HATE ME TOO : sil & roméo

but why can't i be any other boy
that doesn't need a hand in love?
someone that i would trust
but how did i fail
to give you all the love that you deserve?

il a dansé toute la nuit, chanté toute la nuit, il est fatigué, roméo. et il est rentré à pieds, du coup ça fait mal aux jambes. surtout quand il est fatigué. il aurait peut être dû rester à la maison, et pas jouer. mais il aurait pas eu d'argent, s'il était pas sorti. mais ce vendredi là y'avait pas eu beaucoup de gens, pas beaucoup de nénettes qui rêvent de lui depuis leur siège. et il est tard, puis roméo il rentre tout seul. il traîne des pieds, un peu. parce que ça se trouve y'a une nana qui va le rattraper, juste là, derrière lui. et elle va l'attraper puis il vont partir loin en courant, et ils vont s'aimer et tout ce qui va avec. mais y'a rien de tout ça. y'a des flaques dégueus et des lampadaires qui marchent à moitié. le décor est glauque, là, mais roméo il a des fleurs dans les yeux. il veut toujours sa nana ou son bonhomme. celui ou celle qui l'attend à la maison toute la journée, qui craint le matin où il part et attend le soir où il rentre. mais bon. il a rien pour l'instant roméo, à part la sangle de sa guitare qui lui scie l'épaule, parce que vicki elle est lourde sur son dos. mais pas grave, surtout qu'il arrive bientôt. puis il cherche ses clés un peu, et les trouve en peu de temps. et il rentre sans faire de bruit. parce qu'il fait très nuit, que tout le monde dort sûrement déjà, peut être. puis il laisse glisser la guitare, et la laisse dans l'entrée. et il marche lentement, cherche des signes de vie, mais y'a pas de bruit dans l'appart. et les yeux à moitié clos, il va dans la chambre de sil. et il distingue presque son corps sous sa couette. mais il enlève juste ses godasses, enlève même pas sa veste, et s'effondre sur le lit. ça sent bon. et il est moins seul, du coup.

Pas d’boulot ce soir. Pas de filles qui dansent ni de gros pervers. Pas d’alcool gratos non plus. C’est dommage, t’aimes bien ça toi, l’alcool gratos. Personne pour te dire que t’as pas l’âge. Ou pour t’faire payer une fortune un verre avec deux goutes de liqueur. Non. Ce soir, c’est retour aux sources. Là, dans les rues malfamées de Crescent Heights. Sourire aux lèvres et conneries au bout des doigts. Toi et Nora. Comme avant. Tu peux même voir un truc qui ressemble à un sourire sur sa gueule habituellement si renfrognée. Vous commencez par le supermarché. Parce qu’il faut bien chopper les ressources. Vous connaissez toutes les techniques maintenant. Des années d’entrainement et quelques passages chez les flics à remercier. Mais maintenant, vous êtes rodé. Finalement, tu l’trouves quand même, ton alcool gratos. Avec un paquet de pépitos chacun. Franchement, pas d’quoi se plaindre. C’est un vrai butin. De quoi survivre toute la nuit. Cette nuit marquée sous l’signe de l’art. Un art à votre image. Cynique, provoquant et pas tellement légal. Mais de l’art quand même. Des bombes de peinture au bout des doigts, vous dessinez des conneries sur les murs. Toi, tu fais tes bd en grands. Celles que tu t’amuses parfois à créer sur un petit carnet caché sous ton lit. C’est surtout des trucs débiles. Mais c’est tes trucs débiles. La seule personne qui ait eu le droit de les lire, c’est Nora. Mais y’a quelque chose d’excitant dans le fait de les poser sur les murs de la ville en secret. Dans le fait que tout le monde puisse les voir sans savoir.

Il est près de 3h quand vous rentrez. Vous vous êtes descendu un paquet de pepitos chacun. Et t’as six bières dans l’bide. C’est descendu tout seul. Tu sais pas bien combien Nora en a bu, mais toi, tu planes un peu. Le sentiment parfait. Celui où tu t’sens voler sans avoir envie d’dégueuler. Tu rigoles comme un gosse en galérant à mettre la clé dans la serrure. Ca va surement gueuler à l’intérieur parce que vous faites trop d’bruit. Et ils auraient pas tellement tord. Tu t’éternises pas. Tu vires tes fringues, prenant même pas le temps de te laver les mains pour virer la peinture. Et l’alcool aidant, tu t’endors comme une merde en t’étalant dans ton lit.

Grognement. Y’a du froid qui vient s’coller à toi. « mmh…froid… » Tu tires un peu plus sur la couette, te renfrognant un peu. Tu sais même pas qui c’est. Pas l’cerveau assez réveillé. Pourtant, c’est pas si compliqué. Y’a pas tant de choix. Y’a Nono - mais elle était avec toi ce soir - , Bobby - mais elle viendrait pas avec nono à coté - ou Roméo. Y’a un truc qui gratte dans ton dos. Et c’est gelé en plus. Putain de fermeture éclair. Tu passes ta main derrière toi, grognant « ça graaaatte » en tirant un peu sur la veste. Qu’il l’enlève bordel.

et le blond se dandine, se défait, grogne un peu du froid apporté par le nouvel arrivant. il respire l'hiver, roméo, il répand le froid, au contraire de ses habitudes. puis y'a sil qui tire un peu la couverture vers lui, sur laquelle roméo est pleinement affalé. même pas en dessous, roméo. juste allongé là, à moitié endormi, à moitié ivre. à moitié mélancolique, peut-être. parce qu'il est rentré tout seul, ce soir, rappelons-le. il est rentré tout seul et c'est pas cool. et il fait qu'y penser, roméo, il fait que penser à ça. parce que ça se trouve il va finir tout seul, en fait. il sera toujours tout seul, au bout d'un moment. y'aura plus aucune nana ou de bonhomme dans cette ville qui voudra de lui. et il veut pas partir, roméo, pas vraiment. c'est pas cool, de partir comme ça.
mais y'a un autre beuglement qui explose sa bulle, qui le fait réagir un peu, entrouvrir les yeux. ça graaaatte, qu'il dit. et roméo il comprend tout à moitié, à ce stade là. puis ils sont presque collés, les deux, et en tirant sur son manteau, le blond il fait bien comprendre à roméo qu'il doit l'enlever. mais il a vachement froid, roméo. froid aux mains, froid au coeur. mais il obéit. et il commence à se débattre, se tortillant dans tous les sens pour enlever le plus facilement le vêtement tout en restant allongé. il fait tout son possible pour pas toucher sil, mais lance à plusieurs reprises des 'scuse. et après avoir vaincu la bête, il lance simplement la veste un peu plus loin dans la chambre. puis il a toujours froid, roméo, du coup il se glisse sous la couette. et y'a comme une vague de chaud qui l'atteint, un espèce de halo de chaleur provenant de sil. et il enfonce ses poings dans ses manches pour y chercher un peu de chaleur, puis vient se coller à sil, histoire de se réchauffer un peu. un chauffage humain. il tente de passer le plus délicatement possible ses mains à travers les bras du blond, qui est dos à lui, pour le serrer vers lui. puis il entrelace ses pieds gelés dans les jambes du garçon, cherchant chaque petit morceau de chaleur possible. puis il a toujours les yeux à moitié clos, roméo. mais il expire simplement, puis marmonne 'froid.

Tu l’sens gigoter à coté. Alors t’enfonces ta tête dans l’oreiller. Ca tourne un peu et t’aimes pas tellement ça. Tu préférais encore quand l’alcool déformait tes rêves. Tu te recroquevilles un peu, comme pour chasser le froid. Mais finalement, Roméo vient contre toi. T’as fini par le reconnaitre Roméo. A sa voix. A son odeur. Tu finis par être habitué finalement. Tu grognes vaguement quand il s’excuse. Tu dis rien d’autre. Parce que t’as dis la force. Ni l’envie. Alors tu l’laisses juste se coller à toi, savourant simplement la chaleur revenue. Et tu refermes rapidement les yeux, t’évadant de nouveau vers le pays des rêves.

Tu t’réveilles avec une gaule du matin. Une putain de gaule du matin. Et l’autre, il est encore là. Collé à toi. Bordel. T’aurais mieux fait d’aller baiser hier soir. Ca t’aurait évité ce genre de situation désastreuse. Tu grognes vaguement. T’es partagé par le besoin d’te casser et l’envie d’rester allongé, au chaud, blotti contre cet idiot fini. Il t’fait rire. A toujours démarquer dès qu’il a pas réussi à chopper. D’ailleurs, tu t’étonnes vaguement que rien ne se soit jamais passé. Enfin si. Tu t’souviens d’une fois où il était trop bourré. Tu t’souviens d’ses allusions. Et même de sa main dérivant sur ton corps à moitié nu. Roméo, tu l’aimes bien. Alors il s’passera rien. Parce que tu sais trop bien que les amitiés se mêlent trop mal au sexe. Qu’elles finissent par se transformer. Comme avec lui. Comme avec Teddie. Plutôt crever que d’retomber. Tu restes encore un peu là. Comme un con. Tu r’gardes le mur en face. T’essayes de penser à tes trucs un peu nazes. Justin Bieber. Teletubbies. Haricots rouges. Bordel. Ca devrait marcher avec ça. Y’a franchement rien d’excitant là dedans. Pourtant, t’es infoutu d’débander. Faut dire, l’autre collé à toi aide pas. Alors tu finis par craquer. Tu grognes et tu l’pousses. « … Tu saoules ! Bouge ! » Tu l’pousses. Au moins assez pour qu’il arrête de t’coller. Assez pour t’foutre sur le dos. Tu piques la couverture pour cacher franchement la bosse dans ton boxer. Nan mais. Sérieux quoi. Tu grognes. Il bouge pas. P’tit con. « Alleeeeer » Tu l’repousses encore. Jusqu’à limite le faire tomber. Après, ton lit est pas bien haut. Il s’ferait pas mal. T’as juste foutu des palettes en bois en dessous. T’as avais marre d’avoir le matelas à même le sol. Puis franchement, tu t’es pas trop mal débrouillé. C’est pas dégueulasse. C’est même plutôt classe.