mademoiselle (mila)

elle fait exprès kitty, de la narguer un peu, d'en dévoiler ce qu'il faut et même si elle attend avec une impatience terrible qu'elle en fasse de même, kit s'immobilise dans l'action. elle ressent l'acidité puissante de ses paroles, ne parvient pas en première lieu, a déceler le faux, alors ses lèvres s'entrouvrent en laissant ses sourcils s'arquer. les traits de son visage se lissent par l'étonnement et la honte que ses paroles lui procure. pas vraiment. la réponse est amère alors que ses jambes manquent de se dérober sous son corps. elle en attendait plus, pensait égoïstement lui avoir plu, comme aux autres et a tout ceux qui l'ont vu sur scène auparavant. tout tombe en miette suite aux paroles de cette femme presque trop sombre et envoûtante, comme si tout ne tenait plus qu'à elle. sa gorge s'assèche tandis que ses yeux se perdent à nouveau dans le tourbillon que lui provoque son regard, les sentiments s'entrechoquent, la peau pâlit par la honte. joues rosies, kit se contente de rester béate, attendant inconsciemment une sentence finale qui les désuniraient prochainement, le cœur battant. elle n'a jamais été aussi touchée par l'avis d'une tiers personne, mis à part l'Ode perpétuelle que lui insuffle ses âmes-sœurs du gang. l'impression est tout autre, perdue dans les méandres d'une émotion trop intense qui semble vouloir faire sa place dans sa tête, sa trachée, centre ses côtes pour enfin venir se loger au creux du palpitant. sauf qu'elle n'a pas retiré les épines. expression corporelle instantanée, ses mains se glissent contre son ventre, cambrent légèrement son bassin alors que sa route s'est arrêtée face à mila. comme face aux autres filles, elle se sent trop fragile, s'écaille face à la beauté amazone qui surplombe le monde d'une présence sublime et sans pareille, alors kit s'échoue dans sa propre torpeur, bien moins assurée qu'aux premiers mot échangés. elle n'a jamais ressenti cela, malgré une attirance évidente pour les femmes qu'elle ne cache plus, personne ne lui avait procuré autant d'ardeur et de peine à la fois. ses pensées vacillent dangereusement entre l'envie de cacher l'enveloppe charnelle qu'elle a tant détester et celle de venir affronter ses véritables intentions pour s'approcher un peu plus du brasier, souffler encore sur les braises carmine.
la tension s'élève d'un cran, alors qu'elle finit par ouvrir les lèvres a nouveau. kit en avait oublié sa rétorque, obnubilé par le commentaire négatif qu'elle lui avait adressé. elle a du mal a comprendre, s'efforce de voir dans sa réponse une seconde mise à l'épreuve. ses mots ne sont pourtant pas dit au hasard et elle se perd à nouveau en voyant les quelques mètres séparant les deux corps se faire grignoter par la tentation. elle a du mal a y croire, mais elle se laisse volontairement bercer par l'odeur délicate de son parfum devenant de plus en plus présent autour d'elle. elle frissonner à peine la barrière de la peau franchie, la douceur de ses lèvres contre les siennes enrobe son corps tout entier. le rythme cardiaque n'obéit plus, ses mains passent automatiquement d'un corps a l'autre, ses doigts dessinent quelques traits discrètement au niveau de ses hanches sous le tissu regretté. il s'agit bien là d'un de ces baisers qui bloque le temps, dérègle l'horloge interne pour venir nicher en l'être humain, un émoi bien particulier, le plus cru et dévastateur de tous. elle aimerait garder cette distance pour une éternité mortelle, brute et passionnelle, mais les visages se séparent à regret, entièrement déboussolée, kit tente de reprendre son souffle en retirant ses mains de la peau brûlante, sans succès évident. - continue. continue tout, ne me laisse pas au bord de tes lèvres comme face à la falaise, reprends ton chemin jusqu'au cœur même si le chemin est sinueux, je n'irais pas loin sans toi, ni même nulle part.

temple de soupirs, doucement bâti du bout de ses doigts pianotant contre son épiderme fiévreux. chaque grain de peau qui semble venir s’effriter le long de sa carcasse creusée par le manque de ce contact qu’elle brûle de découvrir, de savourer à mesure que les consciences s’éclipsent. elle la sent, à chaque inhalation qui s’échoue contre la rive de ses lèvres, s’y pend mollement. elle la sent, à chaque fragment de temps qui s’égrène, que le compte à rebours de leurs instants passés enchaînées l’une à l’autre s’amenuise. y’a comme un goût d’adieu pour la première fois que sa bouche effleure la sienne. comme un soupçon d’urgence de s’accrocher un peu plus à chaque nouvelle saveur qui lui inonde la langue, nouvelle couleur qui lui perce la rétine dès lors que ses paupières se sont scellées. et les mesures battues frénétiquement par l’instrument qui s’époumone sous ses côtes, fait vrombir sa trachée de ses rythmes emportés. ce sont les mains qui viennent chercher, découvrir l’inconnu si atrocement tentant. effleurer les contours d’une mâchoire qu’elle souhaite tatouer de ses baisers, se perdre dans l’enchevêtrement soyeux de sa chevelure fauve, et finalement étreindre le galbe léger de son cou subtilement dessiné. c’est comme un mélange de douceur déroutante et de désespoir cinglant qui s’écrase contre sa bouche, cherchant à lui insuffler l’ordre de se détacher d’elle mais aussi de ne jamais le faire. pars, mais ne t’en vas pas. fracas des pensées qui s’entrechoquent dans la boîte crânienne, surplomberait presque ce mélange des respirations coincées entre leurs pulpeuses. elle brûlait de lui intimer le silence de la plus suave des façons, mais c’est comme un brouhaha qui lui érode les tympans. comme des vagues venant lécher les côtes craquelées par la valse du temps, c’est kitty qui vient progressivement lui arracher ces lambeaux de faux-semblants, cette laideur qui lui enrobe le palpitant. en l’espace d’une poignée de secondes, elle se sent comme renée, remodelée par cette délicatesse qui semble suinter de chaque parcelle de son être. mais ce sont les poumons qui finissent par saigner du manque d’air, et les lèvres qui se détachent presque douloureusement. mais ce sont ses mains qui se séparent de son corps qui lui creusent les stries dans le visage. elle se sent brutalement comme nue, sans ce contact qu’elle avait déjà laissé imprégner sa peau frissonnante. finalement, le simple mot qui dégouline des lèvres d’un carmin vibrant accentué par la friction, qui réveille la flamme. plus ardente, elle vient souffler sur les braises pour les raviver avec une fougue qu’elle ne soupçonnait pas. sans même lui donner la moindre réponse, les paumes viennent s’appuyer contre ses épaules tandis que son souffle retrouve le sien avec une fièvre enivrante. la douceur s’est émiettée pour laisser place à un désir épais, glissé dans ses veines et qui s’y mélange en bouillonnant. l'étreinte langoureuse qui s'interrompt pendant une fraction de seconde quand elle sent le corps de kitty s’échouer légèrement trop brutalement contre le mur, pour les retrouver avec un empressement bestial. les entrailles qui succombent sous les flammes de la passion qui commence à la consumer de l’intérieur, tandis qu’elle se rapproche trop dangereusement du gouffre de la déraison où il n’est plus possible de faire marche arrière. mais brutalement, alors que la pulpe des ses doigts s’égare jusqu’à la courbe de son dos, c’est une décharge qui lui parcourt le système. électrocutée par un contact bien trop vigoureux et précipité. la réalisation de la situation qui s’échoue sur elle, finalement. l’erreur, peut-être. l’interdit, certainement. les chevilles qui s’entremêlent alors qu’elle tente de se décrocher de l’étreinte ensorcelante, et que les pupilles éclatées par la soudaine adrénaline viennent étudier son visage à elle. je peux pas, j’suis désolée. j’aurais pas du. l’instinct qui lui hurle à s’époumoner de s’éloigner, de ne pas se soumettre une nouvelle fois à son emprise. mais son poison est déjà en train de lui vicier les artères, de ponctionner son coeur. elle l’a déjà tatouée sous la peau, imprimée dans l’esprit et coincée dans les soupirs. alors elle s’échappe, la respiration toujours trop encombrée pour ne pas être haletant, le palpitant tambourinant toujours douloureusement au creux des côtes.