(aran) c'est votre vie et elle s'achève minute après minute.

l'air est frais. l'obscurité règne ici en maître. c'est malsain. c'est pourri. aussi bien de l'intérieur que de l'extérieur.
des jours, des semaines, tu ne sais plus vraiment depuis combien de temps tu rôdes autour de ce vieux bar à l'abandon. c'est exactement ce qu'il vous faut. tu l'as compris avant même de pénétrer dans les lieux un soir en pleine nuit. les premiers soirs, tu t'es contenté de rester passive. adossée contre un mur en face. capuche sur la tête. clope au bord des lèvres. et puis le besoin d'adrénaline a pris le dessus. qui sait ce que tu aurais pu trouver ici ? un repaire de drogués, un squat ? bien mieux. un sous sol isolé de tout bruit, aucune fenêtre, aucune issue. t'as sentie l'excitation monter en toi à tel point que t'as presque sentie un orgasme se pointer entre tes cuisses en imaginant la réaction du roi des ténèbres. aran.
ici, tu t'es mise à imaginer le sang couler, les cris de la foule, les liasses de billets tomber les unes après les autres entre tes doigts. tu mords ta lèvre inférieure manquant de te faire saigner tellement tu y vas fort. t'es comme ça ruby, tu ne fais pas les choses à moitié et la douceur... très peu pour toi.
pour entrer, il faut d'abord ouvrir au pied de biche une fenêtre fermée par plusieurs panneaux de bois. l'objet métallique glisse entre tes doigts tellement facilement qu'on pourrait croire que c'est le prolongement naturel de ton bras.  tu lui lances un regard plein d'excitation pendant qu'il regarde aux alentours. le bois se brise avec une certaine facilité. tu te glisses à l'intérieur la première, grimpant sur le rebord, lui laissant une vue imprenable sur ta chute de reins. celle qu'il connait bien maintenant. silencieusement, tu l'invites à suivre le même chemin et tu l'emmènes au fin fond des ténèbres. tu t'arrêtes net. regard lourd de question. l'espace est parfait pour organiser les prochains combats.
aucune issue, impossible qu'on nous fasse un coup à l'envers, souffles-tu en te rapprochant de lui.
brusquement tes mains se posent sur les pans de sa veste. pas de douceur. seulement cette envie de lire dans ses pensées et d'y foutre chaque fois un peu plus le bordel. sadique.
le prochain combat est programmé dans cinq jours. il en est où tyler ?
le compte à rebour est lancé. il s'agit ici d'une série de six combats dont l'issue finale est toujours incertaine. âme sensible, s'abstenir.
tu respires l'odeur de son parfum et glisse tes doigts tatoués dans sa nuque en attendant une réponse. c'est plus fort que toi. il faut sans arrêt que tu le provoques. qu'importe si c'est en l'aguichant ou en lui collant une droite. la finalité reste inchangée.

C’est toujours ce foutu stress qui bouffe tes entrailles à quelques jours de la mise à mal. L’idée que les choses dégénèrent, que quelqu’un vous vende à la justice de cette ville en pourrissement.
Pourtant, tu restes d’un calme olympien, malgré la lourde tâche de faire ce qui parait impossible en quelques jours. Ruby t’a promis la perfection et tu n’en attends pas moins d’elle. Cette pression constante sur ses épaules lui font a ravir, toujours prête à contenter tes exigences aussi sournoises que démentes. Mais tu sais que tu peux compter sur sa fidélité, sa volonté qui perdure malgré le court temps depuis votre rencontre. Tu places en son être bien trop d’estime à ton avis, alors les mots qui sortent de ta bouche à son égard, n’ont rien de reconnaissant, expressément pour lui inculquer la volonté de ne jamais lâcher, enragée à la tâche. Et elle ne te montre que ce côté là que tu apprécies tant.
Un point de rendez-vous, une salutation rapide alors qu’elle s’apprête déjà à démonter une porte au pied de biche. Tu la regardes s’affairer tout en gardant un œil sur les alentours, mais le coin semble désert. Premier bon point. L’entrée s’ouvre sous ses yeux et sourcils froncés par l’impatience grandissante, avait-elle trouvé un repère plus étonnant que le dernier ? Sa ténacité semble avoir portée ses fruits et elle ne se gêne pas pour lui signaler une énième qualité pour le faire s’ébahir devant la grâce du service rendu.
Elle n’est pas ici pour rien, tu sens son vice pour l’argent sale à des kilomètres, comme un shot d’adrénaline injecté trop vite, elle en jubile déjà, s’approche lancinante, aveuglée par l’envie de te donner ce que tu cherches. Parfois, tu penses qu’elle connaît bien trop ce mauvais côté de ta personnalité, selon qui flanche à chaque mouvement de hanche et attaque à la moindre parcelle de peau trop dénudée. Elle change de sujet tout en continuant son jeu que tu laisses faire avec une neutralité déconcertante. Tu esquisses tout de même un léger sourire en coin en l’écoutant, plantant ses griffes dans ta nuque contractée. « Il est sur le coup, et j’ai recruté un gars, un grec, on verra si il fera l’affaire. » si il y a bien un truc sur lequel tu ne t’assoies jamais, c’est bien cette commission que te rapportes les parieurs en quête de violence et d’argent facile. Le business est bien ficelé, malgré quelques failles évidentes que ruby tente de régler malgré les conditions désastreuses et tu l’en remercies intérieurement. Tes mains bien rangées à l’intérieur de tes poches, tu finis par la pousser pour aller vérifier le boîtier électrique qui attire ton attention « ça suffira. » comme un acquiescement, un -c’est parfait ruby- masqué par ton visage fermé. « je rapporterais le générateur la veille, on fermera tout à la chaîne. » un plan qui semble bien s’exécuter, alors que tu rebrousses chemin pour être sûr de bien te faire entendre de sa collègue, mais également pour contenter sa soif, tu ajoutes. « t’oublieras pas ta jupe, tu sais que les gars viennent plus nombreux quand ils ont plus de spectacle. »