bourrée sous les étoiles

- la tête tournée vers les étoiles -
Montana. Bourrée dans l'herbe. Regardant les étoiles. Encore.
C'est pas comme si c'était inconnu pour elle. Elle sait ce que c'est l'alcool. Elle connaît très bien ses conséquences. Elle sait quand s'arrêter avant de finir au fond du trou, dans un lit d'hôpital, au bord de la mort. C'est peut-être son seul don. Savoir s'arrêter avant de clamser littéralement. Peut-être borderline ou juste complètement à côté de la plaque, elle joue avec le feu. Encore et toujours. Depuis sa tendre enfance. Le jeu du foulard, elle a essayé à l'école primaire. C'est peut-être pour ça qu'elle peut être longue à la détente parfois. Mais elle en est jamais morte. Elle s'est tailladée mais quelques blessures insignifiantes. jamais de points, jamais d'hospitalisation. Elle joue simplement avec le feu.
Et puis, elle a découvert l'écriture. Où elle déverse sa rage. Sa haine contre elle-même peut être. Elle dévoile ses sentiments, ses impressions. Ses textes vous accrochent, vous plaquent contre un mur et vous laissent bouché bée. Comment une si jolie blonde peut accueillir autant de haine ?  
Peut-être parce que son père a fait des allers et des retours en clinique à cause de son alcoolisme chronique. Que ses gamma GT touchaient le ciel et qu'il a finit par crever d'une cirrhose. Vous verrez que cela ne l'empêche pas boire, elle, mais elle sait que ce n'est pas pathologique. Elle sait reconnaître la pathologie, ce petit signe qui signifie que oui, vous êtes bien alcoolique. Elle l'a vu trop souvent ce petit signe. Et elle le côtoie bien trop souvent dans des soirées. Malheureusement.
Sa mère était fourbue, fourbue de gérer sa fille insolente et capricieuse et les déboires de son mari. Elle a fini par devenir aigrie avant l'heure. Un peu trop tôt pour la jolie blonde. Beaucoup trop tard pour certains. Peu auraient supporté les divergences de sa fille qui se faisait un malin plaisir d'annoncer ses conneries. Pas pour attirer l'attention. Mais pour rechercher le danger, l'envie de vivre, se sentir vivre. Insolente comme jamais dira-t-on.
Insolente elle l'est toujours. Peut-être moins. Ou peut-être parce que tout le monde s'est habitué. Le losers club sait qu'elle est chiante. Ils l'ont acceptée ainsi. Râleuse à souhait. Toujours à critiquer quelque chose ou quelqu'un. Toujours celle que l'on traîne pour sortir. Quel malin elle prend à faire attendre les gens.
Attendons la princesse. Attendons Montana qu'elle veuille bien se laisser tenter. Se laisser tenter par les vibes, la musique, les textes. Un an que le losers club est habitué à la supporter? Supporter à la traîner à la fin des soirées. Petit gabarit, même avec l'habitude, elle ne tient pas si bien l'alcool que ça. Souvent parce qu'elle est à jeûn, pour se faire du mal encore un peu plus. Elle commence bien apprêtée et elle finit les cheveux en bataille, les cheveux tâchés par la gerbe, des collants troués à cause du bitume où elle est tombée.
Montana on la voit râler mais on finit par l'aimer. Parce qu'elle est quand même attachante, parce qu'au final elle sait s'arrêter. Elle teste juste les gens, les expériences qu'elle peut avoir. Elle teste mais n'est pas bien méchante. On en rigole le plus souvent.
Elle s'est surtout adoucie depuis un an. Depuis le losers club. Parce qu'elle s'est enfin trouvé des gens avec qui partager sa vraie passion. La musique. Les textes. La rue. Elle s'est trouvée des gens pour traîner, des gens prêts à la gérer. Et ça, c'est déjà pas mal. Mais elle leur revaut bien.