ivre de tes rêves. (aran&leo)

je rêve. la gamine roula des yeux exaspérée. qu'est-ce qu'il fout encore là? elle lui jetta un regard mauvais, mais la boule de poils ne bougea pas jusqu'à ce qu'enfin le temps lui paraisse trop long et qu'il lève les pattes pour se lècher ici et là, léo fit une mine dégoûtée en l'observant toujours. est-ce qu'il ne pourrait pas faire sa toilette ailleurs que devant son bout de carton et sa pile de couverture? de plus, il pleuvait des cordes ce soir-là, il aurait dû se trouver un abri mieux que celui-là. c'était pas la première fois qu'elle voyait ce chaton égaré traîner dans les parages, mais voilà qu'il s'était pris d'amour pour ce bout de trottoir, son bout de trottoir. est-ce qu'elle allait vraiment devoir mener une guerre de territoire avec un chaton à peine plus gros que son poing? elle avait essayé de le chasser toute la journée, ne pouvant crier ou parler, elle avait d'abord usé de la manière douce en le prenant entre ses doigts et en l'emmenant des rues plus loin, mais il continuait d'apparaître, alors en fin d'après-midi elle s'était mis à le pousser du pied et il y a quelques heures alors que son ventre grondait et qu'elle était passablement énervée à cause de la faim qui la tirallait elle avait éjectée le chaton d'un coup de pied. il avait miaulé avant de s'enfuir et alors qu'une pointe de culpabilité l'avait traversé, elle l'avait chassé elle aussi. elle lui avait donné un coup certes, mais c'était pour son propre bien. elle pensait ne jamais le revoir, mais il était là. il voulait vivre lui aussi. il voulait trouver sa place et elle trouva ça un brin admirable de sa part, même si c'était aussi un brin culotté. elle soupira décidant qu'il valait mieux le laisser là, il finirait par se rendre compte tout seul que cet endroit était merdique, qu'elle n'avait rien à lui donner à manger et qu'il faisait froid ici. il se trouvait bientôt un autre humain à aller embêter, avec une maison chauffée et des croquettes pour une éternité. le sommeil ne lui venait pas, et cela faisait des heures qu'elle regardait le chat, elle décida d'aller faire un tour bien que ça ne fût recommander même pour elle qui vivait dans la rue depuis des années. il ne fallut pas plus de quelques minutes pour qu'elle se retrouve complètement trempée, bizarrement elle en avait presque moins froid que d'habitude. elle se sentait juste mouillée. alors qu'elle errait dans les ruelles peu éclairées, des bruits la firent se retourner, elle marcha vers eux. ça sentait le feu, le sang, elle commença à entendre les vibrations de la musique qui hurlait à plein poumon à travers des enceintes posées au sol. night falls avait son long davantage et d'inconvénient, elle traînait peu dans ce quartier, mais depuis que le type à la capuche l'avait emmené à l'appartement, elle y avait élu domicile et elle fut surprise de tomber sur une sorte de combat de rue à l'extérieur. des gens étaient rassemblés en rond autour de deux individus qui battaient des bras dans l'espoir de se faire mal, elle fut griser par l'ambiance et décida de s'approcher de la cohue, après tout qu'est-ce qu'elle risquait?

l'adrénaline s'essouffle, le cœur tambourine à nouveau contre la cage thoracique et les dernières gouttes de sueur dessinent les traits de la mâchoire carnassière. les poumons expulsent l'air par grandes bouffées, le visage se lisse sous l'effet de la roulée fraîchement allumée. il n'aurait pas dû. pas ce soir, pas ici dehors, à la vue de tous. la tentation était trop forte, un pari, toujours de l'argent, contre sa gueule fracturée, contre ses billets sales et un connard suicidaire. il n'aurait pas dû. frapper en plein cœur, menacer ses genoux de coups de pieds, ni même planter son crâne dans le thorax au moment ultime. la faute, l'absence éphémère de l'adversaire ou la vulnérabilité se décrit dans le creux de la pupille, un bref instant, aveuglé par le sang projeté dans son œil, il a cogné. asséner le dernier coup pour gagner. L'homme à terre pousse des cries de douleurs, assemblées aux crachats ensanglantés remontant jusqu'à sa bouche pour se voir expulser sur le bitume. aran se redresse en regardant le corps souffrant, ses bras se détendent un cours instant, avant qu'il ne pense à s'acharner. quelques secondes, courtes secondes ou il hésita à continuer le massacre, blesser toujours plus, d'un possible écrasement du pied contre ses côtes endolories. au lieu de cela, il finira par s'écarter du groupe et de ses spectateurs huant. la foule est dense, le cœur explose, éventre au passage les os fragilisés, aran regagne le côté de la rue pour s'y appuyer brièvement. ses muscles sont lourds, contractés et ruminant de douleurs diverses. l'homme a su donner un assaut rapide, qu'il a eu de la peine à contrer. les premières affres agressent la peau rougissante, et malgré l'épreuve, il se sent vidé de ses blessures internes. seul contre ce démon intérieur, il sourit inconsciemment, presque satisfait de la souffrance qu'il vient d'affliger à une tierce personne. le combat lui manquant, cette manière d'évacuer ses maux tout particulièrement, même si il savait qu'il devait se faire discret à présent. il n'aurait pas dû. mais le plaisir est trop intense pour y échapper, lui qui n'a connu que la violence, reste un drogué de plus amouraché par le vice. L'air est frais, presque froid, la peau chauffée se couvre d'une couverture picotant, pire qu'un pull en laine, tandis que ses doigts agrippent le versant de son jean pour y dénicher une roulée préparée à la hâte quelques heures plus tôt. le combat n'a pas duré longtemps et pourtant, il ressent la force d'un troupeau sur son torse encore battant. la fumée brûle ses poumons possiblement perforés, ses lèvres s'écaillent à vu d'œil alors que la brume s'enfuit par nuage dissout par le vent. aran respire un peu mieux, il ouvre à nouveau ses paupières en écoutant le bruit feutré de quelques pas indiscrets. ses cheveux dorés dénotent, son visage creusé l'intercepte alors, reconnaissant distinctement les traits de la jeune femme. leo. il la regarde un moment s'approcher de la foule obnubilée par un nouveau combat, il reste dans l'ombre en épiant ses gestes et sa curiosité infantile. ses organes aspirent la dernière bouffée chaleureuse, avant d'aboyer quelques mots assez fort pour qu'elle les entende. « dégage d’ici leo, c'est pas pour toi » certains se retournent, mais les yeux sont rivés sur le spectacle. il croise à nouveau son regard, ses yeux noirs ne trahissent aucunes émotions, malgré la frustration qu'il a ressentit lorsqu'elle est partie de son appartement, sans rien écrire d'autre qu'un "merci".

elle est arrivée une seconde trop tard pour voir son inconnu danser dans la boue, jouer avec ses poings comme on joue d’un instrument qu’on aime bien. elle est arrivée pour le combat d’après, moins beau à regarder, mais époustouflant quand même, d’une dureté qui fait reculer, du sang qui gicle sur le béton, des hurlements de la foule. galvanisée par ce mouvement, elle avait les yeux rivés sur les danseurs, pas ailleurs. et elle rata sa chance de s’enfuir quand il l’interpella. « dégage d’ici léo, c’est pas pour toi. » elle peut presque le sentir. l'amertume dans sa voix, il pointe du doigt sa fuite de la dernière fois, son manque cruel de bonne manière, d'être partie comme une voleuse sans avoir même de butin dans les mains. peut-être qu'il aurait préféré qu'elle le vole, il aurait eu une raison valable de la détester. il aurait eu une raison de lui courir après, une raison de lui parler. de l'avertir du danger. ou au contraire, il l'aurait laissé se faire bouffer, elle était dans la gueule du loup après tout night falls n'était pas un quartier connu pour sa sécurité, mais leo n'y connaissait rien à la sécurité, et elle préférait être entourée de voleurs, de tueurs qui ne mentaient pas sur leurs natures profondes, sur leurs intentions. ouais, elle préférait crever de la lame d'un inconnu plutôt des coups de son frangin. elle préférait se faire déshabiller sans consentement par tous les salopards du coin plutôt que par son père. elle était peut-être un peu tarée d'y penser, de se dire qu'elle pourrait encore le surmonter, mais la rue rendait dingue, la solitude encore plus et après des années à errer en solitaire, leo commençait à en ressentir les effets. et elle ne l'avouerait jamais, même pas noir sur blanc dans son carnet, mais elle avait peur. elle était morte de trouille oui, de devenir comme jack, son ami clochard, celui qui perdait un peu la boule et le fil de ses pensées. elle attendait son tour comme on attend la mort et c'était pas beau à voir. elle défia le garçon des yeux, elle pouvait pas sortir son papier, il serait trempé, alors elle haussa les épaules, c'était clair comme message. qu’est-ce que ça peut te foutre ?  pourquoi même il lui parlait l’inconnu ? et putain pourquoi sur tous les visages qu’il y avait ici, c’était le sien qu’il avait reconnu ? elle avait ce don des mauvaises situations, de celles qu’elle préférerait éviter en temps normal. elle voulu déguerpir, mais le fait qu’il s’intéresse à elle comme ça avait fait se retourner quelques curieux. peut-être que c’était parce qu’il avait éclaté ce gars, mais elle se doutait au fond que c’est parce qu’ici, il était connu de tous. le roi de la nuit, un truc comme ça. ça pouvait se lire sur sa face à ce type qu’il se prenait pour un des grands de ce monde. il avait l’habitude de diriger, de régner. « hey aran. c’est ta nouvelle pute ? » un crétin venait de lancer, elle plissa des yeux et se rendit compte que c’était le gars dont on venait d’exploser la tronche. « putain, t'lé choisit mineure maintenant ? c’quoi le problème au dessus de vingt et un ans, de toi, elles veulent pas ? » pas malin du tout cet imbécile, il savait même pas assembler trois mots pour faire une phrase. elle fixa son type à la capuche se foutant complètement de s’être fait insulter. il avait un nom maintenant. bordel, pourquoi ne s’était-elle pas soucier de ça avant ?

« hey aran. c’est ta nouvelle pute ? » une minute d’inatention, juste pour minute pour voir son regard se noircir sous la douceur de la lune. personne ne s’occupe de ses affaires ni même ose donner son avis sur les va-et-vient sous ses draps. l’homme est amère, rancunier face au souvenir déjà douloureux qu’il vient de lui plaquer contre la peau. il remarque l’absence d’une dent au milieu de la mâchoire, perdue dans l’action très certainement. il aimerait en rire, se foutre de ce qu’il vient de dire et la laisser l’humilier encore plus, peut-être qu’elle comprendrait ce qu’il a voulu dire en la pressant de dégager d’kci. trop tard probablement et bien trop risqué pour ne pas lui répondre dans l’instant. t’occupe pas de ça. ses yeux s’assombrissent encore, passant d’une silhouette à l’autre sans bouger, camper sur ses positions. ira-t-il plus loin dans la démarche ? il ricane bêtement en soufflant les mots suivants laissant entendre un léger bégaiement à la fin de sa phrase.  « putain, t'lé choisit mineure maintenant ? c’quoi le problème au dessus de vingt et un ans, de toi, elles veulent pas ? » définitivement trop con pour prévoir l’averse lui arriver en pleine gueule, aran procède autrement. il lâche le mégot encore brûlant avant de le jeter à terre, la fumée tourbillonne sur le bitume à moitié humide pour enfin laisser les dernières vapeurs s'échapper de ses narines. fier d’avoir asséner à ce demeuré des balafres aussi grandes que ses poings, mais malheureusement il semble ne pas en avoir eu assez. il aimerait se moquer de cette situation involontaire et indépendamment de lui, il en vient à regretter de ne pas l’avoir tuer en s’acharnant tout à l’heure, lui crever les yeux tant qu’il en était encore temps. ferme-la. qu’il crache, préférant ne pas réagir clairement sur le sujet. après tout, elle n’a aucune importance. une âme errante de plus, une gamine qu’il a voulu sauver de la noyade sans qu’elle ne résiste à l’envie de s’enfuir. reine du danger, elle pourrait de se faire tabasser en pleine rue à force d’ignorance, en quoi ça lui importe ? il jette un regard dédaigneux à son égard avant de s’avancer vers son rival. va refaire ta sale gueule avant de l’ouvrir. l’homme bouillonne instantanément, prêt à se faire recouvrir de ses démons, de sa revanche mal digérée. il est vil, se sépare de l’emprise de son regard pour approcher de la biche effarouchée pour poser son bras autour de son épaule. alors ça va pas te gêner si je me sers ? prévisible. il a invoqué le démon de son plein gré, conscient de l’être malsain qu’il a combattu à l’instant, assez corrompu pour devenir la pire des bêtes sauvages, prêt à tout pour venir à bout de l’adversaire. ça se sentait dans ses coups, ses mouvements rapides et irréfléchis, l’evidence même du con costaud et incapable de parer les attaques trop précises. ils sont les plus faciles à manipuler. mais aran veut rester stoïque malgré le mal qu’il tente de contenir, se répétant sans cesse qu’il ne lui doit rien de plus que ce qu’elle a rejeté.

comme tous les autres, elle observe le gars dont le visage a souffert. celui-ci semble encore un peu amer de sa défaite et ne semble pas avoir envie de s’arrêter là, elle n’est pas certaine de comprendre un jour l’égocentrisme masculin. pourquoi ne pas simplement faire demi-tour la tête haut pendant qu’il en est encore temps ? au lieu de jouer les abrutis provocateurs ici et de finir les visage écorché sur le bitume d’ici moins d’une minute ? du moins c’est ce que comme tous les autres spectateurs, elle pense. elle s’imagine qu’aran, son inconnu à la capuche en viendra très vite aux mains et aux poings, mais elle est surprise de le voir rester debout sans bouger, sans même serrer les dents, il est si calme qu’elle se demande même s’il entend, le bruit de la pluie couvre les chuchotis oui, mais clairement pas les piques de cet abruti. le brun a les yeux rivés sur elle et non sur son adversaire, elle hausse un sourcil, pourquoi donc ne fait-il rien ? elle se souvient encore de la scène du marqueur chez lui, elle l’avait à peine traité d’abruti qu’il avait empoigné sa mâchoire pour lui ordonner de ne jamais recommencer. elle ne l’imaginait pas avoir du sang froid, de la patience, elle pensait qu’il se jetterait sur lui, comme il s’était jeté sur elle puisqu’il était évident à sa tête que son genre n’était pas de s’en prendre qu’aux gamines fragiles, mais à tous ceux qui avaient envie de l’emmerder. est-ce qu’aran connaissait la peur ? est-ce qu’il connaissait la douleur ? elle planta ses dents dans la chaire de sa lèvre inférieure en le jaugeant comme elle pouvait, l’eau ruisselait sur ses cheveux dorés, sur son visage de poupée et elle était presque aveugle. plus personne ne regardait le combat, tout le monde se fichait bien d’une bagarre organisée quand une vraie menaçait d’exploser. elle comprit qu’il ferait que dalle parce que ce n’est pas vraiment lui qu’on insultait, mais que c’était elle que le type était en train de salir. « alors ça va pas te gêner si je me sers ? » elle roule des yeux exaspérée qu’on puisse penser qu’elle se serait laisser tringler par lui. elle ne ressemble en rien à une catin avec ses vêtements troués, ses chaussures bousillées, mais le gars semble s’en foutre complètement, il serait capable de tout pour faire enrager son adversaire de tout à l’heure. dommage pour lui, il a choisit la mauvaise cible car pour aran, leo n’est rien. juste une bonne action qu’il regrette déjà. elle décide qu’elle en a assez vu, qu’il est  temps de quitter les lieux avant de s’attirer des ennuis pour de vrai, mais au lieu de reculer, elle s’avance. pas question de montrer qu’elle l’appréhende encore un peu son inconnu, elle passe devant lui son épaule frappe dans le bras, leurs yeux se croisent brièvement. les gens s'écartent alors qu’elle continue d’avancer pour s’en aller, comme s’ils avaient peur de ce qui allait suivre, alors qu’il est clair que la fête est terminée.

est-ce qu'il recommencerait à vouloir la sauver si le danger se pointait face à elle ? il se pose la question en épiant le regard menaçant de son rival, le visage écorché par ses propres phalanges. il fait peur à voir, redevient l'adversaire d'auparavant en affrontant le bête d'une énième attaque, légèrement plus subtil. Est-ce que ça lui fait quelque chose, de la voir coller contre lui la sueur débordante de tous ses pores avec ce regard lubrique ? Il n'a pas la réponse, comprenant juste que son corps répondait à sa place. ses poings s'étaient serrés de nouveau, parés pour réagir dans un excès de colère certain, les sourcils froncés, l'âme du tueur relevée au grand jour. sa peau répond à sa place, se raidit dans sa nuque alors qu'il fait craquer ses doigts mécaniquement. la gamine se sépare alors de son bourreau, excédée, mais étonnant pas si apeurée qu'il ne le pensait. elle avance juste, dans sa direction, croisant son regard un court instant avant de parcourir quelques mètres. un contact rapide, l'épaule fragile contre son bras, action qui le fit descendre la vague de colère instantanément. elle part encore, sans rien dire. sauf que l'homme n'est pas en reste, bouillonne certainement de l'avoir laissé filer aussi rapidement, alors il avance dans sa direction trop rapidement et aran frappe le dernier coup. son poing s'enfonce d'un coup rapide et violent au milieu de son abdomen. l'effet est direct et brusque, l'homme s'étouffe et crache un jet de sang en direction du sol. la vitesse de sa course aura eu raison de l'impact trop brutale pour être évité. aran sert le poing endolori par l'attaque avant de jeter un regard vers le combattant à terre; il préfère ne rien dire, admirer le spectacle que la haine propose à ses spectateurs. il le regarde et pense dans la seconde à lui crever les yeux alors qu'il est en position de faiblesse , au sol et seul. aucune des personnes ne viendra l'aider, lui aboi des injures à peine audible à son égard, mais il préfère ne pas entendre. finalement, il a abdiquer face à ce côté protecteur qui grondait dans le fond de ses entrailles, il n'a pas du tourner les yeux face à l'innocence et au danger qui la guettait. il n'a pas su rester le rustre qu'il est, encore une fois, prendre l'action d'assaut. alors, il tourne les talons pour retrouver le chemin de la gamine, se postant à ses côtés avant de s'empresser d'agripper son bras pour l'emmener loin de la foule. ses doigts se serrent difficilement tandis que la froideur de son visage ne faiblit pas, toujours cette colère constante qui l'inonde à laquelle elle devra faire face maintenant. « pourquoi t'es ici hein ? pourquoi t'es pas retourné d'où tu venais ? » ce quartier usé n'a rien de fréquentable et elle devrait s'en méfier, le loup grogne pour la dissuader de rester dans ces rues si ce n'est pas chez lui qu'elle trouvera la paix. il sent au fond de lui qu'elle s'en fou, voit bien que son comportement ressemble vaguement au fantôme oublié depuis longtemps, presque aucune peur, prête à affronter ou à céder face au diable.

elle est déjà trop loin quand il porte le coup fatal. celui qui fait s’écrouler le bourreau au sol aux côtés de son reste de dignité. elle ne voit pas qu’il la défend et même si ses yeux avaient suivi la scène, elle n’en aurait rien eu à faire. parce qu’elle a comprit ce qu’elle était pour l’inconnu à la capuche, parce que tout le monde dans sa vie en a un jour une. une cause à défendre, une cause à sauver. voilà ce qu’elle est pour aran. elle ne le blâme pas pour ça, elle ne le blâme pas d’avoir envie d’essayer. elle est pas certaine qu’il sache lui-même ce qu’il veut d’elle, mais dans des moments de la vie où on se sent perdu nous-même, on cherche quelque chose à laquelle se raccrocher. et leo sait que c’est ce qu’elle est à aran en ce moment, une distraction, un divertissement, ce qu’elle ne sait pas c’est qu’elle fera la même chose avec le chat celui qui l’attend là-bas près de sa couche. ce qu’elle ne sait pas c’est que parfois certaines personnes sont bonnes pour nous. et même si dans sa vie, elle n’a eu à faire qu’à des gens qui voulaient la faire tomber, la roue tourne, les choses changent. mais aujourd’hui, la gamine a pas envie d’être secourue, elle se fiche d’être à l’abri et de manger à sa faim, si pour ça elle doit vivre au dépend de quelqu’un, tout ce qu’elle veut c’est qu’il lui fiche la paix, mais leurs destins semblent liés et refusent de les séparer. pourquoi faut-il qu’elle l’ai croisé ce soir ? elle qui n’aurait jamais du le revoir. elle s’est enfuie de chez lui pour une bonne raison, parce que s’échapper est sa solution. elle marche depuis moins d’une minute dans les rues de night falls pour aller aussi loin possible du regroupement quand un bruit la fait sursauter, elle se tourne pour faire face à l’obscurité, la faible lumière des lampadaires n’est d’aucune utilité. la pluie s’est un peu arrêtée, elle peut voir à travers les gouttes d’eaux maintenant. elle prie pour que ce soit pas le gars de tout à l’heure, qu’il mette pas sa menace à exécution. mais c’est lui. encore. son regard dur qui la jauge comme si c’était une imbécile, sa main qui s’enroule autour de son poignet, qui la tire plus loin encore. pour que plus personne n’ait les yeux sur eux. « pourquoi t’es ici hein ? pourquoi t’es pas retournée d’où tu venais ? » un sourire fugace passe sur le visage de la gamine, est-ce qu’il se fiche d’elle ? il semble sincèrement tourmenté par sa présence, mais sa question n’a aucun sens. elle sort son crayon et son carnet du fond de sa poche pour écrire rageusement. « retourner d’où je viens ? c’est pour ne jamais espérer y remettre les pieds que je dors dans la rue. » elle ajoute «  connard. » et le raye aussitôt ce qui n’empêche qu’il a lu. « qu’est-ce que tu me veux putain ? il est tard, tu devrais pas être au lit ? »

son regard d'enfant sauvage, les gouttes ruisselants le long de son visage, elle lui paraît trop effacée par la pluie, presque invisible aux yeux des autres. mais il ne sait pas pourquoi aran, lui, il la voit, la regarde tout le temps et s'impose dans son champ de vision à chaque fois. il ne s'en excuse pas, mais il s'en mord déjà les doigts. il s'est toujours laissé attirer par la misère dont il a été lui même acteur et le fait qu'elle soit si jeune, peut-être est-ce juste ce détail qui l'empêche de s'en détacher. ça le bouffe et rend ses réactions trop incertaines, sa main trop rustre enferme son poignet trop violemment. réapparaît près d'elle dans le but de lui faire peur probablement. il veut qu'elle s'en aille, s'évapore littéralement de son environnement, pour qu'il n'ait plus à faire cela, pour que cette envie de protection inassumée disparaisse enfin et que ses affaires personnels n'en pâtissent pas. parce que oui, ce lien apparu de nulle par n'a eu de cesse de combler le vide de ses pensées. il a essayé de s'en foutre en ignorant les messages encore gravés sur ses murs, son prénom, un "merci" et plus rien d'autre ne rappelant son existence. il savait qu'elle se trouvait encore dans la ville, à pensé quelques secondes à tenter de la retrouver, mais à quoi bon ? la volonté de ne pas vouloir se faire aider est un mélange de courage et de stupidité. elle est trop jeune pour tout comprendre, paraît trop naïve pour voir le danger rôder. si il n'était pas intervenu face à la vengeance qui se précipitait sur elle, il ne l'aurait jamais revu. cette sensation de frustration est immense face à la barrière en béton qu'elle se force à montrer à qui la regardera. pourtant, il force la main, provoque instantanément leur rencontre. sa main se dérobe à son emprise, lui laissant le soin d'écrire sur ses précieuses feuilles. l'écriture est rapide, sa colère se transcrit par une certaine force dans ses lettres manuscrites. aran lit de travers, fronce les sourcils en voyant l'insulte et les questions moqueuses qu'elle ose écrire. « t'es qu'une putain de folle sérieux » la rage l'inonde et provoque toujours plus la bête sauvage grondant en lui. il constate encore que sa préférence reste du côté de la rue, malgré la pluie, malgré le gite qu'il lui a offert sans contrepartie. « tu préfères rester muette, mourir de froid sous la pluie, m'emmerder à noircir tes pages en me demandant ce que je fais ici ? t'en as rien à foutre, sinon tu ne te serais jamais barrée » ses mains parlent en appuyant ses paroles, des gestes amples et brusques, et son visage qui exprime toute l'obscurité de l'homme au cœur ravagé. il continue de lui parler, même si il voit la cause perdue dans ses yeux. il arrive à respirer, souffle quelques secondes en posant ses mains sur son visage avant de la regarder encore. « tu rentres avec moi » il en décidera ainsi, sans lui laisser le choix, une énième pulsion qui le pousse à prendre une décision non sans conséquence et qu'importe son avis. sa poigne retrouve son emprise, encercle son coude rachitique pour la pousser à avancer dans la direction souhaitée.

elle se sent un peu idiote de le provoquer leo à cet instant, parce qu’il est plus âgé qu’elle de presque dix ans sûrement premièrement et aussi parce qu’il a l’air en colère. pas le genre de colère qu’on peut estomper avec un sourire ou un pardon maladroit, celle qui éclate brusquement et qui fait des gros dégâts. elle a déjà était victime de sa colère une fois, mais apparemment la leçon ne lui a pas suffise, les bleus sur sa mâchoire non plus, d’habitude la gamine elle est pas comme ça, elle fait pas la maligne à tout bout de champ, au contraire elle baisse la tête et elle avance, les problèmes et les gens elle les fuit comme la peste. mais lui bon sang, il est trop agaçant pour que son mécanisme de défense habituelle fonctionne. leurs yeux se croisent quand elle a finit de griffonner sur son carnet et elle voit que le résultat de ses mots est pire sur l’humeur de son inconnu à la capuche,  il a les lèvres pincées, les yeux fous, il se retient de lui exploser à la gueule. le sourire de la blonde s’efface, une brève tentative pour apaiser la tension qui crépite entre eux. la voix d’aran rompt le silence. « t’es qu’une putain de folle sérieux. » sa bouche forme un o sous le coup de la surprise, mais elle mérite peut-être de se faire insulter à son tour et puis c’est pas totalement faux qu’elle est pas nette dans sa tête, alors elle laisse couler. « tu préfères rester muette, mourir de froid sous la pluie, m’emmerder à noircir tes pages en me demandant ce que je fais ici ? t’en as rien à foutre, sinon tu te serais jamais barrée. » il disait ça comme une foutue accusation et elle comprenait pas trop, elle lui avait rien demandait pourquoi en aurait-elle donc quelque chose à foutre de sa gueule à lui ? elle écrit encore : « qu’est-ce que t’en sais que je suis pas muette pour de vrai ? » bah ouais, abruti, elle a jamais dit qu’elle savait parler. « et c’est toi qui m’emmerde à venir me chercher ou que je sois, dégage. pas besoin de toi. » elle ment comme elle respire la gamine. elle sait qu’elle a besoin des autres pour survivre. et putain, c’est le pire sentiment du monde. il semble se foutre éperdument de ce qu’elle est en train de lui dire, même pas certaine qu’il ai lu un traitre de mot de ce qu’elle a griffonner sur le papier cette fois. ce type n’a vraiment aucune foutue logique. « tu rentres avec moi. » il lâche soudain. une bombe dans l’esprit de leo. elle veut écrire rentrer avec toi ?? mais déjà il prend son bras et l’oblige à marcher, elle en fait tomber son stylo. elle appuie sur ses talons pour freiner, elle tord le bras, elle tente de se détacher avec l’autre, mais sa prise est ferme. elle est frêle, faible. il est imposant, fort. ses tentatives de s’échapper le foute en rogne plus que jamais et elle se retrouve sur ses épaules, la tête dans son dos, elle le frappe comme elle peut, mais rien ne le fait céder. alors qu’elle reconnait le chemin qui mène à son immeuble. elle prend une grande inspiration, ferme les yeux et puis elle se met à hurler.

ça lui vient sans raison apparemment, un coup de tête qui l'engage dans un sentier dangereux. une énième prise de décision trop attife et désordonnée. ça n'a aucun sens, qu'il la traine par le bras dans la ville pour la forcer à aller chez lui. il ne réfléchis plus, exécute avec impulsivité cet ordre de dernier instant. sa main se bloque, ne se délie plus de son emprise pour ne lui laisser aucunes chances. et elle le sent bien, tente en vain de se séparer du bourreau enchainé à ses idées et le volcan en éruption se déversant sur elle. il sent ses bras se débattre, pousser, frapper sur sa peau déjà cabossée, insensible depuis un bout de temps. la gamine s'acharne comme un chaton en cage, plantant ses griffes pour déchiqueter la peau, tout tenter pour échapper à la sentence qu'il avait prévu pour elle. une manière étrange de prouver qu'il commence à s'y intéresser à cette fille déchue, mais pas de la même façon que les autres filles. c'est peut-être à cause de nevan, depuis leur rencontre, depuis la pression constante que sa présence lui insuffle au quotidien. il ne trouve plus rien chez les autres, malgré les tentatives inavouables de vouloir en finir avec cette obsession. non, leo provoque un tout autre sentiment chez lui, quelque chose qu'il ne veut pas définir pour le moment, des maux qu'il s'interdit de ressentir sûrement. alors qu'elle continue ses attaques, pour terminer accrocher à son dos, il arrive à canaliser son bras, mais pas le reste, gardant le cap et avançant malgré les difficultés qu'elle lui assène de tous les côtés. son impulsivité gagne du terrain, l'empêchant de raisonner avec autres choses que ses mains, la violence. comme toutes les autres, elle va devoir obéir à celui qui reste un meneur de troupeau, animé par ce désir infecte de toute puissance.  il a remarqué son stylo tomber dans la course, sans vouloir le récupérer, encore cette histoire de stylo de merde. encore un voile de plus entre eux qui l'empêche d'en savoir plus, de le sentir plus docile. leo se terre devant ses yeux grâce à son mutisme et à ses gestes sans contrôle. sauf qu'il en a assez de la regarder écrire, attendre qu'il daigne lui faire comprendre ses pensées alors que finalement elle pourrait parler. c'est bien ce qu'elle a écrit après tout ? « qu’est-ce que t’en sais que je suis pas muette pour de vrai ? » maintenant il le sait, et ça ne fait qu'amplifier sa colère. ils sont trop proches pour revenir en arrière, encore trop loin pour se sentir à l'abri des regards, et le vent qui commence à changer. elle cesse ses mouvements avant qu'il ne sente ses bras se raidir pour finalement lui laisser entendre le son de sa voix. elle crie, prête à s'étouffer, et aran se retourner, surprit par l'assaut faisant trembler ses tympans. il a le réflexe de lâcher sa prise avant de coller sa main contre sa bouche d'un geste brutal et instinctif. même si cela ne l'empêchera pas de hurler, le bruit s'étouffera pour ne pas voir apparaître les habitants perchés sur leurs balcons. il la pousse vers le mur pour bloquer ses mouvements alors qu'il ne peut s'empêcher de sourire : « tiens ça y est, tu l'ouvres » chuchote t-il d'un air satisfait. son bras calé contre sa poitrine pour empêcher les siens de bouger, il reste en position de force face à la frêle gamine.  « le soucis c'est ce que t'as pas le choix » au moins pour cette nuit, peut-être pour d'autres, mais réfléchis ma grande, pour une fois, essaie de faire un truc censé et devient plus docile qu'un chat de salon.