sert à rien d'en donner à quelqu'un qui a pas demandé.
C'est bon moi aussi j'suis gentil. tu vis dans un appartement hors de prix et t'as rien à débourser. chacun son truc. »

Il comprend décidément rien à rien ce mec. Il fait exprès c'est pas possible.
Sûr que ça sert à rien la gentillesse quand la personne s'en bat royalement les couilles.
Mais t'y peut rien, c'est dans ta nature d'essayer de comprendre les gens.
C'est dans ta nature d'essayer de faire ami-ami timidement.
Tu sais plus t'y prendre. Ça fait longtemps que t'es plus allé vers quelqu'un toi.
Gamine perdue. Beaucoup trop empathique et sensible pour ce monde.
Ta carapace ça fait un moment qu'elle tombe en miettes.
Que t'arrive plus à prendre autant sur toi-même sans être atteinte.
Tu sers la mâchoire.
Mais quel con.
Tu n'as plus d'emprise sur lui. Tu ne peux plus l'obliger à rester là, à parler pour une fois.
Et ça te terrifie. Rester dans cette situation indéfiniment c'est pas pour toi.

« Mais t'es un putain de gamin pourri gâté! Je m'en fous d'être dans cet appartement sérieux. Être gentil ce n'est pas que papa veuille bien payer l'appart' aux colocs. Ça vient pas de toi! Juste un petit bonjour ça serait gentil mais nooon monsieur est bien trop emo dépressif à se taillader les veine. T'es trop dark pour ça hein? Être gentil? C'est pour les faibles! Réagis merde, tu peux pas vivre comme ça pour toujours! »

Ta voix c'est un peu barrée en couille à la fin de ton monologue.
Tu sais pas quoi faire pour qu'il revienne à la réalité et qu'il bouge son cul.
Ça t'exaspère, te brise et te fait pitié en même temps.
Ce qu'il a traversé? T'en sait rien. Mais faut qu'il réagisse s'il ne veut pas finir seul.
T'es putain de sensible Montana. Rien de tout ça ne se passerait si ça n'était pas le cas.
Tu sais plus quoi dire.

« Je peux très bien vivre comme ça, c’est bien plus simple qu’autrement de toute façon.
Arrête de tenter de sauver le monde, il y a des gens que tu ne peux pas changer ou qui ne veulent simplement pas.
Parce qu’on habite ensemble, tu veux absolument qu’on fasse copain copain?. »

Plus il parle et plus tu te calmes.
Comme si chacun de ses mots te remplissait de douceur.
Pourtant son sarcasme revient. Mais tu ne peux t'empêcher de sourire tendrement.
C'est pas un mec mauvais. Tu le vois très clairement.
Il essaie juste de se protéger, tu sais ce que c'est.
Un soupire avec un soupçon de douceur.
Tu lui souris d'une tendresse débordante.
Toute ta bienveillance se ressent dans tes yeux.
Tu lui ressembles à ta mère. Elle qui est ton modèle.
T'as envie de l'aider ce petit con, tu sais que ça va être dur mais tu y arriveras.
Un jour oui.
T'as envie de le prendre dans tes bras. De lui caresser les cheveux calmement.
En lui disant que ça va aller. Que tout finit par s'arranger très vite.

« C'est plus simple oui. Mais c'est pas le mieux. Si tu continues comme ça ta solitude va finir par totalement te ronger. Je te connais pas, je sais pas ce qu'il c'est passé pour que tu te braques comme ça et que tu te renfermes sur toi-même à ce point. Mais dis-toi que ce n'est pas de ta faute. Ce qui devait arriver est arrivé. Tu ne peux plus rien y faire, il faut que t'apprenne à vivre avec. Alors oui ça va être dur et oui tu vas en chier mais t'es fort Jacob. Tu vas y arriver. Si une pleurnicharde fragile comme moi à réussi, tu ne peux qu'y arriver. »

Puis merde. Tu sais qu'il aime pas le contacte mais bon.
T'as des moments comme ça ou sans raison t'a juste envie de prendre quelqu'un dans tes bras et tu peux pas t'en empêcher.
Alors tu le prends doucement dans tes bras.
Tu sais que t'aurais pas dû faire ça.
Tu sais qu'il va très certainement t'envoyer bouler, te pousser.
Mais tu le fais quand même.

« Tu sais, j'essaie pas de changer les gens. J'espère juste réussir à les aider ne serait-ce qu'un tout petit peu. J'arriverai jamais à aider tout le monde mais en tout cas je fais mon maximum. Les gens changent d'eux-mêmes tu ne peux pas les pousser à changer. Et non je veux pas faire ami ami avec toi parce qu'on habite ensemble. Franchement je pourrais très bien vivre dans un endroit avec quelqu'un sans qu'on se calcule jamais. Je l'ai déjà fait. Non j'ai envie de faire ami ami avec toi parce que t'es quelqu'un de bien et que je m’intéresse à toi. Pas de manière romantique hein ne t'inquiète pas! »

« Je suis pas quelqu’un de bien. arrête de me prendre en pitié, j’ai pas besoin de tes sentiments montana. ce n’est pas ce que j’ai demandé sur l’annonce.
Je comprends pas à quoi tu joues, t’as pas besoin de faire tout ce cirque.. »

Tu savais que t'allais te faire refouler mais tu l'as quand même fait.
Tu fermes doucement les yeux et tu soupire.
Il est belle et bien de retour, ce Jacob qui t'énerves tant.
Pourtant tu restes calme, comme si toute ta haine était déjà totalement sortie tout à l'heure.
T'en a plus en stock en ce moment, il faudra repasser plus tard.
Désolée mec.
Tu le repoussera pas tu ne lui dira pas d'aller se faire voir tout de suite.
Peut-être dans cinq minutes?

« Je suis peut-être utopiste ma foi. Mais je pense qu'on a tous un bon fond. Qu'on est tous quelqu'un de bien, faut juste arriver à le voir. Donc ton avis sur toi-même ne m'importe pas vraiment, je te vois d'une façon et c'est ça qui compte pour moi! Je n'ai pas pitié de toi, je me mets juste à ta place même si je ne connais rien de toi au final. J'aimerais pas qu'on ai pitié de moi alors je ne le fais pas. »

Tu souris doucement et fais un petit tour sur toi-même, sans raison valable.
Juste une envie soudaine.
T'es un peu une enfant au final. Et de toute façon ça te déranges pas tant que ça.
Il y a ce truc beau dans l'enfance que t'aime tant.
Cette naïveté un peu.
Mais ça tu l'as toujours je pense. Même si c'est beaucoup moins fort hein.

« The Show Must Go On! Je suis désolée de te l'apprendre mais je ne lâche pas les gens avant de les comprendre. Sauf quand j'ai la flemme... Mais en ce moment c'est pas vraiment le cas donc tu va devoir me supporter encore un peu. Déso pas déso.»

Tu fais comme si tu n'avais pas entendu sa remarque sur l'annonce.
Il n'a toujours pas comprit mais tu lui en veux pas.
Tu récupère tes affaires.
T'aime pas vraiment les laisser, eux et encore moins tes textes, sans surveillance.
T'as pas vraiment peur qu'on te les voles, ça servirait à rien.
Maiiiis on sait jamais. T'as pas trop envie de te retourner et qu'ils ne soient plus là.
Ton sac contient des trucs sans valeurs monétaires mais qui comptent beaucoup pour toi.
Tu reviens assez vite pour pas que monsieur s'enfuis. Ça serait con.
Tu redeviens sérieuse.
Tu replonge tes yeux dans les siens. On peut y voir un soupçon de tristesse.
Mais franchement, personne n'en a rien à foutre hein?

« Tu m'aimes pas à ce point....?»

C’est bon, ton lunatisme est de retour.
T’es hyper heureuse puis d’un seul coup t’es au plus bas.
Tu déteste ça.