à l'eau amer (teddie)

obscurité latente, obscurité dévorante. néant de tout, présence pour rien. même les rayons paresseux d'une lueur d'aube trop lent à venir ne pourra la percer. obscurité entêtante mais comme hier, à la fenêtre les rideaux ne sont pas tirés. jamais. comme une promesse d'enfant craintif, comme une porte ouverte jamais refermée. ou alors une sortie jamais empruntée. noir de la nuit, noir après le soir, noir sous les draps, dans le cocon brûlant d'un sommeil qui s'éteint. au loin le soleil a décidé de se lever, et comme chaque matin il lavera le noir de ta tête, il effacera le noir de la nuit, gommera les idées et la crasses qui vient s'accumuler comme la poussière sur tes neurones. mauvaises pensées qui se retireront comme les créatures de la nuit qui s'éloignent à pas feutré. ne jamais rencontré le soleil, ne jamais se montrer. oh bien sur Teddie tu tromperas tout le monde avec ce sourire doré, bien sur Teddie que tu rassureras tout le monde en disant que tu as juste trop travaillé sur des devoirs inachevés, que t'es bien loin des insomnies. il suffit de rien pour perturber les quelques heures de calme qui sont venu s’interposer entre toi et ton cerveau torturé, mettre en silence la douleur de coup que tu penses ne pas avoir mérité. mais la vérité, c'est que toi aussi la nuit tu te mets à douter. la vérité, c'est que le soleil qui repousse ton sommeil, ramène ce Teddie à la carrure bien lustrée. debout voyou, bientôt sonnera la cloche d'une messe dominicale habituelle. ... le café vient à bout du brouillard,et ta voix sans défaut à bout des regards hésitant d'une mère culpabilisante. les mêmes habitudes, une tasse, les banalités, et un programme pour la journée.

programme qui dévie, qui déraille, programme qui passe à la poubelle bien chiffonné par des symboles envoyés qui ont le souffle d'une Sid éloignée. c'est comme s'il n'avait jamais existé ce programme tant l'instant de réflexion est minime. au revoir les promesses d'une messe sage sur les bancs de l'église, à ignorer les regards envieux de ces filles qui n'entendent que les louanges de leur parents sur ce beau parti que tes parents ont construit. adieu les jolis mots latin d'un prête qui te connait trop bien, et des textes qui tu as finit par presque reconnaître sans effort. plus la peine d'enfiler ce pantalon bien repassé, un jean fait l'affaire avec une chemise qui viendra couvrir assez de peau pour avoir toujours l'air aussi solaire. Teddie la publicité ambulante qui déambule sous le soleil d'un dimanche à l'abandon. demande technologique d'une présence qui n'en est que plus réelle, elle a ce don morbide de ramener les mauvais souvenir, la peine, l'absence, le vide d'un ami et la souffrance de celle-ci. elle a le don sans le vouloir de créer la culpabilité, de te sentir mal alors que face à elle tu n'en as pas le monopole. Sid elle a gratter doucement sur ta peau sans qu'elle le remarque, elle a construit dans ton corps un besoin d'être présent, juste à l'endroit où l'amitié masculine de sa moitié siégeait. culpabilité de le regretter, toi qui comparé à elle n'était qu'un semi étranger... volonté de la voir, l'entendre, la regarder, laisser le temps passer, voir sa douleur doucement l'enchainer. alors tu mets pas longtemps à la rejoindre, à voir sa silhouette au dessus de l'eau. magnétique et attractive, elle t'agrippe pour arriver jusqu'à destination. t'es matinale... "bonjour, salut, ça va ? je sais que la réponse est non, alors non, non ça va pas." tu te passes de banalités, prenant de droit place les fesses à ses côtés, l'eau qui vient doucement clapoter en dessous de tes semelles de vans bien traitées. j'aime bien que tu m’appâtes à coups de pancakes. t'aimes bien qu'elle t'appâtes tout court Teddie, qu'elle t'appelle, qu'elle te demande, qu'elle te parle, qu'elle parle. simplement.