heart in the trenches, head in the heavens (Oli)

- la tête tournée vers les étoiles -Des lèvres sur les siennes et il les aime, oui, il les aime à la folie. Pas les mêmes lèvres que la semaine dernière, sûrement pas les mêmes que la semaine prochaine non plus. Ses amours ne durent jamais parce qu'elles sont volages, parce que si son coeur frémit devant un joli sourire, il y a tant de jolis sourires sur cette planète. Il voudrait les aimer toutes. Il les aime toutes. Son coeur vole de fleur en fleur, sans répit. Mais aujourd’hui c’est elle, Kristen et son cœur bat si fort, il donnerait le monde pour elle Oliver, les étoiles, la mer, tout en entier. Oui, peut-être bien qu’une autre l’aura remplacée dans quelques jours mais à cet instant elle est tout. Le passé est révolu et le futur viendra bien assez tôt, il n’y a que le présent, qu’elle et que lui, que le clapotis de l’eau sur la coque de son bateau, que le froissement des draps imprégnés de l’odeur de l’herbe – Oliver lui a roulé un joint quand elle est arrivée, quelques heures plus tôt, et il l’a regardée le fumer comme on regarderait la Joconde pour la première fois. Lui, il y a un moment qu’il a arrêté, il se contente de vendre ou dans ce cas de donner, et de regarder. La dernière fois, c’était avant qu’ils arrivent à Crescent Heights lui et sa bande de copains, un stop au hasard sur le cheminement à travers les USA. Il était descendu du van et n’y était jamais remonté, parce qu’il avait vu la vie là. Peut-être pas toute la vie. Peut-être juste un bout du chemin, une pause, peu importe ce qui suivrait. Il jurerait que dès son premier jour il avait croisé son regard à Kristen, il aurait juré la même chose avec Julie avant elle. Il avait construit quelque chose là, petit à petit, entre le refuge qui l’avait embauché pour s’occuper des chatons, le bateau qui avait achevé de le convaincre que sa vie était sur l’eau. C’est qu’elle lui manquait, l’eau, à lui, le garçon de Müritz. Peut-être bien que c’est parce qu’il avait grandi au bord du plus grand lac d’Allemagne qu’il n’a jamais eu les pieds sur terre. Et puis il y a eu Sophia, et Serena, et celle dont il a oublié le nom, et Julie. Oliver, il sait la réputation qu’il avait là-bas en Allemagne, celle de courir après les filles et les laisser tomber après avoir eu ce qu’il voulait. Personne n’avait jamais compris qu’il les aime, ces filles. Toutes ces filles. Il aime les écouter parler de ce qui les fait vibrer, voir leurs âmes briller comme les étoiles au fond de leurs yeux. Tous leurs yeux, tous leurs mots, toutes leurs jambes. Et en cet instant, Dieu qu’il aime Kristen et ses yeux rougis par la drogue et son petit rire, celui qu’elle ne fait que quand elle est stone, il n’y a que six jours qu’ils se fréquentent mais il l’a appris par cœur ce rire, comme le petit grain de beauté sur sa hanche droite. Il ne l’oubliera jamais, pas plus que la façon dont elle se moque de son accent ou de la façon dont il cherche parfois ses mots. Et la façon dont elle le regarde maintenant, comme il la regarde aussi. Comme si tout ça était fait pour durer toujours, comme s’il n’y avait rien d’autre que ces heures. Sans prévenir, elle roule par-dessus lui et manque de les faire tomber du lit, ils rient comme des gamins. Du bist prächtig, t'es belle qu’il lui dit, parce que ça l’embête quand il parle allemand, elle comprend pas Kristen. Elle lui donne une tape, alors il l’embrasse. J’apprendrai l’allemand quand tu me présenteras à ta famille. Peut-être bien. Peut-être bien qu’un jour, il enverra une carte postale à la maison. Papa, Maman, j’ai trouvé la femme de ma vie, une phrase qu’ils ont entendue des milliers de fois et sa petite sœur se foutra bien de lui parce que ce sera probablement la quarante-sixième femme de sa vie mais un jour, Oliver sait, ce sera vrai. Alors pourquoi pas elle.