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 frightening sound (mila)

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Gemma de Salm
- mante religieuse -
Gemma de Salm

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Identité : ivy.
Avatar : petsch, bukowskank.
Crédits : amanda lovelace, hfk.

Âge : twenty-two.
Occupation : astrologer, resident witch at the local esoteric shop.
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Quartier : harbor springs.

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MessageSujet: frightening sound (mila)   frightening sound (mila) EmptyJeu 3 Mai - 10:47

the most frightening sound in the world
is your own heart beating.
no one likes to talk about that, but it is true.
in the midst of deep fear, it’s a secret beast
pounding a giant fist on some inner door,

demanding to get out.


Il n'y a pas de sonnette sur sa porte d'entrée. Parti pris, raison simple. Elle ne veut voir personne qu'elle n'attende pas déjà. Symptomatique d'une existence basée sur le destin, elle n'accorde aucune place à l'improviste. Gemma s'est autoproclamée terre de légende, seulement accessible aux plus méritants. Les visiteurs acceptés détiennent toujours un visa précis parmi deux possibilités : soit elle rentre avec eux, soit ils savent où est planquée la clé de secours. Jusque récemment, elle faisait peu dans la solitude. Il y avait presque toujours une forme sous ses draps, que ça soit les angles du fuckboy du jour ou les courbes confortables des filles. Une de ses habitudes a été ridiculement facile à abandonner, l'autre a laissé un gouffre de la taille du Nevada dans sa poitrine frêle. Dans son écrin de velours, désormais, elle est seule. Il n'y a personne à chasser au réveil du bout de son détachement glacial ni à border avec des phalanges d'où dégouline la révérence. Gemma a passé tant de temps à faire de sa dépendance une forteresse que le retour de bâton est violent. Jusque récemment, elle n'avait aucun mal à appeler la petite maison couverte de lierre chez elle. Elle pensait devoir tellement aux vieilles pierres, à l'agencement des planches de chêne que ses pieds nus ont fini par mémoriser, à la décoration chargée et baroque, représentation mobilière parfaite de l'intérieur de son crâne. Sa peau en négatif drapée contre le mur. Depuis la désertion, elle voit son boudoir pour ce qu'il est réellement, vide. Temporaire. Il appartient à l'old money de la ville, au même titre que le manoir de l'autre côté de l'allée, la Rolls rutilante garée devant et Gemma elle-même. Elle se pensait matérialiste sans y éprouver la moindre honte, mais il s'avère qu'elle n'en a strictement plus rien à foutre de ses tapis persans rares et précieux s'il n'y a personne pour se lover dessus. Les longues jambes nues dépassant de sous une couverture, ayant fini, il y a une bouteille et demie, par oublier à qui elles appartiennent. Même Nikos met très peu les pieds au manoir, ne s'aventure jamais à passer le portail, comme si leurs deux mondes clashent tellement que celui de Gemma lui refuse physiquement l'accès. Un accord tacite obsolète qu'elle voudrait révoquer mais ça impliquerait un degré de candeur qui dépasse ses capacités actuelles. Alors elle est seule, ce soir. Elles sont toutes parties. Putain. Les ayant négligé trop longtemps parmi la houle des tragédies récentes, Gemma a décidé de passer la soirée à plancher sur ses "responsabilités professionnelles" - ce qui, chez elle, implique une dizaine de cartes du ciel, une solide connexion internet et une encore plus solide paire de guillemets. Lorsqu'on frappe trois coups contre le carreau de la porte d'entrée, elle pense Edna, sa patronne, ou quelqu'un du personnel. Elle ne réalise pas tout de suite que, si c'était le cas, son visiteur serait entré sans plus de cérémonie. Sur le domaine, ils vivent dans les courants d'air des portes ouvertes ; les frontières de l'intimité sont ténues. Elle pense Edna car c'est la seule possibilité : les filles sont parties, Nikos s'en tient au portail, et elle n'a jamais laissé personne d'autre approcher de si près. "Mila." La réalisation tombe mollement contre ses pieds nus. Toujours vêtue de l'apathie que le décès de Cece lui a fait endosser, la surprise arrive avec deux secondes de contre-temps et, lorsqu'elle éclot sur les lèvres de Gemma, est aussitôt verrouillée. Sous contrôle. Le réflexe le plus terre-à-terre serait sans doute de lui demander comment elle a bien pu obtenir son adresse alors qu'elle ne connaît même pas son nom. Elle ne lui fait pas cet affront. Elles se ressemblent bien trop pour que Gemma ne sache instinctivement retracer ses pas. C'est précisément parce qu'elles se ressemblent tellement qu'elle décide de leur faire gagner du temps à toutes les deux. "Elle est pas ici." L'interrogation est évidente. Elle n'a pas besoin que Mila l'énonce pour être absolument certaine de ne pas détenir la réponse. Le visage neutre, vide et vidé, Gemma croise les bras autour de son kimono de soie, le resserrant machinalement contre sa poitrine. Elle a peur qu'à travers le tissu violet, Mila devine le pouls qui tambourine à la naissance de sa gorge. Le rythme embarrassant des espoirs ravalés précipitamment, de travers, jusqu'à ce qu'ils forment une saillie dans l’œsophage. Trois coups contre le carreau et autant de souhaits formulés en secret. Elle voulait un fantôme. Elle voulait une revenante. Elle voulait qu'on vienne pour elle.
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MessageSujet: Re: frightening sound (mila)   frightening sound (mila) EmptySam 5 Mai - 11:41

Gemma de Salm. Il avait fallu remuer ciel et terre, compléter les douzes tâches herculéennes, et s’immuniser contre l’impatience nécrosée qui lui striait les veines pour enfin parvenir à déposer des lettres et sonorités sur le visage somptueux de mystère. Elle espérait dénicher la clé pour enfin comprendre pourquoi, comment. Réussir à s’échapper de cette phase cinglante de déni où son esprit était constamment noyé sous une multitudes de questions, et aucune réponse pour les magnifier. Un mélange entre la culpabilité sourde de ne pas avoir réussi à la garder précieusement entre ses mains, et le besoin de déposer de la pommade sur l’écho écorché à vif. Parce que Mila était celle qui froissait, déchirait à souhait et abandonnait dès que le jeu était devenu lassant. Certainement pas l’inverse. Elle avait tenté d’imprimer son nom à l’encre indélébile, de tatouer les coeurs de manière permanente, mais ça n’avait pas été assez. Quelques nuits et averses pour purifier son corps de sa présence. Aussi peu que ça. Et quand les pensées assassines et la rancoeur noire s’étaient apaisées et ne suffisaient plus à combler le creux qui hululait à présent sous ses côtes, elle avait décidé de porter elle-même le coup final à cet embryon de relation qui se nécrosait déjà. D’instinct purement logique et en se calquant sur ses propres intuitions, elle avait cherché à retrouver celle qu’elle savait être susceptible de détenir les réponses. Peut-être même en être l’instigatrice première. Cette pièce rattachée au secret qu’elles avaient instauré entre elles, tout du moins  c’est ce qu’elle pensait, et qui l’avait confrontée éhontément au sinners. L’échange avait abandonné une amertume rance le long de la langue, une victoire trop fade pour être dégustée, et qui plus que tout avait déterré toutes les fêlures de cette liaison bancale proche de la rupture. Elle qui se plaisait à déposer des couches de doré sur leur image, s’était retrouvée bien étranglée devant le tableau noirci et éventré par une réalité crue et pas pré-mâchée. Elle avait cherché à retracer son chemin à partir de là où tout avait débuté, le Sinners parsemé des cendres encore fumantes de Kitty et Mila, le brasier ayant à peine eu le temps de crépiter avant d’être étouffé par les mains du destin. Quelques questions glissées au creux de tympans intéressés, quelques langues déliées par de l’argent, et une multitude d’informations qui finalement l’avaient menée ici. A l’embrasure de l’enfer, il lui semblait, les pupilles étudiant le décor imposant de ce qui semblait être sa demeure. Une représentation presque ironiquement parfaite de l’impression qu’elle lui avait donnée ce soir-là, démesurée et d’une magnificence noble. Gemma, de son prénom. Mila tente de l’apprivoiser au bout de sa bouche, d’y injecter une assurance infaillible pour éviter de succomber une nouvelle fois sous ses griffes ciselés. Elle se répète avec application religieuse qu’elle est certainement fautive, elle, qu’elle a poussé Kitty vers la sortie pour l’extirper d’un écrin qu’elle ne jugeait pas assez délicat pour elle. La psaume qui susurre que si c’était le cas, elle s’était trompée. Pourtant à l’instant où ses phalanges indiquent sa présence, que l’attente se délite éternellement jusqu’à que l’embrasure de la porte se dérobe pour dévoiler la récompense de ses recherches, c’est le voïd qui souffle dans son crâne. Gemma. Copie conforme de sa salutation trop brève pour ne pas transpirer de cette infime tension glissée entre elles, ses prochains mots lui arrachent presque un soupir. Presque, parce que c’était prévisible qu’elle sache. Le seul facteur commun c’est elle, plutôt c’était, et une affiliation un peu trop brumeuse au même homme. Et personne n’assume s’abaisser à une enquête pour discuter de son ex. Je sais. C’est toi que je cherchais. Même si au fond, sous les barrières d’épiderme et de squelette droits, c’est l’espoir faiblard de la retrouver de la retrouver au milieu du décor tracé derrière l’épaule de Gemma qui s’éteint. Début de résignation qui lui effleure l'échine, et les premiers soupçons de deuil qui éclatent dans le système en étudiant le visage moins scintillant de son interlocutrice. Elle y devine bien plus qu’avant, bien moins aussi. Sans trop de cérémonie, Mila ignore les règles de bienséance et se glisse entre son corps et la porte pour pénétrer à l’intérieur, violant effrontément ce que la raison édicterait comme étant le respect de propriété privée. Ce sont des pupilles piquées à la curiosité qui glissent dans l’ensemble de la pièce, brusquement nourrie à la finesse et le luxe qui transpire de la décoration. Je voulais savoir pourquoi. C’est tout ce dont j’ai besoin. Les précisions sont accessoires, la raison de sa venue déjà soulevée dès les premiers mots échangés. Mila cherche l’exutoire à des démons déjà disparus, mais qui continuent de lui hanter la carcasse.
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Gemma de Salm
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MessageSujet: Re: frightening sound (mila)   frightening sound (mila) EmptyMar 8 Mai - 10:24

Son prénom se glisse dans l'air entre eux, étendu comme une salutation et agité comme un trousseau de clés. Gemma plisse les lèvres. Sur la langue de Mila, sa propre identité lui à la fois inconnue et bardée de familiarité, comme entendre le nom de son pays dans une langue étrangère. Ce prénom entonné platement, réplique identique de la façon dont elle a accueillie Mila, Gemma le lit surtout comme l'assurance redondante que la brune aussi est capable de fouiner, gratter la terre meuble des bouches déliées jusqu'à y trouver des informations. N'importe qui aurait pu cracher son nom. Elle est imprudente avec lui, le dépose dans toutes les paumes et l'oublie dans toutes les bouches. La vraie question, c'est à qui Mila a bien pu s'adresser pour obtenir son adresse. Le secret n'est pas exactement férocement gardé, mais il demande un peu plus de détermination. Un peu moins de fierté. Pour poser la question à la volée au Sinners, il a fallu sacrifier quelques gouttes d'orgueil et bien que sa visiteuse se tienne là, le menton haut, encadrée par l'embrasure de la porte comme un tableau renaissant, Gemma peine à l'imaginer s'abaissant à ce type d'investigation. Précisément. Elles ne se connaissent pas. Elle ne peut pas l'imaginer, point. Ce n'est pas parce que Gemma a fabulé des ressemblances profondes entre elles façon jeu de sept erreurs qu'elle jouit d'une compréhension générale sur les us et coutumes de son espèce. Ce n'est pas parce qu'elles ont Nikos et Kitty en commun - un qui relie, l'autre qui oppose, mais Gemma ignore lequel a quel rôle, elle se la pose toujours cette foutue question - qu'elles partagent quoi que ce soit. Lorsque Gem lâche de but en blanc que Kitty n'est pas là, le visage de Mila s'écroule pour une fraction de seconde. Le tic est presque imperceptible mais en dit déjà trop long. Gemma ne se l'explique pas, mais ça cause un tiraillement discret dans son palpitant délabré. Mémoire musculaire du ventricule qui pompe du vide. Trop heureux de trouver un écho - même imaginé - sur les traits d'une autre. Gemma le musèle. Elle n'a pas le temps pour l'affection réticente et retorse, l'empathie sans invitation. Celle qui grimpe le long des flancs sans être vue et enfonce ses griffes à la base de la gorge lorsqu'on détourne les yeux. Agacée, Gemma balaie la compassion d'un mouvement agacé de poignet avant qu'elle ne trouve de prise. Lorsque Mila se pousse à l'intérieur de la maison - avec une certaine grâce, force est de le reconnaître - Gemma laisse échapper un rire sec. Elle l'aurait laissée entrer si elle avait seulement demandé gentiment. Faut croire que Mila a les réflexes de quelqu'un qui s'est souvent vu claquer la porte au nez. Ou qui préfère s'éviter de prendre le risque. "Personne ne le sait. Elle s'est barrée sans un mot." C'est la version officielle. La vérité clinique. Elle ne sait pas si Mila mérite davantage ; elle lui a avoué avoir quelqu'un. Kitty était son à-côté, ce que Gemma a toujours du mal à digérer, naïve et farouchement loyale alors même qu'elle a été abandonnée. C'est idiot mais c'est épidermique, de la même façon dont il est objectivement con de fermer délicatement la porte derrière Mila comme si elle avait été invitée à l'intérieur, comme si elle était la bienvenue, comme si Mila, debout dans sa cuisine, jetant un coup d’œil inquisiteur sur son rez-de-chaussée, c'était équivalent à enfermer un souvenir de Kitty entre les quatre murs qu'elle n'occupera jamais plus. Par fidélité à Kitty ou au genre féminin dans son ensemble, Gemma cède. Elle pousse un léger soupir, traverse la pièce jusqu'au comptoir en chêne de sa cuisine et y soulève un journal froissé, ouvert sur une photo de Cece, tout sourire, prise plusieurs années auparavant. Elle jette un regard à Mila, hésite une seconde. Il y une table ronde qui les sépare et, abdiquant son pouvoir, Gemma lance le journal sur la surface en mosaïque, devant le nez de Mila. Il atterrit entre son Mac, une pile de graphiques de constellations et des feuilles de sauge qui sèchent entre des pans de coton blanc. Le titre de l'article est risible, même à l'envers. Le visage enjoué de Cece dans l'encart tragique lui est trop inconnu pour être douloureux. Ce visage est faux, faux, archifaux, c'était pas elle ça, ça ne lui ressemble pas, c'est pas une poupée en noir et blanc qui a été "assassinée dans un hangar d'East Vista" mais sa soeur, sa putain de sœur. "T'as dû en entendre parler. On y était quand c'est arrivé. Ça nous a toutes retournées." Le ton est neutre, quasi télégrammique. Ce n'est pas l'histoire qui fait mal. Ce ne sont pas des mots baveux sur la pulpe épaisse du papier qui lui retournent l'estomac. Mila ne sait pas qui est ce 'on' auquel elle fait référence, mais elle n'en a pas besoin. Gemma se souvient plus ou moins d'avoir mentionné un 'nous' collectif, durant leur conversation dérobée au Sinners, un 'nous' qui les incluaient elle et Kitty, pluriel menaçant et œuvrant en coulisses. Gemma estime Mila suffisamment intelligente pour faire deux plus deux et comprendre qu'il faut compter Cece, tout sourire sur une demi page de la gazette locale, parmi les rangs. "Kitty en particulier. Je crois pas qu'elle aurait supporté de rester après ça." La vérité comme une offrande, complète et sans détours. Brève et dénuée d'émotions superflues. C'est une preuve de confiance de la part de Gemma. Elle qui s'est tant entichée de son propre mystère lui en cède quelques miettes. C'est une branche d'olivier aussi. Elles ont trop en commun toutes les deux, et Gemma est bien trop seule, bien trop désespérée, pour la laisser s'évanouir aussi soudainement qu'elle est arrivée.
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MessageSujet: Re: frightening sound (mila)   frightening sound (mila) EmptyVen 11 Mai - 14:19

Aujourd’hui, elle est drapée d’un vague à l’âme corrosif. Carcasse rouillée qui ne sent même plus la moisissure lui lécher l’épiderme, s’étonne simplement d’entendre la chair se grignoter à une vitesse si mirobolante. Elle pensait trouver le remède, foutue lépreuse au coeur dépecé par l’absence acide, et se retrouve acculée par le reflet grossit de sa propre peine qui hulule dans les remous du regard de Gemma. C’est subtil, presque parfaitement camouflé avec une splendeur qu’elle lui envie presque. Là où Mila s’étrangle à entasser les couches de faux-semblants jusqu’à s’en obstruer les pores, pour une simple crise d’égo froissé et peut-être juste un peu pour une lame engoncée dans son ventricule, Gemma a cette retenue qui coule quasiment naturellement des opales. Là où elle n’est qu’un tas de braises ardentes prêtes à s’enflammer à chaque murmure de zéphyr, elle lui offre toute la splendeur de ses cristaux de glace épais et in-ébréchable. Elle est certainement dans cette nuance subtile, l’essence de leur différence. L’opposition des éléments, la rencontre sulfureuse de ces éléments qui ne se mélangent normalement pas, mais qui ici s’épousent dans leur déchéance silencieuse. Mila ne croit pas en la moindre forme de destin, ni même d’un quelconque karma qui édicterait le déroulement de son existence. Aucune force supérieure qui remue les ficelles, aucune croyance sur laquelle gerber toute l’étendue de sa rancoeur et pointer le doigt céleste de la culpabilité. Non, à l’instant même où les opales étudient le visage muré de Gemma, c’est tout le poids de ses mots aiguisés qui reviennent lui taillader la chair. S’imprimer sous ses paupières, au fer brûlant. C’est de sa faute à elle et elle seule, ses mains qui n’étaient pas assez larges pour l’agripper, ses regards pas assez appuyés pour l’y garder emprisonnée dans la simple complaisance de sa présence. Juste un peu trop violent, ce heurt fracassant contre le mur de la réalité. Bercée par des illusions plus faciles à avaler et assimiler, quand elle voit à travers chacune des respirations de la nymphe que non, ça n’est pas sa faute à elle. Elle se retrouve sans martyre à strier de ses lamentations, à torturer dans la pénombre cinglante de sa chambre. Sans rien pour éponger les passions qu’elle sent gonfler sous la cage thoracique, menacer de déborder des lèvres. Mais ça n’est pas le lieu pour une inondation, pas alors qu’elle vient tout juste pour une raison obscure de s’immiscer à l’intérieur, braver les frontières qu’elle avait peut-être érigées. Mila est aveuglée, ne s’embarasse pas à lire entre les lignes et s’illusionne de ce qui l’arrange. Essaye, tout du moins. Nier les fioritures indésirables jusqu’à ce qu’elles se désincrustent et que sa propre vérité devienne universelle, mais elle sent bien vite que nager à contre-courant est plus épuisant, poumons arrachés par l’effort. Ses paroles ne font que confirmer la crainte qu’elle n’avait même pas osée prononcer, paraissant trop abrasive même du bout de ses lèvres piquées à la colère profonde. Elle ne sait pas. Pas réellement, en tout cas. Et c’est probablement pire que de devoir supporter une réponse douloureuse, de ne même pas en connaître les raisons. Elle ne peut pas tenter de redonner son éclat immaculé au tableau si elle n’est même pas familière avec la nature de la tâche qui lui bouffe la trame, autant s’user les phalanges jusqu’à ce que la boue écarlate ne recouvre le tout d’une teinte encore plus macabre. Pas de réponse qui éclate l’embouchure de ses lèvres, pas de son pour venir briser l’accalmie qui lui suinte des veines. C’est le silence creux de la confession, et elle est bien trop avide d’avoir plus à racoller au pourquoi qui lui souffle dans le crâne depuis quelques jours sans répit pour prendre le risque de la couper dans son élan. Et finalement, la réponse se trouve dans les craquelures d’un journal râpé, dans le monochrome dilué d’une photographie au grain épais. Le visage est bien vite attaché à des lettres, un nom qu’elle connaissait déjà avant même de le découvrir placardé d’un halo posthume. Vague connaissance, ou même simple inconnue qui avait déjà respiré le même air qu’elle, les appellations s’encastrent dans le marasme poisseux de souvenirs d’une époque qu’elle avait cherchée à étouffer. Oui, j'ai entendu. Je l’avais déjà croisée, quand - j’étais avec Nikos. Les mots s’écharpent sur le bout de ses papilles, ramenés à l’état de mutisme qui vrombit simplement dans son esprit à elle. Ca n’est certainement pas le moment de saler d’autres plaies quand les plus récentes sont encores béantes et dégoulinantes. Elle les voit maintenant, les invisibles qui strient l’épiderme d’ivoire, petites rainures écarlates qui tracent la cartographie d’un coeur ravalé trop fièrement à la surface. Et juste un instant, alors que son prénom à elle est encore emprisonné dans ses tympans, c’est le regard qui s’élude le long de son corps, arrondit où étire les courbes pour recréer la silhouette de l’absence sur elle. Elle perche le même éclat au fond de ses pupilles, colore ses pulpeuses de la même teinte particulière. La vision est autant délibératrice que souffreteuse, quelques couches illusoires de pommade pour une nouvelle déflagration qui remonte la colonne et paralyse les sens. Parce que dans le ‘on’ qu’elle lui a glissé, il y a le mélange de Kitty et Gemma, les souvenirs boueux d’une Cece écrasée sous le talon d’un destin qu’elle se refuse à reconnaître. Et sous les traits de Gemma, il y a Kitty, des parcelles d’elle qu’elle tente de gratter pour s’y accrocher furieusement. C’est peut-être de là qu’elle extirpe son audace, l’impudeur avortée des derniers fragments de Kitty qui palpitent encore avec la jugulaire, alors qu’elle se rapproche d’elle. Pas dans cette proximité toxique des premiers échanges, pas non plus dans une tentative hasardeuse d’incruster sa domination. Non. Là, c’est la main qui dépose ses empreintes contre son épaule, glisse jusqu’au poignet pour y apposer un semblant de réconfort. Essayer tout du moins, de réparer la faïence qu’elle devine fissurée, motivée par une alignation astrale obscure mais pourtant présente. Je suis désolée. Pour Kitty, Cece, et le reste. Le reste, c’est sa part de noirceur apposée contre sa poitrine, ses tentatives de blesser qui peut-être avaient trouvé un moyen de pénétrer jusqu’à l’organe. Et elle ne sait pas réllement pourquoi il est là, ce besoin mystérieux de chercher la connexion, pourquoi cette application damnée à s’agripper à elle. Arrière-goût de solitude qui effleure l’esprit, peut-être.
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MessageSujet: Re: frightening sound (mila)   frightening sound (mila) EmptyDim 27 Mai - 8:04

Sa gorge est sèche. Deux bras rigides, quatre rangées de cils humides. Elle se demande si c'est normal. Ayant toujours été protégée de tout et de tout le monde, claquemurée dans son manoir miniature et l'étreinte des filles, Gemma est novice de la vraie douleur. Elle découvre la perte. Elle se demande si c'est sain que la simple évocation du drame la frappe comme un crash autoroutier. Elle ne veut même pas savoir ce que la simple mention du prénom pourrait causer comme cyclone dans son stoïcisme entretenu à grandes peines. La confirmation de Mila reste en suspens, ravalée une fraction de seconde trop tard par sa génitrice, et Gemma ne se fend d'aucune réaction. Elle est lasse de cette rivalité fébrile qui n'en a jamais été une. Dans la conjecture actuelle de sa vie sociale, elle a tout sauf le luxe de se payer des nemesis. Bien sûr, elle aurait dû y penser. Si Mila est sortie avec Nikos, elle devait connaître Cece, au moins de vue, longtemps avant que le Sinners ne les fasse cohabiter entre les même quatre murs crades. Devant le silence précipité de Mila, Gemma lève un regard neutre jusqu'à elle, appuyé une seconde à peine avant de retomber mollement sur la table. C'est sa façon, peut-être absolument illisible, de lui dire qu'elle s'en fiche, que le prénom de Nikos n'aura aucune portée destructrice ici et maintenant, que leur perte en commun a suffi à remettre rapidement les choses en perspective. De lui expliquer que leur confrontation éclair contre le bar du Sinners n'aura laissé aucune séquelle, prémisse de catfight en antimatière dénué de toute conséquence. Sauf que ce n'est pas tout à fait vrai. Gemma n'est pas aussi mûre qu'elle se tue à essayer de le faire croire, et si d'aventure Mila laissait son attention tomber au creux de son poignet, elle s'apercevrait que la gourmette de Nikos n'y est plus. Ça devrait lui paraître futile désormais, elle voudrait tellement pouvoir se déclarer over it, grandie par la tragédie de sa solitude - sauf qu'elle se retrouve à craindre bêtement que Mila remarque le vide contre son radius, manifestement causé par son petit coup d'éclat au club. Comme mue par les inquiétudes objectivement risibles de Gemma, Mila s'avance et presse son soutien le long de la soie de son kimono, jusqu'à trouver de la peau sous la manche. Le contact est tiède, aussi réconfortant qu'il s'espérait, quoique parsemé de décharges et Gemma ignore si elle doit les attribuer à l'angoisse ridicule mais néanmoins présente que les doigts de Mila ne s'aperçoivent que la peau de Gemma ne porte plus le bracelet qui lui allait "de toute façon mieux à elle", ou s'il s'agit de son corps qui réagit contre l'impossibilité de ce moment, de Mila, ici, l'empathie peau contre peau, destination commune étrange de leurs existences en chassé croisé, finalement rapprochées par tout ce qui les sépare. Gemma garde les yeux baissés sur le regard statique de Cece, sa peau lisse contre le grain du papier. Elle hoche faiblement la tête. "Moi aussi." C'est son merci à elle, moins reconnaissant et, par conséquent, cent fois plus sincère. Elle aussi elle est désolée. Pour Mila, d'avoir perdu Kitty, mais surtout pour elle même, d'avoir tout perdu - du moins telle est la vue depuis le promontoire de solitude sur lequel elle se trouve. Une seule dénotation aura fait cinq victimes. Elle se compte parmi les pertes humaines. Quand elle reprend la parole, le ton est plus sec. La douleur étouffée sous la grandiloquence rigide. "Peut-être que c'est une bonne chose. Pour Kitty, je veux dire." Ses yeux rencontrent ceux de Mila, amers, mais elle se doute que son numéro de fermeté insolente est trahi par le fait qu'elle ne se soit pas désengagée de l'emprise. A vrai dire, elle est presque certaine de s'être rapprochée. Comme pour sceller la proximité, la main libre de Gemma se referme sur celle de Mila, emprisonne son potentiel mouvement de recul dans sa paume fraiche. "Elle mérite mieux que cette ville. Qu'être ton numéro deux." Mila peut simuler le détachement autant qu'elle veut, exactement comme elle l'a fait l'autre soir, elle n'a plus aucune prise. En frappant à la porte, elle a sacrifié toute prétention d'indifférence, et elles le savent aussi bien l'une que l'autre. Tant qu'elle a l'avantage et au risque de détruire ce moment bref d'attendrissement, Gemma enfonce la porte. "Tu l'aimais ?" C'est impulsif et ça ne mène à rien. Y a aucune foutue chance qu'une réponse à cette question-démangeaison, quelle qu'elle soit, n'apporte une forme d'apaisement. Peut-être qu'elle veut juste fraterniser. Se sortir les coudes du trou de manque dans lequel elle est tombée. Trouver un autre foutu cœur brisé sur lequel s'appuyer dans l'ascension, quitte à l'enfoncer dans la boue durant la manœuvre.
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MessageSujet: Re: frightening sound (mila)   frightening sound (mila) EmptyJeu 31 Mai - 8:32

Les insomnies amoncelées sous les yeux, modelées par le ressac de ce qui était et qui dorénavant n’est plus rien. S’accrocher désespérément à un corps vaporeux qui ne fait que se désintégrer en particules d’amertume entre les pulpes de ses doigts tremblotantes. Mila à tous les attraits d’un réel cimetière qui macule l’épiderme, pierres tombales emprisonnés dans les opales et soupirs mortuaires dans la trachée. Mais si elle se refuse à porter le noir du deuil, elle s’autorise bien à assumer le deuil d’un souvenir, l’érosion de son ego matraqué à coup de départ inopportun. Et s’imaginer des attraits et une courbure de conquérante n’est pas assez pour parfaire l’illusion sous le regard perçant de Gemma, pas quand sa propre solitude résonne avec dix fois plus d’intensité dans la vallée qui jalonne à présent les côtes de la rousse. Elle a presque l’impression de découvrir un reflet encore plus tailladé que le sien, vision prophétique d’une déchéance qu’elle entrevoit parfois entre deux paupières faiblement scellées. Gemma est la métaphore sanguinolente du désespoir qui l'érode doucement de ses vagues salées. Rivière pourpre qui lui éclate à la figure tant sa couleur est profonde. Lors de leur dernière entrevue, balbutiements de deux âmes étrangères qui s’effleurent pour une première fois, elle avait semblé immaculée, aveuglante d’une perfection opaline et délicate. Statue de marbre qui à présent semblait très légèrement fissurée, une galaxie d’interstices de par lesquels elle la voyait vraiment. Dénudée de tout artifice et vibrante d’une réalité tragique. Le contact qu’elle avait instauré entre elle prend la forme timide d’un armistice déposé au pas de sa porte, abandonné sur le paillasson et à sa surprise elle l’avait accepté sans cérémonie. Le cessez-le-feu déposé une pommade agréable contre les plaies purulentes, ses doigts qui enveloppent le poignet non pas dans un rapport de force égocentrique, mais plutôt piqué par l’intention honnête d’imprimer sa compréhension directement le long de sa peau. La mention ravalée à Nikos et aux dernières bribes de leur duo sacrifié sur l’autel de sa propre auto-destruction programmée ne semble pas chatouiller les vieux démons. Elle ne sent pas les nerfs s’embrouiller sous ses doigts, ni même le regard se voiler. À ses mots elle offre un hochement de tête grave, consciente qu’entre elle certains mots sont superflus et qu’elles n’ont pas à gaspiller de salive pour se comprendre. C’est instinctif, déroutant de facilité. Et elle réalise que même si leur collision pouvait certainement être létale et les happer dans le souffle de l’implosion, une fois les rancœurs désamorcées elles pourraient former un tandem somptueux. Racolées l’une à l’autre par des similitudes versées à même les veines, et définitivement soudées par ces différences spongieuses qui feraient office de colle de fortune. Et c’est peut-être - non certainement, la récente découverte des ravages que peut tracer la solitude le long d’un ventricule qui la pousse à chercher le contact, à s’agripper un peu plus à ces souffles d’humanité qu’elle glisse entre les lèvres à chaque nouvelle inspiration polluée par sa présence. Sans qu’elle n’ait envahi le flux de ses mots, la prochaine phrase se teinte d’une nouvelle couleur, nouvelle aspérité qui vient s’accrocher à sa poitrine souffreteuse. La réalisation qu’elle chassait à coup de colère épaisse et de faux-semblants en travers du faciès : ce qui est une damnation pour elle est certainement une délivrance pour Kitty. Échappée avant que le fléau Mila ne lui emprisonne totalement l’être et que les séquelles de Cece ne deviennent trop béantes pour être comblées. C’est là, déroutant de certitude noyée par une tournure ambitieuse de phrase, mais ça tambourine sous ses tympans. T’as certainement raison. J’ai juste un peu de mal à me réjouir pour quelqu’un qui m’a abandonnée. Et ce qu’elle tait c’est qu’elle a aussi beaucoup de mal à s’étrangler à coup de reproches acides quand il s’agit de Kitty. Probablement qu’elle le sait, le comprend même mieux qu’elle, ayant eu toute une éternité pour dompter toutes les différents courants qui ponctionnent le mystère que représentait l’évadée. Alors qu’elle en était restée au stade précurseur de l’effleurer simplement, à apprendre à appréhender l’enveloppe sans s’attarder trop sur sa contenance réelle. L’exploration charnelle pour contenter l’envie secrète de profondeur et de sincérité. C’était pas un vulgaire numéro deux, si ça peut te rassurer. Elle est simplement arrivée trop tard. Ou trop tôt. Mais la question la désarçonne, fait éclater toutes les stries de la surprise sur ses traits. Et coincée dans une réalité atrophiée où les sommeils sont éphémères et les remords titanesques, elle se surprend à avoir l’honnêteté bien glissée sous la langue. J’en sais rien. J’allais, peut-être. Mais pas autant que toi. Façon bancale et grossière de dévier l’attention d’elle. Le paradoxe est flagrant, Mila qui est d’habitude assoiffée de reconnaissance et de regards se complaît dans l’ignorance. Elle préfère s’accabler des peines de quelqu’un d’autre pour d’anesthésier par l’oubli des siennes. Et quand son regard dévie mollement vers son poignet ou l’étreinte légère est imprimée, elle est heurtée par la vision. Ou plutôt l’absence de vision de la gourmette qui y trônait de haut de son piédestal aux allures de punition. Le spectacle de tout ce dont elle s’était privée déposé comme un étendard sur la peau d’ivoire. Il mérite mieux, lui aussi. Tu devrais la remettre. Le prénom n’est toujours pas articulé mais il est tatoué de partout, sous ses doigts, contre sa bouche. Il n’y a pas une once de satisfaction qui l’effleure, pas un soupçon de fierté a l’idée de parvenir même des années après à toujours parvenir à avoir une influence même aussi dérisoire soit-elle sur sa vie. J’ai menti d’ailleurs. Elle te va mieux. Regard qui soutient le sien, les doigts qui se détachent de l’étreinte pour appuyer ses mots d’une sincérité absolue.
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