FERMETURE DU FORUM
Le Deal du moment :
Réassort du coffret Pokémon 151 ...
Voir le deal

Partagez
 

 (i guess i thought you had the flavour) sily

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Invité
Invité
Anonymous


(i guess i thought you had the flavour) sily  Empty
MessageSujet: (i guess i thought you had the flavour) sily    (i guess i thought you had the flavour) sily  EmptyMer 11 Avr - 16:38

Il ne faisait qu'à peine jour. Silas en était à son premier café, ou peut-être son quatrième, le regard encore un peu flou. Le regard encore un peu dans l'hier, dans la nuit, dans sa solitude si calme qu'il avait dû quitter pour s'offrir à la pire des lumières : celle crépitante des néons du commissariat. Il n'y avait que de la moiteur et des restes aigris d'éclats de voix, de nerfs passés à rude épreuve, dans cet espace si clos.
Il ne s'attendait à rien, il ne connaissait jamais de surprise, jamais de joie, quand il venait parader au milieu de ces pantins aux esprits façonnés pour récupérer un rapport, donner un mandat ou réclamer un peu plus de paperasse. Il ne s'attendait à rien, il ne pensait même pas, préférant s'imaginer loin, loin de ces crimes de second ordre, de ce petit vandalisme mêlé au délit de faciès. La vie à Crescent Heights n'était pas trépidante, l'écœurement venait bien plus vite. Si vite que le procureur en avait le cœur serré et la nausée s'il s'y attardait, couteau dans la chair déjà blessée d'un rebelle refoulé. Son esprit souffrait de la folie qui l'entourait, glaciale, vrombissant au rythme de la voix nasillarde de M. le Commissaire.
Alors il ne s'attendait à rien et ne respirait presque pas, fonçant, évitant les sous-fifres de l'Etat à l'égo démesuré, ne pensant qu'à son but : la sortie.

Et puis le silence, glaçant - celui qui fait serrer mâchoire, cœur et poings. L'accident sur le bord des yeux, le sang dans le décor, la poussière dans la plaie. Ce gamin aux yeux étoilés, ce gamin à la vie pourrie, ce gamin qui s'était arrêté sur son chemin. Ce gamin qu'il connaissait, la tête prise dans les mains tremblantes, au fond d'une cellule, prêt à croupir. Le soupir.
Laissez-le, je m'en occupe. La tête baissée, la paperasse. Dégrisement, disent-ils. Silas n'écoutait pas. Il restait concentré sur la connerie qu'il était en train de faire, aux yeux de tous, à attendre ce jeune qui ne tenait qu'à moitié debout. De quelle couleur avait été son ciel ? Comment s'était-il fait traîner jusqu'au poste, tel un débutant encore trop colérique ? Sa grande gueule n'avait sûrement pas aidé.

On ne lui posa aucune question, seul le silence venait peser sur son dos et sa conscience. Il accueillait à bras ouverts le venin, savourant presque le poison qui le tuerait.

Cela serait sa fin - ce jeune, ces pulsions qu'il écoutait sans savoir se raisonner. Il le savait. Et pourtant, il était là, presque rassuré d'être tombé sur lui, passant les portes du commissariat avec le bras d'Andreas sur les épaules. Il ne savait même pas si le jeune se rendait vraiment compte de ce qu'il se passait ou s'il lui faudrait encore quelques minutes. Bon, je t'emmène où ? grogna-t-il sans plus de convictions. Le gamin savait-il au moins où il habitait ?
Avançant vers sa voiture, le procureur continua à râler, ignorant son cerveau qui lui hurlait de laisser Andreas là et son palpitant tiraillé qui semblait ne plus savoir se comporter correctement. T'as pas intérêt à gerber dans ma caisse.

Il n'y avait plus rien d'autre qu'eux, appuyés contre la voiture, puis s'y installant, priant les cieux pour que tout ça ne soit qu'un cauchemar. Que Silas n'ait jamais plus à recroiser les yeux du jeune, au risque de s'y prendre le cœur en même temps que les pieds. Qu'il n'ait jamais à avoir peur de craquer, de ne savoir le repousser, de ne savoir se protéger. Lui qui avait bâti des murs autour de lui s'était, à chaque fois, retrouvé si vulnérable face à cet Andreas entêté. Combien de temps réussirait-il à le cacher ?  Pourrait-il ne serait-ce qu'une fois encore laisser le regard du gamin plonger dans le sien sans craquer ? Sans écouter le bordel dans ses veines, le sang qui affluait, qui n'écoutait plus rien d'autre que de vieilles pulsions, sanguines, primaires, prisonnier de ses propres reins, si douloureux, près de lui ? Près de cet Andreas qui ressemblait à ce naufrage d'autrefois ?
Regarder le vide - respirer le rien - n'entendre que le silence.
Tenir bon.
Et surtout - pour rien au monde -  à aucun prix -  le regarder.
Revenir en haut Aller en bas
Daniel Harper
Daniel Harper

(i guess i thought you had the flavour) sily  Uev0
(i guess i thought you had the flavour) sily  Btoh

Messages : 202
Identité : les draps bleus/val.
Avatar : michiel huisman.
Crédits : ava © killer from a gang.

Âge : trente-huit ans.
Occupation : ancien capitaine de l'us army ; agent de sécurité à temps partiel, père indigne à temps complet.
Côté coeur : arme à gauche ; divorcé depuis des années, nuits bleues et drapeau blanc.
Quartier : harbor springs ; dans une vieille péniche amarrée sur le lac.

(i guess i thought you had the flavour) sily  Empty
MessageSujet: Re: (i guess i thought you had the flavour) sily    (i guess i thought you had the flavour) sily  EmptyJeu 12 Avr - 2:17


- i guess i thought you had the flavour -
icons (c) SIAL / ft. @silas hawkins


L’alcool.
La bile.
Le sang.

Un goût de rouille pesant comme du plomb sur sa langue. La tempe appuyée au béton trop froid, au béton trop dur. Chien battu recroquevillé dans le fond de sa cage. Il avait fermé les yeux. Juste un instant. Pour du répit. Pour de l’oubli. Pour essayer de se rappeler. Ce qu’il faisait encore de cette vie. Le coeur au bord des lèvres. Et des noeuds à l’estomac.

Cinq heures quarante-trois.
L’heure de son crime.

Sortie de boîte de nuit, dernière tournée des bars à néons. L’aurore à quelques encablures. Et sa silhouette vacillante. Marionnette désarticulée marchant sur le fil du rasoir. Les cernes et les valises, sous ses yeux sombres. De trop vivre, et de traîner ses bagages et ses histoires. Encore une fois. Encore boire. Même si dans les toilettes du club, il était resté trop longtemps à fixer son reflet fantomatique. Les joues creusées, du blanc, du bleu, du violet. Et le noir ombrageux sur ses joues, pour tenter de cacher les traits émaciés. Les lèvres rouges d’erreurs et de baisers. Comme ses yeux. De larmes et de fumée. Des pleurs qu’il n’avait jamais pu laisser sortir, jamais pu laisser passer. Qui s’amoncelaient derrière la barrière, aux frontières des barrages, barricades de fortune. Empêcher le raz de marée de son existence.

Un reniflement.
Ses doigts nerveux et hagards glissés dans les boucles défaites.
Une enclume à l’arrière du crâne et des vrilles dans les tympans.

Cinq heures quarante-trois.
Une incartade.

Ses mots glissent avant sa pensée. Un regard de travers, une patrouille pour ramasser les ivrognes et les désespérés. Son menton levé trop haut, le dédain de la survie. Son rire qui se brise, cristal jeté au sol. Et les mains pour le rattraper, rattraper ses os et sa chair malmenée. Équilibre précaire. Des battements de cils. Des battements de sang. Un vent de panique, le long de son échine.

Lâchez-moi.
La terreur oubliée, la peur inconnue.

Jeté dans un coin, en attendant le lever du soleil.

Un soupir.
Son corps tremblait.
Du gel dans les veines.

Porte ouverte. Un oeil fermé, une grimace.
Si c’était pour se féliciter d’avoir enfin ramassé le fauteur de troubles, il n’en voulait pas.

Tu sors.

Des poignes pour le relever, oisillon aux ailes décharnées. Pas titubants, reprendre ses affaires. Sa veste enfilée avec lenteur, toujours trop grande pour ses épaules maigres. Un coup d’oeil alentour. La difficulté de déglutir, de tout ravaler. Et son regard tombé. Sur un visage, sur un éclair. Sur un coup de tonnerre. L’envie de fuir ou de se jeter. Quelque chose de fébrile, la sueur froide perlant dans son dos. Il était resté figé. Tétanisé par quelque chose d’autre. Il avait pris son bras, l’avait passé autour de ses épaules. Et sa main à lui, pour tenir ses côtes. Son sourire arrogant s’était effacé avec la brise du petit matin. Quelques secondes avant de répondre à la voix grave. Le temps de se rappeler à lui-même. De tâter avec maladresse ses poches. « ‘ttendez. » Une cigarette coincée entre ses lippes fines. S’y reprendre, avant de faire jaillir la flamme fragile. Une bouffée de nicotine, un râle discret, en levant le nez vers les étoiles bientôt entièrement effacées. Il avait le goût de la poussière à l’arrière de la langue, et l’amertume dans le regard. En s’appuyant sans vergogne contre la berline garée juste devant le commissariat. Il n’avait même pas souligné le reste de ses propos. Sa carcasse contre le métal, la fumée dans les poumons. Essayer de ramasser ces bouts de lui qu’il avait éparpillés comme un enfant. Adolescent pris au fait de ses jeunes incartades. Et pourtant, il n’en avait presque plus l’âge. Il savait faire, c’était habituel. Mais il y avait trop de flou dans sa tête, pour se rappeler pourquoi, pour se rappeler comment. Relier les points, rassembler ses pensées, retracer le chemin. Frotter ses paupières fatiguées. Toussotement. « J’peux rentrer à pieds- » Pas besoin d’aide. Jamais besoin d’aide. Ses cils papillonnent, un instant de silence. Le regard perdu, un point inconnu à l’horizon. Avant que ses tripes ne se tordent. Et cracher de la bile, derrière la voiture. Phalanges crispées, pour se retenir au vide, pour se retenir au vent. Essuyer ses lèvres du revers de la main. Et au final se laisser tomber, la portière ouverte pour lui. La cigarette encore fumante oubliée sur le goudron. « 1115 Oxford Street. » Un marmonnement, en reposant sa tempe contre la vitre. Pourquoi tu fais ça ? Il pouvait rentrer. Oublier. Se fondre sous la douche, en priant pour qu’il reste de l’eau chaude. Et se laisser fondre dans la buée. L’air était trop épais dans cet habitacle. Et pourtant, il frissonnait toujours. Un hiver en lui. Fermer les yeux, en entendant le ronronnement du moteur. Comme un enfant, bercé par les autoroutes.

Silas Hawkins.
Procureur.
Imposteur.

Loin d’être acquis à sa cause, à son cas.
Et qui pourtant avait voulu charger des plus grosses peines cet homme qui l’avait frappé.

Hawkins.
Ses doigts sur son visage.
La panique instantanée.

Retenir sa mâchoire et regarder les constellations et les ecchymoses.

Homme à fuir.
Se jeter dans la gueule du loup.
Revenir en haut Aller en bas
https://souslesetoiles.forumactif.com/t1320-a-l-aube-d https://souslesetoiles.forumactif.com/t1337-cri-des-loups-d
Invité
Invité
Anonymous


(i guess i thought you had the flavour) sily  Empty
MessageSujet: Re: (i guess i thought you had the flavour) sily    (i guess i thought you had the flavour) sily  EmptyJeu 12 Avr - 17:39

S'enfuir, la première fois qu'il l'avait vu, il y avait songé. S'enfuir, disparaître - ne pas écouter son discours, son histoire, sa cause. Laisser ses plaies refermées, ne laisser aucun couteau rouvrir sa chair et son cœur, arracher un bout de son âme presque - presque - oubliée. Andreas était l'arme blanche, Andreas était couvert de sang et nul ne savait à qui il appartenait. Il était le souffle qui avait brisé le rythme tendre du quotidien, qui avait ramené le passé comme une ombre, un virus qui ne les quitterait plus. Nul ne servait de courir, ils étaient à découverts, le procureur en première ligne.
S'enfuir, si c'était encore possible, et ne plus avoir à écouter ses mensonges qui adoucissaient la vérité, qui rendaient les coups plus beaux, moins lâches, qui donnait aux crimes - à son crime - un arrière-goût moins nauséeux. Le procureur soupira en entendant un énième fable sur son état. Il observa le gamin se cacher pour vomir avant même de n'avoir eu le temps de répondre. Ses yeux brillaient de colère, ses yeux hurlaient vas-y, dis-moi que t'es pas bourré, que tu peux marcher droit, vas-y, dis-moi que tout va bien, ses yeux - ses yeux - s'éteignirent sans un bruit et tout son visage se renferma en même temps qu'il fit claquer la portière de sa voiture sur l'ombre d'Andreas.
Il avait accepté - alors que personne ne le lui avait demandé - de paterner l'ombre de ce garçon et de le ramener chez lui. Il n'avait pas à se plaindre, et ne poserait aucune autre question que l'itinéraire. Tout cela ne le regardait plus. Il avait fait son travail, quelques semaines avant. Tout le reste était superflu. Tous les questionnements, toutes les inquiétudes, tous les regards concernés, rien n'avait à faire, rien n'avait à exister.
Et pourtant.

En silence, il s'installa derrière le volant. En silence, il se concentra sur l'intérieur de sa voiture, se demandant s'il n'avait rien de compromettant de sorti, puis sur la route. Il songeait à ses doigts pianotant sur le volant, il songeait à l'air frais qui rentrait par la fenêtre à peine ouverte. A tout sauf au cadavre qu'il transportait.
A tout sauf à ses yeux, sûrement fermés, à tout, sauf à son sort - funeste.
Mais son regard flanchait, mais son esprit coulait. Très vite, il remarqua la maigreur de ses cuisses. Se nourrissait-il d'autre chose que d'alcool ? Était-il responsable ? S'était-il perdu, en même temps que les cieux s'étaient dessinés sur son corps en tempête ? Silas le revoyait, plusieurs jours après le procès, aguicheur au sang-froid, terrible prédateur à l'arme meurtrie, tentant de grapiller diverses informations avec son corps déjà frêle. Il ressentait ses poings se fermer et, de nouveau, serrait ses phalanges sur le volant. Il s'entendait lui sortir quelques propos à la limite de l'homophobie, fermes et fermés, pour le faire fuir. Il ressentait son cœur se noyer en ne sachant plus à qui il s'adressait, il ressentait ses reins prendre feu à l'idée de l'avoir encore un peu - un peu plus.
Mais il était resté silencieux et n'avait cédé à son corps caprice. Il avait surveillé, de loin, le militant déchaîné (sur lesquelles de nouvelles chaînes s'étaient malgré tout posées), son silence accablant, ses cuites phénoménales, ses coups d'un soir sans honneur. Il l'avait observé, et le voilà qui le repêchait, qui le soupirait, qui le ramenait.
En silence, quasiment.

Je te raccompagne et tu te démerdes. Mais… la prochaine fois, fais gaffe aurait-il voulu ajouter. bordel, te fous pas dans de tels états aurait sûrement eu sa place également. La seule suite ne fut qu'une grimace et un haussement d'épaule las. On est arrivés.
S'il avait été d'humeur à rire, après lui avoir ouvert la portière, le procureur aurait sûrement demandé au gamin de lui mettre 5 étoiles. Un chauffeur de qualité. S'il avait été d'humeur à rire, il ne serait sûrement pas resté hésitant à côté de la portière ouverte, prêt à soutenir une nouvelle fois son corps si léger sans trop savoir s'il le fallait. S'il accepterait une seconde fois ce contact trop humain.
Lui était prêt, non décidé à le laisser seul si tôt, malgré ses paroles, prêt à sentir sa peau contre la sienne - sans réagir. A sentir son odeur de cendres froides et d'alcool revenu - sans réagir. D'attraper le creux de ses côtes, sans frémir, simplement - simplement - pour le soutenir. Il le jurait.
Au ciel qu'il ne regardait plus, qu'il n'osait plus affronter.
Avec tout le cœur qu'il n'avait pas, avec tout son honneur déjà perdu.
Simplement pour le soutenir.
Il le jurait.
Revenir en haut Aller en bas
Daniel Harper
Daniel Harper

(i guess i thought you had the flavour) sily  Uev0
(i guess i thought you had the flavour) sily  Btoh

Messages : 202
Identité : les draps bleus/val.
Avatar : michiel huisman.
Crédits : ava © killer from a gang.

Âge : trente-huit ans.
Occupation : ancien capitaine de l'us army ; agent de sécurité à temps partiel, père indigne à temps complet.
Côté coeur : arme à gauche ; divorcé depuis des années, nuits bleues et drapeau blanc.
Quartier : harbor springs ; dans une vieille péniche amarrée sur le lac.

(i guess i thought you had the flavour) sily  Empty
MessageSujet: Re: (i guess i thought you had the flavour) sily    (i guess i thought you had the flavour) sily  EmptyVen 13 Avr - 1:17


- i guess i thought you had the flavour -
icons (c) SIAL / ft. @silas hawkins


Il y avait eu trop d’années. Trop d’années passées avec seulement la peau sur les os, et puis l’écume aux lèvres. Trop d’années à cacher son corps dans des vêtements trop grands, à claquer des portes et montrer des dents. Bête malheureuse prête à mordre au premier faux mouvement. La misère s’était effacée, mais jamais complètement. Elle dormait entre ses reins, elle rongeait au creux de ses côtes. Courbes de son corps soumises aux affres de sa vie. Un soucis, un doute. Et il perdait, toutes les réserves. Maigres défenses. Il oubliait à nouveau. La nécessité de manger, autre chose que la chair de ses amants. S’affamer et se nourrir de sueur, jusqu’à la prochaine tempête. La nausée ne partait jamais totalement. Le regard dans le flou, les ruelles vides. Il ne parlait pas, il ne répondait plus. Et pourtant, il aurait presque pu sentir. Toucher, matérialiser du bout des doigts la trajectoire de ses coups d’oeil. En se retenant, sans se débattre. Parce qu’il n’en avait plus la force, parce qu’il n’en avait plus la foi.

Je te raccompagne et tu te démerdes.
Il aurait ri.

Mais il ne riait pas.
Un roulement de ses prunelles noisettes.
S’attarder sur son chauffeur, rien qu’un instant.

Grand loup aux épaules larges et solides. La chemise immaculée et la barbe parfaitement taillée. Peut-être que c’était lui, lui qui le faisait avoir un peu plus froid à chaque instant. De la chair de poule, à fleur de peau. Ses phalanges blanchies autour du volant en cuir. Une moue, un rictus. Se cacher dans un jugement qu’il n’arrivait même plus à tenir. Trop fatigué, prêt à ramper. Un soupir. On est arrivés. Toujours pas de réponse. La portière ouverte, et sa carcasse dégingandée s’extirpant de la boîte de métal. Renifler, tenter de frotter son visage. Ses lèvres, son nez, ses yeux. De retrouver ses sens. De goûter l’air, de sentir l’odeur du trottoir humide, de voir la lumière dorée des petits matins. Un instant de vent, un instant de vide. Cils papillons tentant de faire le point. Les moucherons s’étaient mis à danser dans son champ de vision, redressé trop vite pour ses forces manquantes. Et depuis combien de temps t’as pas mangé ? Sans doute trop, jamais assez. Il avait forcément connu pire. Dans un autre temps, dans une autre vie. Mais il avait encore la force et la fougue d’un enfant. Le corps intact et le coeur battant.

Déglutition trop pénible.

Il y avait quelque chose de froissé, les sourcils froncés et les traits durcis. Quelque chose de froissé dans les tréfonds de lui. Et sa silhouette éphémère qui vacillait doucement au gré des brises, sans qu’il ne le réalise vraiment. Un pas en avant ou un pas en arrière, et il pouvait tout faire flancher. Embrasser le goudron et faire l’amour aux étoiles.

Se rappuyer à la voiture. Le dos contre le véhicule. Il ne savait pas trop comment. Il ne savait pas trop pourquoi. Pourquoi maintenant, il avait honte. D’être lui-même, et d’être ainsi. De tout ce qu’il avait toujours porté à bout de bras avec la plus grande des fiertés. Ses blessures, ses dégâts. Il tremblait. L’échine courbée, en essayant de respirer pour faire passer le mal de mer. Un sourire maladroit, le coin de ses lèvres retroussé. Montrer des canines. Et tout faire trop vite, trop lentement. S’il ouvrait la bouche, il devrait se justifier. Donner des remerciements, jurer qu’il s’en sortait. Mais son esprit embrumé cernait les évidences. Qu’il ne voulait rien de cela.

Qu’il ne savait même pas.
Qu’il ne savait même plus.

S’il les voulait réellement, ces traces sur son corps.
Les baisers mordus dans son cou, que l’on apercevait à l’orée de son t-shirt.
Les mains se baladant sur lui, et le sel sur sa langue.

Sa voix fluette.
Un souffle perdu.
Il ne l’avait pas retenu.

« Pas sûr qu’ça aille très bien- »

Ça s’endormait autour de lui.
Ça glissait, pire encore.

Les jambes en coton, ses pensées étouffées.

Du vide.
Revenir en haut Aller en bas
https://souslesetoiles.forumactif.com/t1320-a-l-aube-d https://souslesetoiles.forumactif.com/t1337-cri-des-loups-d
Contenu sponsorisé



(i guess i thought you had the flavour) sily  Empty
MessageSujet: Re: (i guess i thought you had the flavour) sily    (i guess i thought you had the flavour) sily  Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
(i guess i thought you had the flavour) sily
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» but you're not what you thought you were ☾ mia a.

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
sous les étoiles. :: ÉCLIPSE :: Anciens rps-
Sauter vers: