SIN & REED - Haute tension

haute tension
@Sinéad Harris & Reed Taylor

Trois chargeur y passent. Tu te dis qu'à la prochaine séance, tu l'interrogeras ponctuellement sur le nombre de balles qu'il lui reste, afin d'être certain qu'elle prenne le pli de ne jamais être prise de cour. La dernière fois que tu as oublié de compter, ça s'est fini à l’hôpital avec une épaule trouée ; en témoigne toujours la cicatrice sous ta manche. Harris décharge à tour de bras, comme toi quand tu sais que celui ou celle d'en face ne mérite pas mieux. Il y a quelque chose d'excitant à la voir s'affirmer de la sorte, elle qui n'est qu'un fantôme quand tu la baises. Tu te dis qu'elle devient plus dangereuse encore, que cette arme que tu lui donnes pour se défendre et canaliser sa haine se retournera peut-être contre toi, si ce n'est physiquement, tout du moins psychiquement. Apprend à une sirène l'alphabet de tes techniques de self contrôle et tu peux être sûr qu'elle te la fera à l'envers. Tenir ta parole est vraiment risqué et tu le sais. Dans la douceur de la nuit, tu évolues en équilibre précaire entre ce que tu veux et ce que tu ne veux pas. La magie de cette gamine : te faire escalader des barrières derrière lesquelles tu sais qu'il n'y a que la douleur qui t'attend. Hm. C'est tout ce que tu trouves à répondre à son merci car le " de rien " serait hypocrite. Trop d'enjeux de ton côté pour que sa reconnaissance ne soit pas justifiée, même si elle ne sait rien de tout ce que tu caches derrière ton silence lorsque tu récupères tes affaires pour rentrer. C'est le principe de fermer sa gueule : on ne donne pas d'explications, on ne se cherche pas d'excuses ouvertement.

Son cul balance tandis que la lune commence à voler la vedette au soleil. Dans sa lumière timide, encore striée de rayons rose et violet, tu regardes son ombre immense traverser tes jambes et tourner autour de son corps lorsque vous passez sous un lampadaire. L'envie de t'en griller se manifeste mais sa question te prend au dépourvu. T'arrêtant dans tes recherches du paquet de clopes, tu abandonnes l'idée et finis par la rattraper. Quelques enjambées suffisent. Harris ne fait pas d'efforts, provoque les conflits dans ton cerveau sans se soucier des répercutions sur ton sommeil. Elle ne comprend pas que tu ne pourrais pas t'empêcher de la venger, ne serait-ce que par principe ; parce qu'une folle qui tue une innocente est un gibier aussi bon à euthanasier qu'un chien mordant son maître. Pourtant, tu sais que les promesses engagent beaucoup trop de contraintes et que celle-ci serait lourde à accomplir parce que tu ne serais pas au clair avec toi-même au moment de tirer. Le faire pour toi ... où pour elle ? La réponse t'effraie, pue les ennuis à plein nez et t'incite à ne pas jeter de petit bois sur le feu qu'elle tente d'allumer en te prenant à ce point par les sentiments. M'oblige pas à te mentir. Tu ne la regardes pas, continues d'avancer sans pour autant perdre de vue ce que ses fesses et ses coups de feu ont fait naître de désir en toi. Bien sûr que la réponse est oui, même si tu préfères la laisser croire que non.

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Reed s'empresse de la rejoindre au même niveau qu'elle. Sin perchée sur son rail et lui à terre. Rare fois où elle le voit de haut, où elle peut prétendre à une certaine égalité même si ce n'est qu'illusion. Il met du temps à lui répondre, comme s'il cherchait à manier quelque chose dans sa tête, lui mettre des chaînes et se maîtriser d'un risque quelconque. Qui sait ce qui se trouve sous son crâne, ce qu'il fait subir à ses pensées mais aussi le reste de son corps. Est-ce qu'il est ce genre de type à passer des nuits blanches seulement parce qu'il se laisse ensevelir par ses névroses ? Derrière cette froideur se cache forcément quelque chose. Certains disent que c'est toujours du bon mais elle a pu voir que la glace peut protéger un brasier ou bien une autre couche de glace. Ce n'est pas parce qu'il est comme ça, profondément détaché de tout et surtout d'elle que rien ne subsiste là-dessous, chaque planète a sa forme de vie, aussi inutile soit-elle. Des micro organismes que l'on ne connaît peut-être pas encore mais qui se développent à leur façon, sans parler, sans réfléchir, sans se faire voir. Reed doit être l'une de ces planètes que personne n'a encore jamais foulé et que Sin fixe de ses yeux de gamine assassinée.
M'oblige pas à te mentir.
Elle lève les yeux au ciel, fixe la lune dans le gris du ciel, imagine ses cratères, la beauté de la vue lorsqu'on doit être perché sur elle. Elle s'imagine astronaute, seule, perdue dans un espace où personne ne saurait qu'elle existe. Un soupir quitte ses lèvres, pas déçu, simplement dépité, un semblant méprisant. Rien de méchant, une façon à elle de répéter tout ce qu'elle voit. Sin enregistre et répète ensuite. Okay. Voix basse, comme un souffle qui s'échappe de ses lèvres, qui lui montre qu'elle respecte sa décision de ne rien lui dire. Jamais l'orpheline ne l'obligera à dire quoi que ce soit. Elle a l'habitude des hommes et de leurs caractères complexes. L'équation Taylor est une énigme qu'elle se garde bien de résoudre. Elle est un infini qui accepte les limites des autres.

Les lumières de la ville se rapprochent et la végétation disparaît. Le son des quelques voitures traversant les rues en cette fin de journée résonne dans ses oreilles alors qu'elle traverse les hautes herbes qui lui piquent les jambes. Les cheveux en bataille, les chaussures pleine de terre sèche, elle reconnaît la bécane de Taylor qui lui rappelle l'autre soir à transpercer la nuit dans un silence réconfortant. Alors Taylor, c'est ici que nos chemins se séparent. Sa voix grave sonne comme si elle sortait d'un vieux western après un duel de cowboy. Les mains dans les poches, nonchalante, la face toujours pleine de vices et de provocations, Sin plante ses yeux dans les siens, ne lui laisse pas le choix cette fois. Elle joue une comédie qui ne lui fait aucun effet. Ce fut un plaisir de faire affaire avec vous. Ses mots filent en longueur, dégringolent de ses lèvres alors qu'elle jette un regard en direction d'une voiture. L'un de ses types, plus vieux que Reed, qu'elle a suffisamment entubé pour qu'il vienne la récupérer et la ramener à quelques rues de chez elle. Le coup se passera dans sa bagnole pour éviter d'avoir à le ramener chez lui, offrir à un inconnu son adresse. Parce qu'elle est comme ça, Sin, d'une logique insupportable : offrir son corps mais pas sa véritable identité.

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@Sinéad Harris & Reed Taylor

Okay.
Comme si elle disait à Amen. Parfois tu te surprends à te demander si elle les approuves tous comme ça. Ce qu'elle doit refouler comme curiosité pour ne jamais te demander de compte, malgré ses ratés maladroits qui font vaciller tes principes. Ou bien ce qu'elle doit s'en foutre royalement, puisque tu remarques une voiture venue la récupérer, un peu plus haut dans la rue.

La voila qui te met face à un cas de conscience, encore. Ce mec qui se dessine derrière le pare-soleil, tu pourrais lui montrer les dents que ça serait pareil : ton regard est si noir qu'il l'assassine sur place. Bêtement, au sens propre du terme, tu n'aimes pas voir les charognes tourner autour de ta gamelle. L'idée qu'il la saute alors qu'elle porte ton t-shirt te déplaît mais tu sais également que proposer à Harris de la ramener chez elle ne ferait que compliquer les choses. Pour elle, comme pour toi, c'est évident. Moment de réflexion, moue boudeuse qui se cache dernière une dernière clope que tu fumes en lui tendant le filtre si elle en veut car ton paquet est vide : il faut la partager.

Sur le même ton de cowboy qu'elle, tu lui réponds sans sourciller : On se revoit bientôt, Harris. Pour sa prochaine séance, la remise de son permis, toutes ces choses qu'il te reste à faire pour lui offrir un bouclier. Me reviens pas avec un coquard et dis-lui que j'ai sa plaque. Ça le fera débander.

Baiser interposé par salive qui s'échange au bout de la mort en barre que tu lui laisses, enfilant ton casque après avoir balancé les munitions dans la sacoche arrière. Le moteur gronde comme ta colère quand tu démarres, explose lorsque tu piques une accélération destinées à effrayer son amant. Reed Taylor disparaît dans la nuit, loup qui s'efface pour laisser sa biche se faire tirer par un autre tout en sachant que ce dernier angoissera de poser les mains sur elle. Pas besoin d'être franc pour arriver à tes fins ; parfois, tu sais aussi te montrer futé. Il faut bien que ta mauvaise réputation te serve à quelque chose, de temps en temps. Dans ton dos, l'arme encore tiède des doigts de la gamine sera ta seule caresse de la soirée. Tu prends la direction du port. Pas de sortie ce soir, tu préfères être seul pour repenser à ce cour particulier. Si l'insomnie s'en mêle, tu iras à la chasse. Tirer de nuit, t'as toujours aimé.

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Elle remarque sans peine les mouvements de Taylor, son besoin de se mettre en avant alors qu'un autre l'attend dans son dos à quelques mètres de là et qu'il voit tout de la scène. La clope partagée n'est rien de plus qu'une provocation que Sin accepte parce qu'elle sait que celui qui posera ses mains sur elle ce soir aura en tête les traits Reed. Le visage d'un sembable, le sujet glissant qui les unie tous. Les hommes avec qui elle couche savent qu'il y en a d'autres mais ne supportent pas de les voir se matérialiser. Ils ont alors sans cesse l'impression de ne plus être aussi spécial, de perdre une part de leur pouvoir sur la gamine qui en réalité les berne tous. Aucun n'aura jamais un semblant de pouvoir sur qui elle est, ce qu'elle représente. Sin ne se laissera pas délaver par l'un d'entre eux parce qu'elle sait qu'à ce jeu là, elle est la plus douée pour s'écorcher. Autodestructrice, elle plante ses pupilles dans celles de Taylor qui ne voit pas qu'elle accepterait de planter l'autre pour lui, de grimper à l'arrière de sa bécane et rentrer chez elle. Peut-être même lui donnerait-elle l'autorisation de lui mettre des doigts avant de partir et qu'ils termineraient chacun de leur côté ; elle la sensation de ses phalanges dans son corps, lui son odeur sous les ongles. Lorsqu'il monte sur sa bécane avec ses airs de cowboy et de type capable du pire, ses pupilles l'accompagnent, le suivent jusque dans sa façon de prendre son inspiration, de cligner des yeux. Sinéad acquiesce parce que tous deux savent qu'elle ne dira rien. La bouche close, le mégot termine par terre tandis que l'engin décolle. Son corps toujours hanté de l'écho des balles entre dans la voiture où sa soirée sera semblable à beaucoup trop d'autres : bercée par le sexe et la solitude.

[...]

Entre les murs du space motel du night falls, au milieu des meubles recouverts de poussières et de seringues, la musique résonne dans ses tympans. Fête improvisée au milieu d'un bâtiment qui donne plus l'air de vouloir s'effondrer que tenir encore le coup. La gamine traîne sa carcasse à la recherche d'une nouvelle proie, son corps attaché à un autre dont elle ne regarde même pas le visage. Son nez plongé dans le cou de la môme à marquer sa peau de ses lèvres comme si elle était sienne, la brune resserre l'emprise de ses doigts sur les fesses du type qui gémit comme le porc qu'il est entre ses cuisses. Enfant accro à la chair, ses pupilles dilatées s'ouvrent sur un monde qui tourne autour d'elle sans les regarder. Les autres sont tellement défoncés qu'ils doivent tout juste se souvenir de leur prénom tandis qu'elle se laisse avoir dans un canapé sale et puant. Dans l'hallucination des autres, Sinéad n'a pas besoin de faire semblant, d'ouvrir la bouche ou même de lâcher le moindre bruit. Son coeur est un monstre insatiable lorsque la fourmilière sous acide s'emballe entre pièces et escaliers. Dans le brouahaha, elle parvient à déceler un 'les flics' qui lui grille les neurones. Froide, colérique, ses mains repoussent le type une première fois, puis une seconde, jusqu'à retrouver sa liberté. Le temps pour elle de remettre en place ses vêtements qu'une lumière éclaire sa tignasse, la lampe d'un connard à ses trousses. Déstabilisée par son corps en état second, elle parvient tout de même à distinguer le visage de Reed dans une pièce, sa large silhouette demandant aux clochards drogués de quitter les lieux tandis que certains tentent de défier son autorité. Plus d'une semaine qu'ils se sont quittés après la séance de tir. Son regard noir a tout juste le temps de croiser le sien que son corps se précipite hors du bâtiment, absorbée par sa fuite mise à l'épreuve par un de ses collègues. Le souffle coupé, ce n'est qu'une fois dehors que l'orpheline calme les battements de son coeur, stoppée au coin de la rue, le dos calé contre le mur humide d'une bâtisse tout aussi abandonnée que le motel de nightfalls.

Succube en fuite à l'aura détestable, les traces d'un inconnu incrustées sur sa gorge, elle lève les yeux au ciel, les ferme pour se rappeler la fraîcheur de la nuit. Sinéad a la sensation que ses pêchés la quittent, que tous ses vices la laissent tomber, se détachent d'elle comme si un type venait la découper en morceau, enlever d'elle ce qui la rend si obsessionnelle de ce qui ne la fait même pas jouir. Habituée à son odeur, à ce que dégage son visage, l'orpheline ne capte même plus la substance déstabilisante qu'elle sécrète. Ses yeux s'arrachent brutalement à la nuit pour se poser en direction du motel où elle entend dans la nuit des pas se précipiter vers elle. Déterminée à ne pas finir la nuit au poste, ses pas s'emballent sous la lumière des lampadaires, la fait apparaître puis disparaître alors que la drogue et lui donne la sensation d'aller vite tandis qu'elle perd déjà en vitesse.

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@Sinéad Harris & Reed Taylor

Putain d'intervention. Besoin d'un chef pour guider la meute. Gros bras de services mis sous tes ordres pour descente dans les bas quartiers. A la fois tu soupires d'avoir été réveillé pour être mis sur ce coup, à la fois tu venges ton sommeil avorté en violentant joyeusement les déchets responsables de ce bordel. Il y a ici toute la crasse de la ville, des connards en puissance et d'autres certifiés, qui sortent de taule où n'ont pas encore eu l'occasion d'y aller. Rien de bon à tirer de tout ça mais la satisfaction de leur casser leur délire de drogué comme leur petite fête à interrompu ton sommeil récupérateur.

Ciel noir de jais, gyrophares allumés, lumières rouge et bleu illuminant l'hôtel et ses environs. Vous êtes plusieurs, on ne sait jamais. Tu veux bien en butter plusieurs si ça dégénèrent mais t'es pas con au point d'aller au casse pipe sans porte flingue à tes côtés. On apprend plein de choses dans la police. N'en font le bien que ceux qui le veulent. Pour ta part, tu en fais ce qu'il te plait. A l'intérieur, il suffit d'un regard pour te faire lever le nez. Tu là vois un peu plus loin, pourrais presque sentir l'odeur de ses cheveux tandis que ton pouce forçait son indexe à presser la détente. Elle n'a visiblement pas envie de te voir, les traces de suçons sur son cou en témoignent. La voilà qui détale, tu siffles entre tes doigts. Connoly ! Il se retourne comme un chien reconnaissant son maître. Je m'en occupe. Tu bouscules un toxico pour partir à la poursuite de Harris en râlant dans ta barbe, affichant une autorité militaire qui dissimule aux yeux de tes collègues la moutarde qui te monte au nez. Qu'est-ce qu'elle foutait dans cette fête glauque ? Ca sert bien à quelque chose de lui apprendre à tirer si c'est pour qu'elle aille risquer la mort dans ce genre de soirées.

Le souffle est au rendez-vous malgré les nombreux paquets de cigarettes que tu consumes jour après jour ; il faut dire que tu l'entretiens en joggings quotidiens pour ne jamais perdre en vitesse derrière les criminels. Lorsque tu la rattrapes dans la fraîcheur de la nuit, sortant ton flingue pour lui faire peur, tu lui poses le canon à l'arrière de la tête et la force à se foutre à genoux avant de lui envoyer la lumière de ta torche dans les yeux. Qu'elle se souvienne de ce que ça fait de se faire serrée par les flics ; peut-être pour lui passer l'envie de recommencer ses conneries. Tiens. Affichant un calme olympien malgré un léger essoufflement. Harris. Comme si tu étais surpris de la voir et ne la reconnaissais que maintenant. Je t'avais pas reconnue. Retirant le canon, l'aidant à se redresser et lui tendant une clope avec nonchalance, tout dans ton attitude témoigne du fait que ce genre de méthodes musclées fait partie de ton quotidien et encore plus lorsque tu es en service.

Première bouffée recrachée en direction des étoiles, méditatif sans pour autant être inspiré par leur charme incontestable. A quelques rues de vous, on entend les sirènes faisant disparaître la vermine comme des cafards. Tu aimes ce genre de bordel. Une fois bien réveillé, tu retrouves toujours l'adrénaline des battues et de la violence primaire qui font de ton métier une part importante de ton existence. J'ai reçu ton permis de port d'armes. Sarcastique. L'idée c'est que tu ne te fasses pas prendre défoncée si tu veux pouvoir porter une arme. Raisons pour lesquelles tu ne bois pas et ne te drogues pas non plus. Ca tombe sous le sens.

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@Sinéad Harris & Reed Taylor

Cette gosse est suicidaire, tu l'as deviné dès l'instant où tu l'as vu, mais tu ne t'attendais pas à ce qu'elle en vienne à l'assumer ouvertement. Dans l'obscurité de la nuit, la peau sublimée par la couleur des gyrophares, Harris se montre vénéneuse à souhait, encouragée par la drogue que tu devines dans ses pupilles dilatées. Elle s'accroche à ton col pour te le rappeler, négliger ton autorité avec toute l'insolence de son pouvoir de séduction sur toi. Tu la regardes approcher en jetant ta clope à peine entamée, conscient que les choses sérieuses commencent, que ce n'est pas le moment de merder. Son souffle à quelques centimètres du tien te fait frémir. Tu te verrais bien la retourner contre le mur et la baiser sauvagement pour la punir de son inconscience autant que de son infidélité mais ces instincts n'ont pas a te dominer. Si tu la laisses te tenir par la queue, t'es foutu. Alors tu la choppes à la gorge, hypnotisé par ses lèvres mais soucieux de ne pas déraper. Rien de trop violent, une prise qui se perd dans une sensualité que tu ne contrôles pas, toi qui n'es que brusquerie d'habitude. Tes gestes sont comme ralentis, rendus fondants par son aura démoniaque. Il te faut faire preuve de volonté pour ne pas abuser d'elle. Quand elle t'allume comme ça, difficile de garder le recul nécessaire pour te dire que c'est la drogue qui parle.

- Et moi j'en ai rien à foutre des queues que tu te tapes. Ton bras se tend, met de la distance entre vos visages pour te permettre de retrouver des idées claires. Cette fille essaye de t'ensorceler, te rappelle qu'elle n'a plus rien à perdre. C'est une information que tu ne veux pas assimiler. Cette dernière te donnerait trop de prétextes à te rapprocher d'elle, à te dire qu'elle s'en fout de finir assassinée, elle aussi. Retourne à poil au commissariat si t'as envie de baiser. Ca craint ici, c'est tout ce que je dis. Tes collègues ne bandent plus que par elle depuis la dernière fois. Ils seront toujours mieux que des junkies dont tu n'imagines même pas les MST. Elle en aura pour ses chaleurs. Quant aux tiennes, tu les refoules parce qu'il le faut, alors que tu te sens déjà durcir dans ton pantalon. Ne pas lui laisser l'occasion de te faire penser avec ta bite sinon c'est perdu d'avance, tu sais que tu céderas.

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Reed la remet en place et c'est ce qu'elle attendait de lui. Un sourire se dessine sur ses lèvres, sale, satisfait, de quoi lui montrer qu'elle aura toujours ce qu'elle désire. Le coup d'avance, Sin l'a parce qu'elle n'attend rien de lui. Encore essoufflée, elle ne répond pas, plongée dans son délire qui décuple ses  névroses. Poupée de glace qui accepte qu'on la traite comme une pute mais qui refuse qu'on s'en prenne à elle autrement que par le sexe. Ses doigts autour de son cou la rendent folle. Elle a la sensation d'être prise au piège, voit à la place de Taylor le visage de ceux qui ont tenté de la soumettre ou de la ridiculiser. C'est dans une ruelle identique que l'autre connard avait incrusté sa main dans sa culotte dans l'espoir d'abuser d'elle. Le flic lui donne uniquement le droit de se taire par ce geste. Elle se débat, bête sauvage qui supporte mal les chaînes. Est-ce qu'il voit défiler dans ses yeux tout ce par quoi elle est passée ? Est-ce qu'il ressent ses haines qu'elle a transformé en silence pour n'emmerder personne ? A force de bouffer ses poings, de fermer les yeux et garder pour elle ses plaies, il y a sa malédiction qui la quitte. La claque que l'orpheline donne au flic est un geste presque primitif. Elle se défend d'un potentiel danger en sachant qu'elle n'aura jamais le dessus. Lâche-moi. Sa voix est teintée d'une panique évidente.

Le cœur au bord des lèvres, Sin peine à reprendre son souffle mais redresse le flingue qu'elle lui a dérobé durant leur rapprochement pour le poser sur son front. Recule. Ses doigts sont tremblants, preuve évidente qu'elle le craint et qu'elle le voit comme un potentiel danger. La brune ressent encore la pression de ses doigts sur sa gorge.

Le néon d'un vieux magasin brille d’un rouge éclatant, rendant sur son passage leur teint de la même couleur. Acculée, elle enlève le cran de sécurité  avec la même habileté qu'il lui a montré quelques jours plus tôt. Sin a la sensation d'être dans un cauchemar, plantée derrière le canon à se poser les questions qu'il fait soudainement naître en elle.
Est-ce que tu es certaine de le vouloir ?
Son corps réagit immédiatement lorsque cette pensée traverse son cerveau, c'est comme se recevoir une flèche empoisonnée. Elle la sent entre ses chairs, son passage est insupportable mais elle sait aussi que seul Reed pourra lui enlever. Son dos se plaque un peu plus au mur alors qu'elle regrette en silence de ne pas pouvoir changer la matière de son corps, devenir une statue aussi froide que le reste de cette rue qui ne lui viendra pas en aide. La nuit aspire ses craintes, met en avant l’agressivité de Reed. Elle la pompe tandis qu'elle le nourrit.
Sa bestialité est aussi vicieuse qu'elle.

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@Sinéad Harris & Reed Taylor

Ca se passe en une fraction de seconde. Tu réalises ce que tu es en train de faire et sors de ton délire éveillé lorsqu'elle te vise en paniquant. Tu viens de te montrer violent avec elle en dehors du plumard. T'as merdé avant même d'avoir eu le temps de t'en rendre compte.

Le flingue se tourne vers toi, tu n'as même pas envie de résister, déçu de toi lorsqu'elle te met face à ta violence si semblable à celle de ton père qu'une flamme vacille dans tes yeux. Harris vient de te foutre un genou au sol. Mentalement, tu essuies la balle qu'elle t'envoie en plein coeur sans même avoir à presser la détente. Envahi des souvenirs de l'autre soir où le canon encore fumant caressait tes côtes avant que tu ne l’amènes jusqu'à ta tempe, tu la fixes dans le silence le plus total, parfaitement immobile, tenu en respect par la violence de son geste non pas physique mais mentale. Elle ne se rend pas compte de l'état dans lequel elle te met. Incroyable ironie du sort balançant sur ton chemin cette gamine aussi orpheline que toi, la voulant défoncée lorsqu'elle parvient à faire tomber une barrière, probablement trop stone pour s'en souvenir demain.

- Calme-toi Les mains levées en signe de réédition. Je voulais seulement te faire peur. La même excuse que lui lorsqu'il revenait te voir en pleurant après t'avoir tabassé. Putain, tu te dégoûtes quand tu lui ressembles à ce point. En prendre conscience te rend mauvais, aussi défoncé qu'elle au mazoute de ton âme d'enfant sacrifié sur l'autel de la violence. Mais si tu penses que je le mérite, vas-y, hésite pas. Revenant sur tes pas, ta main se tend vers le canon tremblant pour accompagner son chemin jusqu'à ta poitrine tandis que l'autre reste en l'air, innocente de tout coup fourré. Ton regard dans le sien, tu es froid comme un glaçon qui se donne l'impression d'être en train de décongeler de ses propres faux semblants.

T'es pas un mec bien. T'es même très certainement un connard. Ta logique a des ratés que tu caches astucieusement chaque jour que tu restes en vie à être un assassin et un type violent pendant que tu prétends laver ce monde des mecs comme toi. Mais puisque t'as merdé dès le départ en la laissant te prendre ton arme alors allons-y : tu t'en remets à son jugement. Il ne vaut pas moins que le tien, après tout. Tu n'as rien de plus à perdre qu'elle dans cette histoire. Une vie c'est quoi ? Une balle qui part et on n'en parle plus. Quand on joue, il faut accepter de perdre. La vie est une chasse où tout prédateur sait qu'il y aura toujours plus fort que lui. Ce soir, tes démons ont l'avantage sur ta raison. Ils la fauchent en plein vol comme tu tires les pigeons.

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Elle le voit vaincu sous ses yeux, les mains en l'air, le regard qui sait qu'il a déconné et ses doigts se figent. Sin devient une statue tenant une arme capable de lui faire péter la cafetière. Taylor lui demande de se calmer parce que c'est finalement l'unique pouvoir qu'il puisse avec sur elle, un flingue entre les doigts, sa colère placardée sur le visage mais aussi diffuse dans l'entièreté de son corps. Sinéad ose à peine battre des paupières pour être certaine de ne rien rater de lui. Elle laisse durer les secondes entre eux où elle ne dit rien, comme si elle procédait méticuleusement à son jugement et que la sentence pouvait devenir terrible. Le regard dur, la môme ne tremble plus, devient aussi sûre que lui lorsqu'il est sur le point de tuer l'un de ces connards sous le masque de la loi.
Elle se sent justicière. Elle pourrait le descendre ici, finir en taule parce que sa parole ne vaudrait rien contre la mort d'un flic. C'est même précisément ce détail qui la fait réagir et baisser son flingue. Dans son mutisme, une part de Sin tente d'analyser l'homme qui lui fait face. Qui est-il réellement ? Au delà du rôle de flic ? Il y a forcément une personnalité propre à lui, des plaies qu'il tente de soigner sans jamais y arriver, des griffures empoisonnées qui le paralysent parfois.

Sin garde entre ses doigts le flingue, s'habitue à la présence du métal contre sa main et se détache du mur. Suis-moi. Ils ne peuvent pas rester là, à la vue de tous alors qu'une descente de flics vient d'avoir lieu à quelques mètres d'ici. Elle connaît bien le coin pour y avoir vécu par le passé, dans cette même maison qui se dessine dans l'obscurité de la nuit. Un bâtiment délabré que l'on n'a jamais essayé de vendre. Personne ne veut d'un lieu qui a habité la mort. Imagine une famille voulant faire grandir leurs enfants au milieu des traces de sang et de balles dans les murs. Tu peux mettre du plâtre, nettoyer, son passé ne s'en ira pas. Devant la porte, un cadenas qu'elle n'hésite pas à faire sauter d'une balle. Le morceau de bois grinçant ne résiste pas plus pour les laisser entrer. Sin n'était encore jamais revenue ici et se surprend à observer les traces blanches au sol, certainement là que le corps de sa soeur était allongée. Même dans la nuit, les traces de sangs séchés lui sautent aux yeux. Bizarrement, elle pensait se sentir étouffée par la présence des fantômes mais il en est tout autre : elle est soulagée de rentrer chez elle après tout ce temps. A l'étage, c'est là que ses parents se sont fait assassiner. C'est aussi là-haut que se trouve sa chambre d'enfant, vierge de toute sauvagerie, pleine de souvenirs. Son regard se tourne instinctivement vers la cuisine où elle se rend d'un pas agile. Ses pupilles se tournent vers Reed, plus fascinée, calmée aussi. S'il a lu son dossier, lui aussi doit savoir que c'est grâce à ce minuscule meuble si elle est encore là, une arme à la main et le regard figé dans l'horreur de ses pensées.

Ses fesses terminent par prendre place sur le plan de travail. L'obscurité laisse deviner sa silhouette. Les fenêtres ont été recouvertes d'une peinture blanche pour empêcher les curieux de s'y attarder. Personne n'a osé jusque là faire sauter portes ou carreaux pour venir entre ses murs. La peur de ce qu'ils pouvaient y trouver certainement plus forte que la curiosité. J'ai vu dans ton regard que tu avais quelque chose à te reprocher. Pas d'accusations, pas alors que son propre frère est à l'origine de tout cela et qu'elle trouve encore moyen de s'occuper de lui. C'est ça ton fardeau ? Frapper des femmes qui ne peuvent pas se rebeller ? Nouvelle supposition alors qu'elle cale entre ses lèvres une clope et qu'elle fixe sa silhouette de son regard plein d'un érotisme dont elle ne peut se défaire, surtout pas en sa présence. Le timbre de sa voix est aussi celui d'un démon vicieux. Tu te caches de quoi Reed ? Elle lui tend sa clope pour lui montrer qu'elle ne cherche pas à l'éloigner.