oops je l'ai touché dans l'cœur (lils)

- la tête tournée vers les étoiles -
- eh ben voilà, on l'a finalement chopé, la p'tite reinhold !
- putain boss, c'est jouissif d'la voir en cage.

tu peux pas t'empêcher d'rouler des yeux. c'est la première fois qu't'es en garde à vue, et les deux cons face à toi en ont l'air ravis. tu t'y attendais, d'toute façon, à finir un jour ou l'autre derrière les barreaux. ça fait des mois qu'ils essayent d'te choper, peu importe la raison. ils te haïssent, d'toute façon, ces deux blaireaux. mais ça t'gêne pas, toi, d'être là. tu t'en branles. ici ou dans la rue, c'est du pareil au même, pas vrai lils ? t'imagines déjà la tête des kastors quand ils le sauront demain. ça aussi, c'est jouissif, d'ailleurs. maintenant que t'es coincée, t'as plus qu'à réfléchir, hein ? en attendant papa, qui te sauvera, comme il l'a toujours fait. toute ta vie t'as eu cette bonne étoile ; l'argent d'papa, et lui, dingue d'sa fille, prêt à tout pour la sortir d'la merde. alors, ouais, évidemment, t'en as fais des conneries, toi, c'était ton dada, même, d'te foutre dans la merde. ça l'est toujours. ça l'sera probablement toujours, d'ailleurs. à quinze ans, pour la première fois, t'as découvert marie-jeanne. fut une période où t'as plongée dans pire, inutile d'le cacher, et t'étais bien contente d'avoir la black card des reinhold pour t'payer tes lignes. oh évidemment, même enfant, t'en as fais, d'la merde. principalement des caprices, parce que c'était de ton âge, puis ça a augmenté, graduellement. et tu vois où tu finis, hein, lils ? quelle évolution, dit donc. passer d'lancer des boulettes de papiers mâchés sur tes profs à finir dans une cage, t'as d'quoi être fière d'toi.

- où est-elle ?
- monsieur reinhold. votre fille est en garde à vue, elle ne peut pas sortir pour le moment.
- vous n'avez pas bien l'air de comprendre la situation. elle ne restera pas ici, peu importe ce que vous en dîtes. faites la sortir.

et comme toujours, papa vient te sauver, hein, lils ? l'avantage d'avoir de l'argent. mais t'en fais pas, lils, un jour, ça t'tombera dessus. un jour t'en prendra pleins la gueule, un jour papa pourra pas t'sauver. des gosses comme toi, y'en a toujours eu, y'en aura toujours, mais sache le, lils : ça finit rarement bien.


vingt-deux piges mais t'as jamais grandis, t'es comme peter pan, t'es encore une enfant dans ta tête. barbante et saoulante, t'es inattendue en fait, pourtant on dirait pas quand on te voit comme ça. t'as l'air gentille, un peu snob peut-être, abrutie par l'argent et la culture. la digne fille d'son père, certains ont eu l'faible espoir qu'tu reprennes le cabinet reinhold & co. mais toi tu f'ras jamais ça, tu veux pas marcher dans les traces du padre, tu t'en fiches toi d'la loi. la seule chose qui compte, c'est tes potes, c'est ta beuh, ta drogue, ton rap. les réseaux sociaux, un peu, aussi. rien d'fou, c'est certain, mais ça t'suffit. résultat, on t'aime ou on t'déteste, c'est au choix. mais en vrai, c'que les autres pensent de toi, ça t'intéresse pas totalement.


t'as r'joins les kastors. après ton début de nuit en gav, et le reste dans ton lit, t'as un espèce de sourire narquois aux lèvres, après tout ça te fait une histoire croustillante, un truc qui t'servira à impressionner les foules au fond. parce qu'au final ce sont les seuls dont l'avis t'intéresse, les seuls que tu cherches à impressionner, d'une manière ou d'une autre. parce que t'as jamais été assez, lils. jamais été à leur niveau. t'as toujours essayé, du plus profond d'ton âme, d'tout c'que t'as, toujours essayé d'rentrer dans la bande, d'y avoir ta place, mais t'as jamais réussi vraiment fin, t'avais pas l'profil type. tu l'sais, t'en as conscience, t'aurai juste voulu avoir ta chance, comme tout l'monde. aujourd'hui t'as bien l'intention qu'les choses changent ceci dit, les évènements d'hier soir ont tout changés pour toi et t'es certaine qu'cette fois c'est bon, ils comprendront qu'tu rigoles pas. en soit, les kastors sont déjà tes amis, c'est ceux avec qui t'es tout l'temps, tu passes littéralement toute tes journées avec eux. tu fais juste pas partie d'leur coups, pas partie d'leurs meilleures soirées. parfois tu te sens un peu comme le boulet de service, et c'est très sûrement le cas, on va pas se mentir. même si tu sais qu'au fond, ils t'apprécient, hein ?

- salut les gars.
- tiens, deli, tu tombes bien. t'aurais pas 50 balles à dépanne ?

est-ce que t'es triste qu'on t'calcule juste pour te taxer d'l'argent ? ouais, clairement. alors encore une fois, tu diras rien; tu parleras pas d'ton bout d'nuit en taule, tu parleras pas d'la tristesse qui t'habites quand tu vois à quel point t'as peu d'importance pour eux. nop, lils, tu vas pas parler d'tout ça; pas encore.