la rage au ventre - teddie & sil

La tête à l’envers et l’envie d’vomir. Tu sais plus comment avancer droit. Alors tu t’enfonces. Un peu plus profondément à chaque pas. Tu te durcies. T’es obligé. Heureusement, les flics ont jamais su que c’était vous. Nora et toi. Surtout toi. Mais les autres, ils s’en doutent. Ça a pété et c’est Ike qu’a pris. Salement blessé. Puis il y a disparu des radars lui aussi. Et toi tu t’es retrouvé là. Comme un con. Sans lui. Sans elle. La tête et le coeur à l’envers. Sans job. Sans rien.

T’avais pas foutu les pieds dans les combats de boxe depuis un moment. Et maintenant, t’y passes tout ton temps libre. Et peu importe que tu t’fasses casser la gueule. Peu importe que tu gagnes ou que tu perdes. Peu importe que tu finisses le sourire aux lèvres ou la bouche en sang. C’est ton seul moyen d’savoir que t’es encore vivant. De plus voir la flaque de sang se répandre autour de lui. D’oublier son absence qui te crève le coeur. Et puis ces pépitos qui ramollissent parce que t’oses pas les manger de peur qu’elle revienne.

Y’a Tim qu’est encore là. Quelque part dans ce bar. Tu vois plus tellement droit, mais il doit être quelque part. A coté d’toi, y’a une fille. Elle a l’air belle. Et puis elle a l’air de s’emmerder. Alors forcément, tu fonces tête baissée. Parce que tu sais faire que ça. Sourire aux lèvres, tu lui offres un verre. Elle refuse un peu gênée. Au début. Puis finalement, elle accepte. Tu la vois regarder sa montre. Encore et encore. Elle dit qu’elle a un petit copain. Il parait que les absents ont toujours tord. Sauf quand ils finissent par arriver. Quand ils apprécient pas qu’un autre drague leur copine. Alors, ça part en couille. Une remarque mal placée et c’est la guerre qui commencent. La colère de ta vie qui déconne se retrouve au bout de tes poings. Et tu répliques. Fort. Tu frappes encore et encore. Tu frappes comme tu pourrais l’faire sur le ring. Tu fais fuir la noirceur les poings serrés et la rage au ventre. Sa gueule en sang et les vigiles qui te maintiennent avec force pour t’empêcher de frapper encore. Chien sauvage.

tu sais plus très bien combien de journée sont passés, tu as oublié de compter quand la lune pointait son nez Teddie. tu s oublié la notion des heures, du temps, les jours qui filent et le monde qui bouge. comme en avance rapide, ou bien sur pause, tu as oublié de regarder. comme plongé dans un livre, asphyxie de l'esprit tu n'as pas pris garde à rester attentif au dehors. dehors, le monde qui continue d'avancer; et le blond que tu es, plongé dans une spirale qui n'avait plus de temporalité. il y a eut le téléphone qui peu à peu s'est remplit de message, d'appel, d'interrogation et de demande sans réponse. il y a eut la lumière du jour qui parfois ne dépassait pas les volets, puis parfois les rayons de la lune qui éclairait quelques insomnies. tu ne sais pas dire si ça a duré une éternité, ou juste un instant... en réalité ça n'a été que dix jours... de quoi trouver des excuses, de quoi laisser le monde indifférent quand tu as repensé à coiffer tes cheveux, enfiler une veste et répondre au téléphone. tout c'est éclipsé dans ta tête, les nuages, l'obscurité, la morosité. passage à vide que t'arrives pas à expliquer, que tu gardes sous silence prétextant une grippe, un voyage, des occupations; selon l'auditoire, selon la légèreté. Teddie soleil est revenu jusqu'à dans ta tête et t t'ais résolu à ne plus y penser. t'as mit ça sous clé, comme l'incident chez les flics; tu as fuis la colocation retrouver le "cocon familial" durant un temps. la vie est revenue comme si rien était, mauvaise passe oubliée.

il a fallut peu de temps pour que tu reprennes le rythme; une seule journée au final. et après tout a été rapide, assez rapide pour que tu finisses pas reprendre tes sorties quotidiennes, sourire colgate et légèreté tant envié d'un gars qui n'a peu de chose à se préoccuper. des amis, une bière, et une belle soirée. c'est comme ça que tu l'imagines alors que tu finis par coincer tes cheveux sous une casquette retournée; t'attrape une veste au passage avant de filer dehors et d'apprécier l'air encore assez chaud de cette fin de saison. petit air de skateur trop fin, à la gueule angélique et au pas sautillant; tout du gars populaire et sympa, nerd sur les bords mais à qui on pardonnerait tout. Teddie perfection qu'on te dit. un brin en retard, tu finis par te glisser entre les gens essayant de fuir l'agitation pour t'enfoncer dans le bar. t'essayes sans trop y réussir avant de finir par comprendre que c'est pas du à la foule, mais juste à la violence plus loin. violence, coups et bagarres, agitation et agression. si tu pouvais fuir ça serait encore mieux mais la tignasse blonde et la gueule sous le sang ont raison de tes bonnes intentions. t'aimerais pouvoir t'en foutre. mais il s'agite, l'agitateur qui n'a jamais su apprendre de ses erreurs. tu tangues, hésitation qui essaye d'avoir raison sur les pulsions. mais t'es maudit Teddie, et tu finis par te glisser avec trop d'aisance entre deux personnes. trois pas seulement avant de réussir à être à hauteur des vigiles, avant de finir par arriver près de lui. Sil ? ça gesticule, ça voit rouge... propulsion vers le passé. Sil, arrêtes ! ton visage est épargné de son bras qui se débat que part la vitesse du vigile alors que ta main finit par attraper son bras à lui. souvenir d'un passé que t'as tellement essayé de changer. arrêtes ça va rien changer. l'histoire, la raison, le coupable... t'en sais rien. mais de la violence tu as toujours pensé la même chose, de ce blond t'as toujours espérer la meilleure des versions.

Tu encaisses le coup qui commence déjà à faire bruler ta pommette. Il y a ce léger sourire satisfait qui se dessine sur son visage. Un sourire qui vient réveiller la colère qui gronde au creux de ton ventre. Tu passes ta langue sur le bord de tes lèvres, sentant le gout du sang se répandre dans ta bouche. Il commence à se détourner de toi, pensant naïvement avoir eu le dernier mot. Mais c’est sans compter la rage qui s’éveille. Le ventre qui se transforme en brasier. Le premier coup est violent. Inattendu. C’est son abdomen qui prend en premier. De quoi lui couper la respiration. Tu vois la surprise dans son regard. Fuck you. Il est qui pour te frapper hein ? Il est qui ? S’il savait ce que tes mains avaient fait, il viendrait pas te chercher. S’il savait, il aurait réfléchis à deux fois avant de frapper en premier. Et le temps d’un instant, tu te retrouves dans ce bois. Une nouvelle fois. Sang sur les mains. Présent, passé. Tu sais plus mais tu vois rouge. Tu réfléchis par vraiment à la suite. La réalité se tare pour ne laisser que la sensation de ton poing contre sa peau. Ton pied contre son genou qui le met à tête et toi qui frappe. Une fois. Deux fois. Trois fois. Tu peux sentir les os de son nez se briser sous tes phalanges qui hurlent. Et son sang qui giclent sur ton teeshirt qui, à l’origine, devait être blanc. Tu sais pas combien de temps ne s’écoule avant qu’on finisse par te tirer en arrière. Tu cherches à te libérer de toutes tes forces. Tu frappes. Tu gueules. Et tu vois rien d’autre que sa gueule en sang qui a perdu son sourire. Tu l’entends pas sa voix. T’entends plus que la colère au creux de ton ventre et ton coeur qui bat dans ta pommette douloureuse.

Et puis finalement, parmi le bordel de ton cerveau, ya ton prénom entre ses lèvres. Y’a sa main sur ton bras. Théo. Théo est là. Et y’a cette vague de culpabilité qui vient t’assaillir avec presque autant de violence que la premier coup. Tu te calmes. T’arrêtes de te débattre. Pourtant, le vigile te lâche pas. Tu finis par cracher avec une agressivité difficile à dissimuler « C’est bon lâchez moi ! » Mais non. On te lâche pas. Ou du moins, pas avant de t’avoir amené dehors. L’impuissance te fout de nouveau en rogne. L’injustice. C’est même pas toi qui a commencé à frapper. Et pourtant, c’est toi qu’on fout dehors. Comme toujours. « C’est lui qui m’a frappé en premier putain ! » Tu te tournes pour voir si Teddie est toujours là. Pourquoi il est là ? Est ce qu’il était même vraiment là ? Peut-être que tu tournes vraiment taré … Peut-être que c’est ta façon à toi de savoir qu’il faut s’arrêter. Ton prénom entre ses lèvres.

Spoiler:

comme un boomerang du passé, ton geste à le même effet qu'il y a des années. mais le lieu et la situation ne te laissent pas le temps d'y songer. tes doigts sur son bras, son corps aussi crispé et pourtant le mouvement s'arrête là. comme une pause ? si t'étais capable de remarquer le pouvoir que t'avais sur lui, avec les années t'était persuadé qu'il avait été piétiner, réduit à néant par le caractère de Sil. pourtant il s'arrête, à défaut de se calmer. et toi ta main elle s'éloigne de ses muscles qui hurlent pour reprendre leur activité. t'as pas la carrure pour le retenir Teddie.
en doux homme avisé, le vigile le lâche pas. pire encore le voilà à le tirer vers la sortie sans même laissé à Sil la possibilité de répliquer. faut dire que le gars, il fait 2 fois ta taille, 3 fois ta carrure. lui c'est sur qu'il a pas besoin des mots et du passé pour le bloquer. t'hésites Teddie. à te fondre dans la masse. à passer outre. à passer loin. t'as jamais aimé cette facette de lui, si t'as été amoureux de beaucoup de chose chez lui, sa violence elle t'a toujours rebuté. terrifié ? tu aimerais te foutre du monde entier, tourner le dos aux gens comme lui il a toujours su le faire. soupire. tes pas qui se glissent dans ceux de l'armoire à glace. porte de sortie, froid hivernal. des semaines que tu l'as pas croisé le blond, il fallait que ce soit un de ses démons qui fasse surface pour venir te rencontrer. C’est lui qui m’a frappé en premier putain ! toi t'es sur le pas de la porte, assistant d'une distance saine à sa colère destructrice. le vigile grogne; ça te fait un peu marrer Teddie mais c'est pas le moment. il lui lance qu'il a pas intérêt à remettre les pieds dedans. il tourne le dos, un regard mauvais sur le visage. toi t'es spectateur. tu l'as toujours été, le rôle de celui qui agit t'as toujours échappé. tu croises son regard. trop bleu. trop colérique. Sil dans toute sa splendeur, avec sa fougue et ses réactions en triple passion. t'hésites, mais tu fais un pas en avant pour que finalement la porte se referme. tu restes silencieux un temps. à le fixer lui à sa respiration saccadée, lui et les éclairs qu'il te lance. comme si t'étais l'instigateur. peut-être que tu l'es, mais pour d'autres problèmes. y'a des choses qui ne changent pas... tu réponds simplement. t'es même plus sur de vouloir jouer la moral avec lui. t'es plus sur d'avoir d'impact sur ce qu'il peut penser. t'étais pas obligé de continuer.. ou bien pisser dans un violon Teddie.

Tu sais pas ce qu’il veut et ça t’rend fou. Pourquoi il t’fixe comme ça, bordel ? Il a pas mieux à faire ? Genre se balader à poil ou une connerie comme ça ? Non, il préfère venir te juger avec sa petite gueule de gamin parfait. Qu’est ce qu’il fout là d’ailleurs ? Il pouvait pas continuer à t’éviter ? Ou est ce que c’était toi qui l’évitait ? Putain, t’as la gueule en vrac. L’adrénaline t’a permis de pouvoir frapper sans voir double, mais maintenant que l’euphorie du combat redescend, l’ivresse reprend ses droits. “Et le laisser me casser la gueule sans rien dire ?” Tu lâches un rire teinté d’ironie. Tu réalises même pas ce que tes mots peuvent vouloir dire pour lui. Lui qui s’est toujours fait casser la gueule sans rien dire. T’as jamais vraiment réfléchi à ça. A ta façon si viscérale de ne pas te laisser faire. C’était déjà présent avant lui, mais c’est devenu probablement un poil disproportionné.

Tu sors une clope en te laissant aller contre le mur. T’hésites encore entre poser ton cul là, mais il fait pas chaud et tu sens que si tu t’assoies, t’auras plus jamais le courage de te lever. Ton regard est toujours rivé sur lui quand t’essayes d’allumer ta cigarette, la protégeant comme tu peux du vent. “Fait chier” T’y arrives pas et t’as actuellement aucune patience. Comme si t’en avais beaucoup plus en temps normal.

“Tu veux quoi ? Une médaille pour m’avoir arrêté ?” Tu regrettes tes mots dès qu’ils sortent de ta bouche. Trop agressifs. Pourtant, ils ont le talent de poser le doigt sur ce détail qui te fait bien plus chier que tu le voudrais. Tu sais pas comment c’est possible. Tu sais même pas ce qui s’est passé. Ton prénom dans sa bouche et tes poings s’affaissaient. L’idée même qu’il ai encore autant de pouvoir sur toi aujourd’hui te tord le ventre.

Et le laisser me casser la gueule sans rien dire ? le rire à faire grincer des dents, le rire qui enrobe le tout avec brutalité. ça résonne et prend écho dans la nuit. ça vient taper comme une balle de ping pong entre les immeubles de la ruelles. multiples rebonds pour une question qui raille et abime ta tête et tes tripes. culpabilité ? pire encore, c'est le sentiment de honte qui s'empare de tes membres. qui ronge ton ventre et remonte dans la gorge. honte de jamais pouvoir riposter ? honte face à ce qui semble si simple pour Sil ? honte d'être au final celui sur qui on lève la main. honte de pas être à la hauteur ? tu te défais pas de ton sourire bienveillant Teddie. il se fait pourtant plus forcé, moins naturel, comme si ça te coûtait encore bien plus cher là ce soir. où plutôt face à lui et ce reproche ou ce jugement qu'il semble même pas capter. non Sil il a toujours été meilleur sur ça. plus fort que toi. et encore une fois dans sa colère, t'aimerais lui avoir ressemblé seulement une fois au moins. tu réponds pas. que répondre à ça ?
tu le laisses s'énerver. contre toi ou contre lui ? contre le monde ou contre sa personne, ça a jamais été très clair même par le passé. Fait chier. tu laisses faire. là avec ta dégaines de gars bien sous tout rapport. bon petit samaritain, bien fringué, de la haute mais qui veut aider le monde. foutaises. tu finis par bouger de ton perchoir. Tu veux quoi ? Une médaille pour m’avoir arrêté ? tu le rejoins, tu baisses un peu les armes. t'as jamais été de taille pour les tenir de toute manière. face à personne ? disons que t'as juste jamais été du genre à croire que la violence résout les choses. tu préfères paraitre faible en tournant les talons la plus part du temps. aussi faible que face aux coups. oh non, j'en ai déjà trop pour savoir quoi en faire du temps du lycée.. tu blagues. sans moquerie, avec humour et détachement. comme si tout était normal entre vous. foutaise. tu prends sa clope de ses lèvres, la porte aux tiennes pour l'allumer d'un coup de briquet avant de lui tendre à nouveau. gentiment. pas naïvement même comme si tu valais mieux que tout ça. comme ça rien ne t'atteignait dans tout ça. c'était pour quoi cette fois-ci ?

Tes muscles sont tendus comme un arc. De ton dos à ta mâchoire, chaque parcelle est contractée. Et puis y’a sa façon de blaguer. Sa façon de te prendre ta cigarette si simplement pour l’allumer. Sa façon de te regarder, comme ça, comme si rien ne s’était passé. Tu ne réalises ça qu’à l’instant où ils se relâchent. Presque brusquement. Tes épaules s’affaissent. Tes sourcils se décontractent. Tu retiens un instant ta respiration avant de souffler profondément quand il te tend de nouveau ta cigarette. La seconde semble contenir l’éternité. Les yeux rivés sur lui, tu déglutis sans savoir comment relever la main pour attraper le batonnet incandescent qu’il te rend. C’est pourtant rien. C’est juste un geste. Tu comprends pas pourquoi ton cœur se serre si fort. Pourquoi ça fait soudainement si mal. Ce sentiment de solitude qui t’écrase la poitrine au point de te faire manquer d’air. Tout est tellement vide. Rien n’a de sens. Tout se barre. Tu t’es jamais senti aussi seul que sous son regard bienveillant. L’unique instant qui vient éclairer ce manoir délaissé. Qui dévoile maladroitement à quel point tout est délabré. Il y a plus personne. Les murs se fissurent et la lueur ne vient que constater les dégâts.

Ta main tremble quand tu récupères la cigarette entre tes doigts. Pourtant, tu la portes pas à tes lèvres. Tu tentes de te concentrer sur la douleur. Le sang qui pulse. Tout plutôt que la sensation grandissante que tu manques d’air. C’était pour quoi cette fois ci. C’était pour rien. Le besoin idiot de faire l’interessant, juste pour qu’on te regarde un instant. Tout plutôt que l'indifférence. Tout plutôt que les appels dans le vide sur le téléphone de Nora, que le bureau vide de Ike, que les regards fuyants, que les réveils en sueur. Tout plutôt que le souffle qui manque et l’impression de crever. Pas maintenant. Pas devant lui. Tout plutôt que ça. Ta respiration se fait rapide pour chercher l’air. T’es bien content d’avoir eu l’idée de te poser contre le mur qui semble être la seule raison pour laquelle tu n’es pas déjà à terre. Tu peines à poser ton regard sur lui mais tu perçois son inquiétude. Sa putain d’inquiétude.Qu’il dégage putain. Qu’il se casse. Tu veux pas qu’il voit ça.

Putain mais t’es tellement con. Pourquoi tu fais ça connard ? Parce que quelqu’un à été gentil avec toi ? T’es minable. T’es qu’un putain d’incapable. Qu’il se casse avant que tu lui foutes sur la gueule. Avant que tu détruises tout ce qui est encore beau. Tu sais faire que ça de toute façon. Casser. Tu fais fuir tout le monde. T’es arrivé au point d’tuer, Sil. Y’a plus personne qui peut t’rattraper. Surtout pas lui. Putain, mais fais qu’il se casse. Protège le de toi. Tu crois quoi ? Qu’il a besoin de toi parce que t’as pris soin d’lui une fois ? T’es tellement égocentrique. Il a pas besoin d’toi. C’est toi qu’a besoin d’lui. Toi, tu vas l’tuer, t’entends ? Tu vas éteindre toutes les lumières. Les étouffer. Ou tu foutras un putain d’incendie pour bien tout détruire comme il faut. Tu feras comme avec tous les autres. Tu devrais t’barrer pour toujours. Lui laisser une chance de s’en sortir. T’es un putain d’meurtrier.

Tu perçois plus vraiment ce qu’il se passe dehors. Toi qui te laisse aller sur le sol, le visage plus pâle que jamais. Les tremblements et la respiration chaotique. Les sueurs malgré ta peau gelée.

ta question s'efface doucement dans l'air, s'éloigne avec le froid de la ruelle. elle s'enfuit et ne trouve aucun écho ni réponse. le silence redevient roi entre ces murs de l'allée et entre vous. tu sais même pas si vraiment tu veux savoir. pire encore, t'es pas certain qu'Sil lui même le sache vraiment. quand ses yeux te fixent comme ça, sans même essayer de formuler une réponse. t'es pas sur qu'il y ait eut une raison réelle, valable... plutôt un ensemble de raison qui pour toi ne vaudrait rien mais qui l'ont toujours poussé à se jeter dans des batailles pour éviter de penser. de parler. alors t'ouvres pas la bouche tout de suite Teddie. tu le fixes avec bienveillance sans revenir sur ta demande. tu sais qu'elle n'a ni réponse ni explication. tu le fixes voyant peu à peu dans ses yeux les traces d'une lutte dont tu ignores la provenance et l'existence. tu l'vois essayer de reconstruire une carapace face à laquelle tu n'es plus maître de rien. tu le vois essayer de contenir des choses que tu ignores, ses yeux incapable de mentir et pourtant sans jamais lâcher aucune information. et puis la bataille l'emporte d'un côté, sa lutte devient plus vaine et l'homme flanche. S'il n'a jamais été très coloré il en perd pourtant la moindre trace et tu finis par te baisser pour le rejoindre au sol. inquiet ? t'as jamais cessé de l'être Teddie, c'est bien ça qui cause ta perte. et dans un reflexe de sauveur qui aura un jour ta peau, tu passes tes doigts sur sa mâchoire et ton pouce remontant sur sa bouche où son souffle vient le heurter avec difficulté. luttes pas. tu souffles avant de venir faire le seul truc terriblement stupide qui te passe par la tête. remplacer ton pouce par tes lèvres, lui couper le souffle et le faire se détourner de cette panique qui s'encre dans sa tête. bloquer sa respiration un bref instant pour faire tout revenir à la normal. t'as lu ça quelque part... et puis ses lèvres. et puis sa bouche. le passé au présent c'est foutrement con Teddie. il pourrait t'en coller une pour ça certainement s'il reprenait ses esprits trop rapidement. mais tu t'écartes déjà et sa respiration reprend dans un rythme bien plus raisonnable. stupide Teddie ?

Tes battements de coeurs résonnent jusque dans ta tête. Jusque dans tes tympans. Tu peux sentir la pression de l’eau t’écraser. Tout autour de toi. La vision est floue. Le son est tamisé. L’enclume t'entraîne vers le fond et t’as beau te débattre, l’air s’échappe de tes lèvres. Tu vas crever. Là. Maintenant. C’est impossible autrement. Ta respiration se fait plus bruyante à mesure que la sensation d’étouffement grandit. Tu sers les poings avant de les presser contre le sol, frottant tes jointures sur le béton âpre. La douleur comme seul ancrage. Celle de tes mains plutôt que tes poumons qui hurlent.

Tu rouvres les yeux quand il redresse ton visage. Tu perçois plus rien autour mais tu le vois lui. Il n’y a plus rien dans ton esprit que cette peur incommensurable qui paraît presque irréelle. Elle a remplacé la honte, la solitude, la colère. Elle est comme une vague qui déferle sur la côte pour tout emporter. Pourtant, ton regard s’ancre dans le sien. Tu voudrais t’en détourner mais ses mains maintiennent ton visage. Ton souffle s'accélère encore. Tu te noies sans être capable de dire quoi que ce soit. Tu te noies dans son regard de gamin de seize ans qui te supplie de pas partir.

Ses lèvres.
Souffle coupé.

Ton ventre se retourne alors que tes yeux s’écarquillent de surprise. Y’a comme une explosion dans ton cerveau qui s’éteint brutalement. Black out. Tu luttes pas. Tu luttes plus. Il n’y a que sa bouche contre la tienne. Le goût du passé mêlé à celui du métal. Tu entrouvres les lèvres pour mieux l'apprécier. Ce goût d’évidence qui vient cramer ton cœur différemment. Tu sais pas combien de temps ça dure. Quelque part entre une seconde et l’éternité. Et quand tu te sépares de ses lèvres, l’air vient enfin s’y engouffrer. Tu inspires profondément, le regard bourré de confusion qui ne se détache pas de lui. Il te déteste. Tu comprends pas. “... Je… Quoi…?” Tes mains tremblent encore alors que tu te redresses un peu, sentant l’air froid de la nuit sur ta peau humide.

pour une fois c'est Sil le pantin et toi le marionnettiste, durant un instant tu contrôles son monde pour le faire aller dans le sens que tu veux. pas de mauvaises manipulations, pas de jeu juste pour jouer. cette fois-ci Teddie tu t'joues pas des actes comme tu le fais tout le temps, cette fois-ci tu le fais pour lui. mensonge tinté d'une réalité. vouloir le faire à nouveau respirer, autant que peut-être retrouver ce qui aujourd'hui appartient au passé. sa bouche.
et comme au passé, y'a un peu l'goût du sang qui s'mêle au reste. sans doute aussi un peu pour ça que c'est tant réel, tant... sil. Mais à peine le temps d'y goûter que ta raison t'oblige à renoncer, à t'écarter. préférer contrôler plutôt que d'le laisser réagir et sans doute te frapper. peut-être que tu l'aurais mérité ? -grande question de ta vie- son souffle faisant écho au tien, toi aussi Teddie c'baiser il a réussis à t'le couper un instant. foutu passé, foutu Teddie.

et ses yeux trop bleus, et ses yeux trop ancré dans ton crâne que tu pourrais les revoir même en fermant fort tes yeux... foutu yeux qui t'ont hanté de longues années. trempé de confusion et d'un reste de terreur, de fureur. Sil aux multiples couches et facette, Sil et ses yeux sans aucun horizon. ... Je… Quoi…? retour un peu dans le passé, pourtant même au présent ou il y a longtemps c'est pas souvent que t'as réussis à lui couper la parole. tu reprends tes esprits, ne pas te laisser sombrer dans un trop plein d'émotion, tu remets doucement un masque apaisé sur ton visage... avec un sourire léger et qui se veut rassurant... l'genre de sourire qui dit qu'tu veux que du bien au monde qui t'entoure. C'est tellement vrai ça Teddie, pourtant parfois même dans cette réalité tu t'sens incapable de l'afficher ce sourire de vérité... alors t'as façonné un masque plus vrai que nature, l'masque d'un gars bien, d'un ange sans méchanceté, parce que les gars bien il sont pas bourré de terreur et de démon hanté, les gars bien ils peuvent pas avoir un voile d'absence et de tristesse pour apaisé les gens. et là tu veux juste ça, hein Teddie ? rien derrière la tête ? comme toujours finalement face à lui, t'aurais préféré le haïr mais ça...
pour calmer une crise de paniquer il suffit de retenir son souffle assez longtemps pour permettre à la respiration de revenir à la normale et détourner son attention pour calmer le reste...j'ai lu ça quelque part. tu souffles à mi-voix comme une excuse... parce que oui Teddie, Sil il te laisserait plus jamais l'embrasser sans ça non ? ça me semble correct au vu de ta respiration.. tu ajoutes avec un nouveau sourire qui n'attend pourtant pas totalement tes yeux. t'aurais voulu que ce soit la seule raison à ton geste, hein teddie ?