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 nejma ☆ j'viens d'une ville où il n'y plus de loi, où il n'y a plus de roi

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MessageSujet: nejma ☆ j'viens d'une ville où il n'y plus de loi, où il n'y a plus de roi   nejma ☆ j'viens d'une ville où il n'y plus de loi, où il n'y a plus de roi EmptySam 23 Déc - 12:57


nejma tâhir
(she was a rose in the hands of those who had no intention of keeping her)
-- -- -- -- -- -- -- -- --
prénom et nom: nejma, ça veut dire étoile, en arabe, le dialecte qui coule dans tes veines, le dialecte de tes parents. nejma, l’enfant unique, l’enfant qu’ils ont eu tant de mal à concevoir, t’es leur bénédiction, leur malédiction ; ils pouvaient pas savoir les pauvres, pouvaient pas se douter de l’ironie d’un tel choix, leur étoile qui bien trop tôt devrait rejoindre l’étendue astrale. tâhir, les racines saoudiennes qui te suivent jusque dans ton patronyme, tu viens pas d’une nation où on laisse les mômes porter le nom de leur mère, le nom de ton père que t’as donc toujours porté, fièrement. âge et date de naissance: vingt-trois ans déjà que t’as ouvert tes prunelles sombres sur ce monde chaotique, vingt-trois ans que t’as poussé le premier cri, lancé le compte à rebours. c’était le sixième jour du mois de décembre 1994, un jour insignifiant aux yeux du monde, un jour béni pour tes parents qui avaient eu tant de mal à t’avoir, t’étais la survivante, celle qui aura réussi là où les deux bébés précédents auront échoué, incapables de rester dans le ventre maternel plus de deux mois. ils auront pas eu d’autre enfant après toi, pas par manque de volonté mais bien par incapacité, et avec le temps tu te dis qu’il aurait sans doute mieux valu pour eux que ta mère puisse porter une petit frère ou une petite sœur, au moins auraient-ils eu un autre enfant pour se consoler. lieu de naissance, origines: c’est en arabie saoudite que tu es née, enfant de la terre dorée et de l’astre ardent. les terres de tes ancêtres, les terres de tes parents, les terres où t’étais supposée rester, te marier, avoir à ton tour des enfants. mais le destin t’as appris à l’envoyer chier, à chambouler ce sur quoi tu peux encore exercer un semblant de contrôle, aujourd’hui cela fait longtemps que tu les as quittées ces terres. à jamais marquée, cependant, du sang arabe qui afflue dans tes veines. occupation: des années que t’enchaînes les p’tits boulots nejma, les p’tits boulots de merde, sans exigences spécifiques, sans avenir spécifique. à l’image de ta vie, finalement. les p’tits boulots dont tu raffoles pas mais vers lesquels tu te retournes toujours, immanquablement, dès que l’argent vient à manquer. en ce moment t’es barmaid, tu viens de commencer sans savoir si ça durera trois jours ou trois mois, mais y a les sous qui rentreront bientôt et c’est bien tout c’qui compte, même si toi t’aimerais bien bosser dans le journalisme, si on te laissait le choix c’est c’que tu ferais, si t’avais les qualifications nécessaires, si t’avais pas arrêté les cours à peine libérée du lycée. statut, orientation sexuelle: les hommes, y a bien que les hommes et leurs joues rugueuses, les bras puissants et les torses bien tracés pour susciter ton intérêt, éveiller ta curiosité. les hommes, y a toujours eu qu’eux, hier et demain. les hommes dans les lits desquels tu passes et tu repasses, le temps d’une nuit, un instant de vie accordé avant d’en disparaître tout aussi vite. t’as perdu le goût des attaches nejma, t’es légère, volatile, le cœur qui ne s’est plus enflammé depuis trop longtemps, un instant ton regard qui se fait charmeur, l’instant d’après tu t’es évanouie dans la nature. traits de caractère: t’as le cœur doux nejma, l’âme bonne, mais tu le caches. tu le dissimules ce bon fond, te donnerais presque des airs de garce, les lippes qui se font vénéneuses, les paroles assassines dès lors que tu deviens un peu trop proche des gens. l’attachement. c’est un truc que t’aimes pas ça, l’attachement, quelques années déjà que t’as appris à le fuir, à t’en méfier, t’en détacher. au fond, tu t’en fous de t’attacher aux autres ; c’est eux qui doivent pas s’attacher à toi, et malheureusement l’un va rarement sans l’autre. alors t’as les relations fugaces, superficielles, tu fous tout en l’air dès que ça devient un peu trop sérieux, un peu trop important. car faut pas qu’on s’attache à toi. car un jour, bientôt, trop tôt, bien trop tôt, tu partiras. tu partiras et t’as pas le choix, l’unique choix que t’as c’est le nombre d’âmes brisées que tu laisseras dans ton sillage, et si tu peux limiter la casse, si tu peux limiter le nombre de personnes que ton départ dévastera, tu comptes bien le faire. t’es pas asociale pour autant nejma, t’as le sourire charmeur au coin des lèvres, la lueur malicieuse au fond de la rétine qui facilitent grandement tes rapports aux autres, avant que t’envoies tout aux flammes de tes palabres. t'es sociable et pourtant t'en révèles pas trop à ton sujet, tu restes dans la surface, ton plus grand secret c'est ta maladie, t'en parles à personne parce que les gens ils comprendraient pas, ils pourraient pas comprendre que toi tu veux juste vivre une vie normale pour le peu de temps que t'as à passer sur cette terre. forte, tu l’es, depuis toujours, tu les ravales tes larmes, aimerais mieux mourir maintenant que de laisser quelqu’un te voir pleurer. alors bien sûr tu pleures nejma, t’es humaine après tout, t’as pas vraiment la vie rêvée au fond, la vie à l’échéance d’office réduite, mais toujours seule, à l’abri derrière une porte, dans le silence des lieux, depuis que, petite, ta tendre mère t’a expliqué que la vie c’était pas simple, que t’en ressortirais pas en un seul morceau si tu laissais tes yeux s’embuer et ton visage se détremper au premier obstacle. t’es tête brûlée, aussi, les mauvaises décisions que tu prends à la pelle, sur un coup de tête. les mauvaises décisions dans lesquelles t’es capable de t’enfermer des mois, des années durant, juste parce que t’es un peu trop têtue, un peu trop déterminée à vivre ta vie comme si elle pouvait s’arrêter demain. parce que te concernant, cet avertissement se vérifie plus que pour quiconque. ça te pousse à faire de belles conneries nejma, t’es pourtant loin d’être bête mais tu te comportes trop souvent comme une vraie abrutie, et la langue que t’as un peu trop bien pendue, les paroles que t’as un peu trop tendance à formuler sans réfléchir, sans prendre en compte les dégâts que tu pourrais faire sur ton passage. ça fait des années que t’as oublié comment on faisait pour la tourner sept fois dans sa bouche avant de parler, des années que tu prends un peu trop à cœur l’idée d’être détestée plutôt qu’aimée. groupe: pléiades

- la tête tournée vers les étoiles -




no one can rewrite the stars

une bombe à retardement. on est tous des bombes à retardement, condamnés à exploser un jour ou l’autre, à faire ses adieux à la terre qui nous a toujours portée. mais toi, nejma, toi t’es une bombe à retardement particulière, à croire que dieu t’a attribué le forfait économique juste avant de te lâcher dans le monde. nejma, t’étais pas encore née que t’étais déjà condamnée à mourir avant tous les autres. ils ont eu du mal à t’avoir, tes parents, les unions sous la couette infructueuses, les fausses couches à répétition, ils commençaient à désespérer de voir le  fruit de leur union rejoindre un jour le nid familial, n’y croyaient pas lorsqu’ils ont vu ton joli minois apparaître dans cette salle d’accouchement. t’étais un beau bébé, les joues rondes et le regard vif sitôt tes paupières ouvertes, ils se pensaient bénis du ciel tes parents, t’ont donné un nom d’étoile, à l’image de la myriade de promesses que tu constituais à leurs yeux.

et puis la désillusion. la nouvelle qui tombe comme un couperet, fait voler en éclats la joie euphorique des jeunes parents en peu de temps, si peu de temps après ta venue au monde. « il n’y a pas trente-six manières de vous l’annoncer… votre fille est atteinte de mucoviscidose, je suis désolé. ». tes parents ils savent alors pas ce que c’est qu’cette foutue maladie, comprennent juste que c’est grave, la voix et les paroles du médecin qui resteront à jamais gravées dans leur mémoire, l’ombre au tableau de ce jour béni des cieux. on leur a tout bien expliqué à tes pauvres parents, la maladie orpheline, incurable à ce jour, les risques et les complications, ton passage limité sur cette terre, le fait que leur bébé à peine né mourrait assurément avant eux. ils étaient dévastés, ils ont bien tenté d’en avoir d’autres des enfants après toi, avec acharnement, sans succès. cette recherche d’un second enfant, c’était même pas pour se consoler, pas totalement en tout cas, tu le sais, ils avaient toujours rêvé d’une famille nombreuse ; pour n’avoir, au final, qu’une gamine à date d’expiration précoce.

ils t’aimaient, tes parents, d’un amour fou, sans doute décuplé par ta fragilité. t’étais leur petite princesse de cristal, leur joyau à jamais fêlé, et cette faiblesse qui était la tienne – qui est toujours la tienne –, qui te faisait passer tant de temps entre les murs austères des  hôpitaux, cette faiblesse ils ont tenté de l’apprivoiser au mieux, tes pauvres parents qui n’avaient nullement signé pour cela. loin de se douter, de ta conception à aujourd’hui, de ce que deviendrait leur précieuse étoile.


'we're gonna be legends'

jamal. du plus loin que tu t’en souviennes, t’as toujours connu cette petite tête brune, ce regard sombre, et pour cause : vos mères étaient amies, vous n’aviez qu’une grosse année d’écart, le rapprochement était évident. jamal, le meilleur ami, le frère d’une autre mère, celui que tu n’as jamais eu. jamal et nejma, nejma et jamal, on parlait rarement de l’un sans mentionner l’autre tant vous étiez inséparables. toujours fourrés ensemble les gamins saoudiens, les après-midi entières passées ensemble, t’aimais bien quand il venait à la maison, que sa mère le laissait aux bons soins de la tienne. jamal, déjà à cette époque c’était une énigme ce garçon, déjà à cette époque il avait appris à se la fermer, à surtout pas livrer ses secrets. il avait des marques sur le corps que toi t’avais pas, dans ta tête c’était ton frère, vraiment, alors tu saisissais pas pourquoi il avait ces marques dont toi t’étais dépourvue. mais il en parlait jamais, répondait pas aux questions que tu lui posais, au début, et t’as vite appris à respecter ce silence.

nejma, à l’époque toi t’étais encore une petite boule de bonne humeur, la fatigue planante au détour d’une crise, la maladie et les traitements qui déjà t’entravaient, mais t’avais bien compris que pleurer dans les bras de ta mère en attendant la mort ne changerait pas le cours du destin. alors t’étais souriante nejma, le regard brillant et le contact facile, déjà à cet âge-là t’avais cette aura un peu trop charismatique qui t’attirait bien souvent la sympathie des inconnus. t’étais douce nejma, la gamine qui faisait pas de vagues, qui causait déjà bien assez de soucis à ses parents, creusait déjà bien trop de rides sur leurs fronts encore jeunes pour ajouter des emmerdes à l’équation.

sept ans elle aura duré cette amitié, cinq, si l’on compte à partir du moment où vous avez tous deux été doués de parole. sept années de pure complicité, sept années de jeux enfantins, sept années au cours desquelles chacun permettait à l’autre d’oublier au moins un peu les nuages planants au-dessus de leurs têtes. t’as un peu oublié nejma, les années qui ont filé depuis lors, les souvenirs juvéniles qui s’effacent au profit d’autres, plus frais, et pourtant y a des images qui demeurent à jamais gravées derrière tes rétines. les heures passées à l’abri sous un drap tendu au-dessus de vos têtes, tente, château, peu importe, improvisé entre les murs de la chambre, une lampe torche installée entre vous, les histoires racontées à voix basse, sur le ton de la confidence. les jeux et les éclats de rire, même quand vous étiez perdus dans la masse d’enfants ce lien particulier, cette amitié si forte était perceptible entre vous. les rayons de soleil infiltrés dans vos vies monochromes, des années où le bonheur a su clairsemer votre innocence déjà ébréchée.


all we do is sit in silence, waiting for a sign

et puis y a eu ce jour. ce jour de l’année 2002, ce jour comme un autre aux yeux de la gamine que t’étais, ce jour qui ajouterait un nuage de plus au tableau de ta vie. il avait pourtant été précédé de journées, de semaines entières plus heureuses que jamais, ton ami de toujours convié à habiter chez vous pour quelque temps, sans qu’il sache te dire pourquoi, sans que tes parentes acceptent de te révéler la raison d’un tel élan d’hospitalité à l’égard de celui que tu considérais comme un frère. y avait donc eu le bonheur avant le malheur, comme pour mieux te perdre, mieux fragiliser ton cœur balbutiant d’enfant. parce qu’il y a eu ce jour, ce jour où la mère de jamal est enfin reparue sur le pas de votre porte, des affaires plein les bras, a dit au garçonnet de te dire au revoir ; et c’est ce qu’il a fait, vous vous êtes fait vos adieux dans l’entrée de la maison, comme si de rien n’était, comme s’il ne s’agissait que d’un au revoir comme un autre, comme ces fois trop nombreuses où vous vous étiez salués au terme d’une après-midi de jeux pour mieux vous revoir le lendemain. vous vous êtes dit au revoir comme si vous alliez vous revoir bientôt, lorsque vous saviez, dans le fond, que ce n’était pas le cas. parce qu’il était des signes qui ne trompaient pas. la valise que sa mère avait posée à ses pieds. le regard qu’elle portait sur vous deux, sachant pertinemment l’attachement fraternel que vous aviez l’un pour l’autre. les sourires creux de vos génitrices, conscientes d’une réalité qui ne vous échappait qu’à moitié. et c’est là qu’il a à jamais disparu de ta vie, ta petite menotte serrée autour des doigts de ta mère, la sienne au creux de la main de sa génitrice, le dernier regard échangé lorsqu’il a tourné la tête en arrière, dans ta direction, un instant avant de disparaître au coin de ta rue. et la ruelle vide, toi et ta mère, seules, sur le pas de ta porte, la plaie béante du frère tout juste perdu.

au fond, tu savais déjà que jamais tu ne le reverrais. mais tu t’accrochais, continuais de croire avec cet espoir naïf propre aux enfants qu’un jour il reviendrait, p’t-être demain, p’t-être la semaine prochaine ou dans deux mois, mais qu’il reviendrait. parce qu’il pouvait pas être parti comme ça. il avait juste embarqué dans un voyage un peu trop long. oui, c’était ça, c’est c’que tu te répétais parce que ça pouvait être que ça. t’en as passé du temps dans ta chambre, nejma, tes maigres genoux rabattus contre ton cœur, la tête abandonnée sur les rotules, le regard perdu dans le vague. tu souriais un peu moins qu’avant nejma, la joie de vivre que tu t’efforçais de conserver, tu voulais surtout pas qu’on remarque le moindre changement chez toi, mais y avait bien l’éclat dans tes yeux qui avait un peu mouru avec le départ de jamal, et les larmes trop longtemps contenues qui ont roulé le long de tes joues rondes le soir où tu as compris que t’avais à jamais perdu ton meilleur ami.

les mois et les saisons ont passé, dans un néant complet de nouvelles de sa part. et, tristement, mais fort heureusement pour toi, t’as fini par t’habituer à son absence, bien que sa bouille de gosse perdu demeure toujours dans un coin de ta tête, pas assez grand pour qu’il t’obnubile, pas assez petit pour que tu l’oublies totalement. nejma, t’as bien grandi, petite fille est devenue adolescente, t’es arrivée à un âge que jamais on pensait que t’atteindrais, défiant les sombres pronostics de la maladie. t’as pas la vie facile nejma, les passages obligés à l’hôpital dans l’ombre de tes parents, les médocs et les soins peu ragoutants matin et soir, les crises et les coups de fatigues. t’as pas la vie facile et pourtant on te répète souvent que t’as de la chance dans ton malheur, petite étoile bénie que de parvenir à franchir les portes du lycée. t’es restée la même, dans le fond, la gamine positive qui fait pas de vague, t’es une gentille fille nejma, la tendance à te perdre un peu trop souvent dans les bouquins et dans l’écriture, ça fait un moment que t’as commencé, quand il est parti et que t’as appris à combler son absence en t’inventant des histoires. ils sont heureux tes parents, l’inquiétude toujours présente du fait de la mort planant au-dessus de tes épaisses mèches brunes, mais heureux d’avoir une enfant comme toi, calme, plutôt douée à l’école, un peu trop naïve sans doute mais cela ne fait tristement rien, puisque tu ne survivras pas assez longtemps pour être brisée par la cruauté des autres.


sad eyes bad guys mouth full of lies

nejma, tu as aujourd’hui dix-huit ans et le diplôme de fin de lycée en poche. t’as des rêves plein la tête, l’envie de pouvoir exercer tes talents dans la presse, l’idée d’intégrer une école de journalisme ; mais ces rêves t’en parles pas, parce que c’est contraire aux mentalités de ton pays, même chez toi on n’attend pas de ta petite personne que tu te bâtisses une carrière, t’as été à l’école et c’est très bien, papa et maman sont très contents mais il est désormais temps pour toi de trouver l’homme qui désirera te passer la bague au doigt et te faire des enfants avant que la maladie ne t’emporte pour de bon. alors tu les gardes pour toi ces désirs ardents, tu les préserves bien au chaud au fond de ton cœur ces espoirs trop purs pour la société qui est la tienne, et t’engages dans un nouvel été bien trop chaud en terres arabes. l’été de tes dix-huit ans.

c’est là que tu l’as rencontré. isaac, l’américain aux yeux clairs et à la chevelure sombre, isaac, vingt-deux ans et le mal dans les veines. isaac, il t’accoste dans cette ville qui est la tienne, cette ville qui t’a vue naître et que tu connais mieux que nulle autre. isaac, il a le charme exotique, le charme de la nouveauté, de l’inconnu, l’accent ricain à couper au couteau dans les quelques mots arabes qu’il connaît, qu’il t’accorde, la fascination candide pour ces lippes qui déblatèrent à toute allure un anglais que tu ne comprends qu’à moitié et le timbre un peu trop profond de sa voix. isaac il est charmant, plus qu’il ne le devrait, et l’été que tu passes avec lui à errer dans les rues de la ville, à vous cacher pour surtout pas qu’on te voit avec cet étranger, que des bruits courent et parviennent aux oreilles de tes chers parents. vous apprenez à vous connaître, du moins c’est c’que tu crois, parce qu’en vérité tu sais rien de lui, rien de bien concret, mais t’es trop naïve nejma et tu sombres entre ses bras ; et c’est ensemble, sans vous retourner, que vous vous envolez au terme de la saison, la môme bêtement tombée amoureuse du garçon contre lequel ses parents l’avaient toujours mise en garde, la môme fatiguée de ces terres n’offrant aucun avenir à son existence déjà limitée.


you can't wake up, this is not a dream

detroit, décembre 2016. seule dans la chambre d’un motel miteux, t’as le regard perdu vers la fenêtre, les mégots trop nombreux écrasés dans le cendrier à ta droite. t’as le regard perdu vers la fenêtre et tu repenses à ta vie, à ces dernières années, comme dans ces films à la con, si c’n’est que la vie c’est pas un putain de film, en vrai. quatre ans. ça fait quatre ans que t’as quitté l’arabie, quatre ans que t’y as pas remis les pieds. quatre ans que t’as pas revu tes parents. ça te fait pas plaisir, ils te manquent ces deux-là, et tu t’en veux de les priver de la présence de leur fille unique, mais parfois, l’absence vaut mieux que la déception. car ils seraient dévastés de voir c’que t’es devenue, comment t’as envoyé valser l’éducation et la religion qu’ils se sont efforcés de t’inculquer, cette religion dont t’as jamais rien eu à cirer, que tu pratiquais seulement pour leur retirer un souci de l’esprit. quatre ans. t’en as vu des choses en quatre ans, t’en as vu du monde en quatre ans, ce monde que t’as sillonné en long, en large et en travers, entraînée par la main par isaac. vous formiez un couple de vrais nomades, jamais deux mois au même endroit, sans cesse à la recherche de nouvelles aventures. il t’a poussé à les envoyer balader les limites qu’imposait ta maladie, sans que tu saches, avec le recul, si c’était pour toi qu’il faisait ça ou s’il en avait juste rien à faire de te voir clamser demain. terminée la vie sous cloche, la vie dans une bulle aseptisée ; tu l’as laissé te glisser une cigarette entre les lèvres en dépit de ta maladie, en dépit du mode de vie exemplaire qu’elle exigeait de toi, sans doute que tu l’aurais laissé te trancher les mains sourire aux lèvres s’il l’avait souhaité. t’étais amoureuse, nejma. t’étais amoureuse du mauvais garçon, et tu l’as laissé t’entraîner dans les voies des fêtes nocturnes et de tous les vices allant avec, avec pour seul prétexte que quitte à mourir demain, autant ne pas passer à côté de sa vie.

detroit, décembre 2016. c’est le soir de noël, cette fête que tu ne célébrais pas au pays mais qui est sur toutes les lèvres, ici, aux états-unis. c’est le soir de noël, et t’es toute seule dans cette chambre de motel, ton souffle chaud qui ricoche conte la vitre glacée, laisse un nuage de buée sur le verre. tu l’attends. ça fait des heures que tu l’attends, les cheveux emmêlés d’y avoir trop passé les doigts, le maquillage qui a coulé sous tes yeux cernés, et le cendrier plein à craquer. et t’as plus de clopes. le paquet vide que t’écrases au creux de ta main avant de le balancer à l’autre bout de la pièce étriquée, la colère qui monte, allant exponentielle avec la fatigue accumulée, la fatigue trop grande pour ton corps trop faible. tu penses pas, nejma, tu peux même pas te douter que plus jamais il reviendra, qu’isaac aussi il est parti sans laisser de traces, que lui aussi t’as laissé toute seule. il est parti lâchement, sans se retourner, le constat qui te tirera ces larmes trop rares chez toi, parce que t’étais amoureuse, parce que t’avais pas conscience de la toxicité de votre relation, parce que ça te prendra un peu trop longtemps de réaliser que t’es mieux sans lui pour te tirer vers les bas-fonds.

nejma, t’en ressors brisée de cette relation, t’en ressors grandie, également. la gamine naïve profondément enfouie au creux de ton âme, la jeune femme endurcie qui connaît aujourd’hui bien mieux le monde qui l’entoure, sait de quoi il en retourne, a goûté à ses vices. nejma, t’as gardé l’habitude de bouger tout le temps, jamais rester trop souvent dans la même ville, le même pays, la même région. pour subsister t’enchaînes les p’tits boulots de merde, parce que cet argent t’en as besoin, pas seulement pour avoir un toit sur la tête mais pour payer tes soins également, car t’as jamais cessé de te rendre à l’hôpital le plus proche pour recevoir les traitements nécessaires à ta survie, écoutant d’une oreille distraite les remontrances des médecins quant aux substances que tu pouvais ingurgiter. nejma, aujourd’hui tu t’es calmée, tu vis mieux depuis que t’es plus avec lui, tu sais même pas où il est passé, s’il est encore en vie ou pas, t’en as aucune idée et tu veux pas savoir. t’es pas la malade exemplaire, t’as toujours ce paquet de clopes au fond du sac que tu dégaines un peu trop facilement, t’hésites pas à sortir faire la fête dans les bars à la première occasion, mue par cette idée qu’il t’a insufflée et qui restera à jamais gravée dans ton âme : tu peux mourir demain, alors embrasse-la cette vie, embrase-la, t’empêches pas de vivre par crainte de la mort.


- SOYONS AMIS:


Dernière édition par Nejma Tâhir le Mar 26 Déc - 16:09, édité 14 fois
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MessageSujet: Re: nejma ☆ j'viens d'une ville où il n'y plus de loi, où il n'y a plus de roi   nejma ☆ j'viens d'une ville où il n'y plus de loi, où il n'y a plus de roi EmptySam 23 Déc - 13:15

Mashallah la beautey nejma ☆ j'viens d'une ville où il n'y plus de loi, où il n'y a plus de roi 2131253292

T'es belle comme le soleil keur keur sur toi nejma ☆ j'viens d'une ville où il n'y plus de loi, où il n'y a plus de roi 580860048
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MessageSujet: Re: nejma ☆ j'viens d'une ville où il n'y plus de loi, où il n'y a plus de roi   nejma ☆ j'viens d'une ville où il n'y plus de loi, où il n'y a plus de roi EmptySam 23 Déc - 13:20

@jax abalhadj merci mon khey nejma ☆ j'viens d'une ville où il n'y plus de loi, où il n'y a plus de roi 106783386 (j'profite de cette gentillesse parce que j'sais que ça durera pas nejma ☆ j'viens d'une ville où il n'y plus de loi, où il n'y a plus de roi 3081266174)
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MessageSujet: Re: nejma ☆ j'viens d'une ville où il n'y plus de loi, où il n'y a plus de roi   nejma ☆ j'viens d'une ville où il n'y plus de loi, où il n'y a plus de roi EmptySam 23 Déc - 13:53

omg selena nejma ☆ j'viens d'une ville où il n'y plus de loi, où il n'y a plus de roi 1465298122 gros gros coup de coeur sur le perso hein, hâte d'en lire plus nejma ☆ j'viens d'une ville où il n'y plus de loi, où il n'y a plus de roi 2401304177
et je vois que ça prévoit déjà des bêtises avec le pouilleux du dessus nejma ☆ j'viens d'une ville où il n'y plus de loi, où il n'y a plus de roi 3471968495
bienvenue par ici nejma ☆ j'viens d'une ville où il n'y plus de loi, où il n'y a plus de roi 3205217011
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MessageSujet: Re: nejma ☆ j'viens d'une ville où il n'y plus de loi, où il n'y a plus de roi   nejma ☆ j'viens d'une ville où il n'y plus de loi, où il n'y a plus de roi EmptyDim 24 Déc - 9:10

@nora campbell on est d'accord, selena is a goddess nejma ☆ j'viens d'une ville où il n'y plus de loi, où il n'y a plus de roi 1178104272 merci beaucoup, t'es toute mim's nejma ☆ j'viens d'une ville où il n'y plus de loi, où il n'y a plus de roi 2401304177
et des bêtises ? non, quelles bêtises ? j'vois pas du tout de quoi tu veux parler nejma ☆ j'viens d'une ville où il n'y plus de loi, où il n'y a plus de roi 1771637728


Dernière édition par Nejma Tâhir le Lun 25 Déc - 18:29, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: nejma ☆ j'viens d'une ville où il n'y plus de loi, où il n'y a plus de roi   nejma ☆ j'viens d'une ville où il n'y plus de loi, où il n'y a plus de roi EmptyLun 25 Déc - 4:07

aah mais ce pseudo ce prénom je hsggss
c'est beau quoi
t'es belle
puis c'est beau c'que tu nous écris là
bienvenue nejma ☆ j'viens d'une ville où il n'y plus de loi, où il n'y a plus de roi 4093837149
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MessageSujet: Re: nejma ☆ j'viens d'une ville où il n'y plus de loi, où il n'y a plus de roi   nejma ☆ j'viens d'une ville où il n'y plus de loi, où il n'y a plus de roi EmptyLun 25 Déc - 6:34

mais quelle fiche, quelle écriture nejma ☆ j'viens d'une ville où il n'y plus de loi, où il n'y a plus de roi 1465298122
je suis fan nejma ☆ j'viens d'une ville où il n'y plus de loi, où il n'y a plus de roi 3134258483
hâte d'en lire encore plus, bienvenuuuue ma belle! nejma ☆ j'viens d'une ville où il n'y plus de loi, où il n'y a plus de roi 2401304177
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Sil Myers
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Côté coeur : coeur à l'envers, qui fonctionne pas autrement que pour des amitiés fracassées
Quartier : le squatt du mauvais côté des rails, entassé avec une bande d'idiots

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MessageSujet: Re: nejma ☆ j'viens d'une ville où il n'y plus de loi, où il n'y a plus de roi   nejma ☆ j'viens d'une ville où il n'y plus de loi, où il n'y a plus de roi EmptyMar 26 Déc - 1:31

bienvenuuuuuuuue
t'es belle nejma ☆ j'viens d'une ville où il n'y plus de loi, où il n'y a plus de roi 1465298122

je sens que ça va être bien classe avec l'autre patate nejma ☆ j'viens d'une ville où il n'y plus de loi, où il n'y a plus de roi 2259225462
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Nikos Avergopulos
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MessageSujet: Re: nejma ☆ j'viens d'une ville où il n'y plus de loi, où il n'y a plus de roi   nejma ☆ j'viens d'une ville où il n'y plus de loi, où il n'y a plus de roi EmptyMar 26 Déc - 1:57

Ta fiche x Selena x le pseudo =  nejma ☆ j'viens d'une ville où il n'y plus de loi, où il n'y a plus de roi 1764388070
Je vois que Nejma est barmaid, elle pourrait l'être dans le pub moisi de Nikos et son père si ça te dit, ça nous ferait déjà un lien d'office.  nejma ☆ j'viens d'une ville où il n'y plus de loi, où il n'y a plus de roi 2517975244
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MessageSujet: Re: nejma ☆ j'viens d'une ville où il n'y plus de loi, où il n'y a plus de roi   nejma ☆ j'viens d'une ville où il n'y plus de loi, où il n'y a plus de roi EmptyMar 26 Déc - 7:16

merci mille fois, vous êtes des amours nejma ☆ j'viens d'une ville où il n'y plus de loi, où il n'y a plus de roi 580860048 (et vous êtes beaux vous aussi olala mais chut faut pas l'dire trop fort nejma ☆ j'viens d'une ville où il n'y plus de loi, où il n'y a plus de roi 1465298122)

@nikos avergopulos j'aime trop l'idée, ça pourrait donner lieu à des trucs bien sympas nejma ☆ j'viens d'une ville où il n'y plus de loi, où il n'y a plus de roi 3216242392 on pourra voir ça plus en détail une fois que je serais validée nejma ☆ j'viens d'une ville où il n'y plus de loi, où il n'y a plus de roi 1178104272
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MessageSujet: Re: nejma ☆ j'viens d'une ville où il n'y plus de loi, où il n'y a plus de roi   nejma ☆ j'viens d'une ville où il n'y plus de loi, où il n'y a plus de roi Empty

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